« Ella Shohat » : différence entre les versions

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Elle écrit dans le préambule de l'un de ses ouvrages : {{Citation|Je suis née en [[Israël]] de parents juifs qui avaient dû quitter l'[[Irak]], après des années de formation passées à Bagdad. Nous parlions l'[[arabe]] à la maison, mais mes frères et sœurs, comme moi-même, avons été scolarisés en [[hébreu]]<ref>''Le sionisme du point de vue de ses victimes juives: les juifs orientaux en Israel'' (première édition en 1988) La Fabrique éditions, Paris, 2006, p.7, lire en ligne : [http://lafabrique.fr/wp-content/uploads/2017/05/pdf_Sionisme.pdf].</ref>}}. {{Citation|J'ai grandi parmi des gens qui, du fait de leur déracinement brutal, de la disparition de leurs repères, éprouvaient le sentiment d'une immense perte. Je crois avoir vécu, observé et intériorisé leur douleur, et mon travail sur l'oppression des [[séfarades]]/[[Juifs Mizrahim|misrahim]] est en quelque sorte une traduction, une façon de faire passer en mots la peine de mes parents et de ma famille, de donner une voix à ce sentiment de perte<ref>Ella Shohat, ''Le sionisme du point de vue de ses victimes juives: les juifs orientaux en Israel'' (première édition en 1988) La Fabrique éditions, Paris, 2006, p.7-8, lire en ligne : [http://lafabrique.fr/wp-content/uploads/2017/05/pdf_Sionisme.pdf].</ref>}}.
 
Elle explique son départ d'Israël pour les [[États-Unis]], où elle a préparé sa thèse de doctorat, en ces termes : {{Citation|il était clair à mes yeux que le milieu universitaire [[israélien]] tolèrerait difficilement le genre de critique que j'essayais de développer<ref>E. Shohat ''Le sionisme du point de vue de ses victimes juives: les juifs orientaux en Israel'' (première édition en 1988), La Fabrique éditions, Paris, 2006, p.7.</ref>}}.
 
== Thèmes de recherche ==
Elle a publié de nombreux ouvrages et articles sur des sujets très variés traitant des interactions entre le [[sexe]], le [[post-colonialisme]], le [[multiculturalisme]], le discours [[sionisme|sioniste]], les rapports entre les concepts d’[[Arabe]], de [[Juif]] et de [[Juif oriental]]. Elle se définit elle-même comme [[Juifs arabes|juive arabe]]<ref> ''Le sionisme du point de vue de ses victimes juives: les juifs orientaux en Israel'' (première édition en 1988, La Fabrique éditions, Paris, 2006), préambule</ref>.
 
Dans plusieurs de ses travaux, Ella Shohat s'inscrit dans la [[Post-colonialisme|pensée postcoloniale]]. "La publication en 1988 de l’article d’Ella Shohat, « Sephardim in Israel : Zionism from the Standpoint of Its Jewish Victims », permet d’aborder le colonialisme israélien à partir d’un point de vue largement ignoré jusque-là : celui des [[Juifs Mizrahim|Juifs Misrahim]] (juifs orientaux). Inspirée par les écrits d’[[Edward Saïd]] et [[Frantz Fanon|Franz Fanon]], E. Shohat s’attaque au regard [[Orientalisme scientifique|orientaliste]] que portent les élites [[ashkénazes]] israéliennes sur les Juifs orientaux qui, comme catégorie médiatrice, combinent la judaïté et l’arabité. Ce faisant, Ella Shohat remet en cause plusieurs des catégories binaires (Juifs vs Arabes, Orient vs Occident, moderne vs primitif, civilisé vs barbare, etc.) par lesquelles se pense la culture israélienne<ref>Michaël Séguin, « Conceptualiser la colonialité d’Israël : retour sur la trajectoire d’une analyse polémique », ''Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique'' [En ligne], 131 | 2016, mis en ligne le 01 avril 2016, consulté le 17 août 2017. URL : http://chrhc.revues.org/5192 </ref>". E. Shohat par cette analyse veut "déconstruire les catégories coloniales par lesquelles se pense le [[sionisme]], et identifier les positions subalternes qu’engendre ce discours au sein même de la société israélienne<ref>Michaël Séguin, « Conceptualiser la colonialité d’Israël : retour sur la trajectoire d’une analyse polémique », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique [En ligne], 131 | 2016, mis en ligne le 01 avril 2016, consulté le 17 août 2017. URL : http://chrhc.revues.org/5192 </ref>", en particulier la position d'infériorité assignée aux [[juifs orientaux]] en Israël.
 
"En niant aux [[juifs arabes]] tout droit à l’autoreprésentation en [[Israël]], on les assimila faussement à des êtres quasi primitifs, cantonnés dans des traditions et un folklore dépassés, n’ayant reçu aucune éducation valable ni vécu aucun contact avec la technologie et la modernité. On les accusait, de façon tout à fait orientaliste, de participer à l’infériorité, voire à la bestialité de la culture musulmane. Conséquemment, pour les élites [[ashkénazes]], la vie dans les pays arabes des Misrahim n’était qu’une préhistoire. L’histoire, la vraie, ne débutait qu’après la « montée » en Israël. Une fois à Sion, un processus brutal de désarabisation et de sionisation attendait les [[Juifs arabes]], d’avance condamnés à la périphérie sociale et à la dépendance économique après avoir été ainsi « secourus »<ref>Ella Shohat, ''Le Sionisme du point de vue.''.., cité dans Michaël Séguin, « Conceptualiser la colonialité d’Israël : retour sur la trajectoire d’une analyse polémique », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique [En ligne], 131 | 2016, mis en ligne le 01 avril 2016, consulté le 17 août 2017. URL : http://chrhc.revues.org/5192</ref>". Cette voie, ouverte par Ella Shohat, fut suivie de nombreux chercheurs comme [[Yehouda Shenhav]],dans ''The Arab Jews : A Postcolonial Reading of Nationalism, Religion, and Ethnicity'', 2006 ; Aziza Khazzoom, dans « The Great Chain of Orientalism : Jewish Identity, Stigma Management and Ethnic Exclusion in Israel » (''American Sociological Review'', vol. 68, n° 4, 2003, p. 481-510) ; Gabriel Piterberg, dans « Domestic Orientalism : The Representation of ‘Oriental’ Jews in Zionist/Israeli Historiography » (''British Journal of Middle Eastern Studies'', vol. 23, n° 2, 1996, p. 125-145).
 
== Publications ==
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