Cimaise

moulure en architecture, ou boiserie décorative en ébénisterie

« Cimaise » (du lat. class. cymatium, terme d'architecture[1] [cimatium (Alberti), ou cimacium (Scamozzi)[2] lui-même dérivé du grec ancien κυμάτιον, dérivé de κύμα « vague, onde », ainsi dit parce que la cimaise forme une sorte d’ondulation) désigne :

Fronton brisé, dont les rampants (versants ou pans) sont surmontés d'une cimaise.
Cimaise, ( Gravure Antonin Raguenet, 1872)
Cimaise (Gravure Antonin Raguenet, 1872)

En architecture

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En architecture, la cimaise est une moulure constituant le haut d'une corniche. Elle est généralement constituée de deux courbes en forme de S[3].

Vitruve distingue deux sortes de cimaises, la dorique et la lesbienne correspondant à ce que l'on appelait autrefois la gueule droite et la gueule renversée (doucine et talon)[4].

En ébénisterie

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La cimaise est une boiserie décorative profilée en corps de moulures[4].

On distingue trois types de cimaises en ébénisterie :

  • la cimaise à tableaux ou cimaise d’exposition : historiquement, c'est une moulure en bois se positionnant près du plafond. Sur son profil sont suspendus des crochets, tiges, tringles, fils perlon ou câbles acier équipés de crochets, pour recevoir les tableaux et cadres. Aujourd'hui, ce profil est le plus souvent en aluminium ou en acier ;
  • la cimaise à fauteuil, parfois appelée appui-chaise (en) : se pose à une hauteur comprise entre 85 et 100 cm (32 et 36") depuis le sol, correspondant généralement au tiers inférieur du mur. Elle protège le mur des frottements des dossiers de chaises ;
  • la cimaise à lambris : termine ce dernier en masquant les découpes des panneaux lambrissés. Il n'y a pas de hauteur standard pour la fixer. Elle peut aussi être utilisée pour couvrir les bordures des tapisseries.

La cimaise à fauteuils et la cimaise à lambris sont souvent utilisées pour faire la jonction entre deux matériaux d'un même mur et cacher le « joint de construction » : généralement placée à hauteur d'appui, elle délimite la partie de soubassement peinte, lambrissée ou boisée de la partie supérieure recouverte le plus souvent de papier ou d'étoffe.

Un intérieur lambrissé a typiquement comme moulure : la plinthe (ou le stylobate) et l'appui-chaise qui délimitent le lambris d'appui s'arrêtant à « hauteur d'appui » et à partir duquel commence soit la peinture, soit la tenture en papier ou en étoffe qui recouvre la partie supérieure du mur ; le lambris de demi-revêtement (montant plus haut que la « hauteur d'appui » mais moins haut que le sommet du mur) est couronné par une cimaise (la corniche moulurant alors le plafond) ; le lambris de hauteur (montant jusqu'au plafond) couronné par une corniche[5].

En muséographie

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Cimaise avec crochets pour l'accroche des tableaux.

Par métonymie avec la cimaise à tableaux, on appelle « cimaise » le mur ou le panneau auquel est accroché un cadre ou un tableau dans une galerie ou un musée. Aujourd'hui on appelle aussi cimaise l'ensemble du dispositif permettant d'agencer les supports d'une toile sur un mur sans perforer ce dernier de crochets ou pitons[4].

Ce sens est à l'origine des expressions concernant le désir des peintres d'être exposés sur la cimaise, à hauteur d'appui, bien en vue : « avoir les honneurs de la cimaise » (exposer) ou « Quoi de neuf sur les cimaises ? » (quelle exposition voir en ce moment ?).

En grande distribution

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La cimaise est une étiquette électronique fixée sur une tablette dans les rayons des hypermarchés ou supermarchés de la grande distribution, permettant l'affichage d'informations telles que : le prix total, le prix au litre ou kilogramme, le gencode ou le code à barre, etc. d'un produit en vente.

Anecdote littéraire

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On doit à Raymond Queneau une réécriture de la fable de la Fontaine La Cigale et la Fourmi, intitulée La Cimaise et la Fraction, selon la méthode S+7 de Jean Lescure, en recherchant dans le dictionnaire chaque nom, verbe, adjectif ou adverbe et en le remplaçant dans le texte par le septième nom, verbe, adjectif ou adverbe qu'on trouvera après lui en suivant l'ordre du dictionnaire[6].

Références

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  1. Informations lexicographiques et étymologiques de « Cimaise » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
  2. Archaeological Institute of America, American Journal of Archaeology, 2e série, vol. 10, 1906, p. 285.
  3. Cimaise et Cymaise d'après le dictionnaire de J. Justin Storck.
  4. a b et c « Cimaise », sur cosmovisions.com (consulté le ).
  5. Jean-Pierre Néraudau, Dictionnaire d'histoire de l'art, Paris, PUF, (ISBN 978-2130385844), p. 292.
  6. « Raymond Queneau », sur alalettre.com (consulté le ).

Annexes

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Articles connexes

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