Protectorat italien sur l'Albanie

Le protectorat italien sur l'Albanie fut mis en place par le royaume d'Italie pendant la Première Guerre mondiale afin de placer de jure l'Albanie indépendante sous contrôle italien. Il exista du jusqu'à l'été 1920.

République d'Albanie
Republika Shqiptare

1917–1920

Drapeau
Drapeau
Devise Atdheu mbi te gjitha "La patrie avant tout"
Hymne Hymni i Flamurit (L'Hymne au Drapeau)
Informations générales
Statut Protectorat
Capitale Vlora
Histoire et événements
23 juin 1917 Création
2 août 1920 Fin

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Histoire

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Le royaume d'Italie occupait le port de Vlora en et la région du sud de l'Albanie à l'automne 1916[1], tandis que l'armée française occupait Korçë et ses environs le . Les Italiens (dans Gjirokastër) et des forces françaises (à Korçë), principalement à cause du développement du front des Balkans, entrèrent dans la zone de l'ex-république autonome d'Épire du Nord (contrôlé par la minorité grecque) à l'automne 1916, après l'approbation de la Triple Entente.

 
L’Albanie après sa fragmentation en 1916. La zone verte inférieure indique le protectorat italien à l'été 1917. À l’automne 1918, il fut étendu à la quasi-totalité de l'Albanie.

La création de la république autonome albanaise de Korça fut faite le par les autorités françaises avec un protocole, selon lequel une province autonome serait établi sur le territoire de Korçë, Bilisht, Kolonja, Opar et Gora dans l’est de l'Albanie.

 
Soldats italiens à Vlora, en Albanie, au cours de la Première Guerre mondiale. Le drapeau tricolore de l'Italie portant le bouclier royal de la maison de Savoie est présent flottant à côté d'un drapeau albanais au balcon du siège de la préfecture italienne.

Le , l'Italie demanda des explications au Quai d'Orsay, par son ambassadeur, parce que l'établissement de la république autonome albanaise de Korça violait le traité de Londres[2]. L'Autriche-Hongrie utilisa le précédent français à Korçë pour justifier la proclamation de l'indépendance de l'Albanie sous son protectorat, le à Shkodra.

Le royaume d'Italie fit de même lorsqu’il proclama l'indépendance de l'Albanie sous son protectorat le à Gjirokastra[3]. Le général Ferrero proclama ce jour-là le protectorat italien et les semaines suivantes occupa Ioannina en Épire[4]. Ni la Grande-Bretagne, ni la France ne furent consultées auparavant, et ils ne donnèrent pas de reconnaissance officielle au protectorat italien[5].

Cette république albanaise sous la direction de Turhan Përmeti, protégés par 100 000 soldats de l'armée italienne, adopta officiellement un drapeau rouge avec un aigle noir au milieu, mais souleva une tempête de protestations, même au parlement italien[6].

 
Carte postale de 1917 montrant Saranda alors occupée par les Italiens.

En automne 1918, les Italiens étendirent leur protectorat (sans rien ajouter officiellement à l'Albanie) à des zones du nord de la Grèce (autour de Kastoria) et en Macédoine occidentale (autour de Bitola), conquis sur les Bulgares et les Ottomans. Le , la 35e division italienne atteignit et occupa Kruševo profondément à l'intérieur de la Macédoine occidentale[7].

En , le XVIe Corpo