Jean Luchaire

journaliste et homme politique collaborationniste français

Jean Louis Gabriel Luchaire est un journaliste et patron de presse français, né le à Sienne (Italie) et mort fusillé le au fort de Châtillon. Son nom reste associé à la politique collaborationniste en raison de son rôle sous l'Occupation, après avoir été pacifiste dans l'entre-deux-guerres.

Jean Luchaire
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Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Jean Louis Gabriel LuchaireVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Père
Mère
Fernande Dauriac (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Françoise Besnard (d) (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Parentèle
Françoise Tourmen (petite-fille)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Condamnation

Biographie

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Il est le fils de l'écrivain Julien Luchaire et le petit-fils, par sa mère l'éditrice Fernande Dauriac, du philosophe Lionel Dauriac. Il est le filleul du banquier Horace Finaly.

Il épouse, en , Françoise Besnard (1903-1998), fille du peintre Robert Besnard. De ce mariage naîtront cinq enfants : Corinne (1921-1950), comédienne, Robert (1922-1998), décorateur de cinéma, Monique (1925), Florence (1926-1982), actrice et ballerine, et Jean-François (1929), mort à la naissance.

Jean Luchaire collectionna les aventures féminines, notamment avec des actrices comme Marie Bell, Josseline Gaël, Geneviève Boucher-Fath, Monique Joyce, Mireille Balin, Yvette Lebon et Madeleine Sacquard, alias Maud Sacquard de Belleroche.

Un promoteur des relations franco-allemandes

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Après avoir assisté à la montée du fascisme en Italie, il se consacre au journalisme en France. Il s'oppose au traité de Versailles qu'il juge injuste pour l'Allemagne. Homme de gauche, Luchaire se fait très tôt le promoteur d'un rapprochement entre la France et l'Allemagne. C'est dans cette perspective qu'il soutient la politique extérieure de la France patronale[Quoi ?] entreprise par Aristide Briand[1]. De même en 1932, il apporte son soutien à Léon Blum.

Il fonde, en 1927, le mensuel Notre temps qui appuie une forme de pacifisme raisonné et constructif.

L'historien Pascal Ory explique : « Un futur collaborationniste comme Jean Luchaire est clairement un héritier d'Aristide Briand »[2].

Du pacifisme à la collaboration

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En 1930, Luchaire fait la connaissance d'Otto Abetz, alors social-démocrate[2], et noue avec lui une amitié durable. En liaison avec ce dernier, l'équipe de Notre temps participe aux rencontres franco-allemandes du Sohlberg en Forêt-Noire (juillet-), de Rethel dans les Ardennes () et de Mayence ()[3]. Ces rencontres donnent naissance au Comité d'entente des jeunesses pour le rapprochement franco-allemand, présidé par Jean Luchaire. Malgré le changement de régime intervenu en Allemagne, Luchaire s'obstine dans la conviction que l’établissement d’une paix définitive passe par une politique de conciliation entre les deux pays. Il écrit en 1933 : « Européens, nous devons traiter avec les gouvernements européens quels qu'ils soient. [...] Stresemann était plus sympathique qu'Hitler mais Hitler, c'est l'Allemagne. [...] Au surplus, ce qui compte essentiellement à nos yeux, c'est la paix. La liberté n'est le plus précieux des biens qu'à condition de vivre[4] ».

L'Occupation

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Une du journal collaborationniste Les Nouveaux Temps fondé par Jean Luchaire, paru le .

La défaite de la France dans la bataille de 1940 rapproche encore davantage Luchaire et Abetz, devenu alors ambassadeur du Troisième Reich à Paris. En , Luchaire fonde le journal collaborationniste Les Nouveaux Temps et occupe dès lors une place considérable dans la presse parisienne. Fidèle au gouvernement de Vichy, il devient le président de l'Association de la presse parisienne, en 1941, et préside la Corporation nationale de la presse française, organisme qui, d'une part, en imposant à tous les petits journaux moyennant finances un éditeur de presse du clan Luchaire, et, d'autre part, en étant contrôlé par un commissaire du gouvernement qui n'est autre que Jean Luchaire lui-même, concentra entre ses mains le contrôle idéologique de toute la presse collaborationniste en zone occupée[5].

Deux jours après l'exécution de Georges Mandel (), il signe (avec l'amiral Platon, Déat, Brinon, etc.) une déclaration commune (dite « appel des 29 ») auprès de Pétain, visant à remettre en cause Pierre Laval, qu'ils jugent trop tiède face à l'offensive anglo-américaine en Normandie, et demandant un gouvernement formé de « personnalités indiscutables ».

Quelques jours avant la libération de Paris (), il se réfugie, en compagnie de Marcel Déat et de Fernand de Brinon, à Sigmaringen, où Philippe Pétain a été emmené par les Allemands[6]. Il est nommé commissaire à l'Information au sein de la Commission gouvernementale pour la défense des intérêts français, présidée par Fernand de Brinon. Directeur du journal La France, quotidien en langue française destiné aux exilés de Sigmaringen, qui paraîtra jusqu'en , il dirige aussi une radio, Ici la France.

Lors de la défaite de l'Allemagne et de la chute du gouvernement en exil en avril 1945, il tente, sans succès, d'obtenir le droit d'asile politique au Liechtenstein et en Suisse avec sa famille et Marcel Déat. Il est arrêté par les Américains dans les Alpes italiennes, à Merano, à la mi-mai 1945 puis livré aux Français.

Ramené à Paris, il est traduit en justice pour collaboration avec l'ennemi devant la Haute Cour de justice en janvier 1946. Il est condamné à mort[7], malgré le témoignage en sa faveur d'Otto Abetz (qui écope de vingt ans de travaux forcés en 1949), et est exécuté le au fort de Châtillon, aux côtés d'un ancien inspecteur des RG[8].

Témoignages

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Contrairement à lui, son père Julien Luchaire choisit le camp de la Résistance. Julien Luchaire laisse un témoignage de son déchirement entre ses convictions et son fils dans un ouvrage intitulé Confession d'un Français moyen, dont le premier tome est publié en 1943, et le second en 1965.

Corinne Luchaire, comédienne et fille de Jean Luchaire, a publié quant à elle, juste avant sa mort prématurée en 1950, un ouvrage autobiographique (Ma drôle de vie, 1949) qui constitue un document intéressant sur sa situation de fille d'un personnage en vue de la collaboration.

Dans son autobiographie La nostalgie n'est plus ce qu'elle était, Simone Signoret évoque le souvenir de Jean Luchaire, dont elle a été la secrétaire.

Publications

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  • Les Rapports franco-italiens et la question yougoslave, Florence, Vita latina, Ligue latine de la jeunesse, 1919.
  • Problèmes du jour, Paris, A. Delpeuch, 1924.
  • Un plan de liquidation financière de la guerre. L'Évacuation rhénane par le règlement des réparations et des dettes interalliées, Paris, [?], 1928.
  • Une génération réaliste, Paris, Valois, Bibliothèque syndicaliste, 1929.
  • Les Anglais et nous. L'Action britannique contre la France jusqu'au , Paris, éditions du Livre moderne, 1941.
  • Partage du pouvoir, patrons et salariés, Paris, éditions Balzac, 1943.
  • De l'Union fédérale européenne à la réforme de l'État français, Paris, 86 rue Claude-Bernard, sans date.

Notes et références

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  1. Simon Epstein, Un paradoxe français, Albin Michel, pp. 160-161.
  2. a et b Blaise de Chabalier, « À gauche, la tentation du diable », Le Figaro, encart « Le Figaro et vous », samedi 9 / dimanche 10 décembre 2017, page 41.
  3. Barbara Lambaueur, Otto Abetz et les Français, ou l'Envers de la collaboration, Paris, Fayard, 2001.
  4. Jean Luchaire, « Meilleur climat européen », Notre temps, 26 mars 1933.
  5. Pascal Ory, les collaborateurs, Points/Histoire, Seuil, 1976, p. 77-78.
  6. Claude Lévy, Les Nouveaux Temps et l'Idéologie de la collaboration, Presses de la fondation nationale des sciences politiques, 1974, p. 224.
  7. , L'Époque, 22 janvier 1946, Bavard intarissable et sûr de lui, Luchaire se défend, Ibid., 23 janvier 1946, Luchaire, fatigué, ne sourit plus. Son ami Otto Abetz lui apporte le réconfort de son témoignage, Ibid., 24 janvier 1946, Luchaire est condamné à mort.
  8. « Jean Luchaire a été exécuté ce matin en compagnie d'un policier tortionnaire », Le Monde, 23 février 1946, L'Époque, 23 février 1946.

Annexes

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Bibliographie

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Sur son activité sous l'Occupation

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  • Claude Lévy, Les Nouveaux Temps et l'Idéologie de la collaboration, Librairie Armand Colin et Fondation Nationale des Sciences Politiques, 1974
  • Henry Rousso, Un château en Allemagne, Sigmaringen 1944-1945, Ramsay, 1980 (ISBN 2-85956-146-3). Réédité en 1999 sous le titre Pétain et la Fin de la collaboration : Sigmaringen 1944-1945, éditions Complexe (ISBN 2-87027-138-7)
  • Cédric Meletta, Jean Luchaire. l'enfant perdu des années sombres (1901-1946), Paris, Perrin, 2013.

Sur son procès

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  • Quatre procès de trahison devant la Cour de justice de Paris : Paquis, Bucard, Luchaire, Brasillach. Réquisitoires et Plaidoiries, Paris, Les Éditions de Paris, 1947.
  • Les Procès de collaboration : Fernand de Brinon, Joseph Darnand, Jean Luchaire. Compte rendu sténographique, Paris, Albin Michel, 1948.

Liens externes

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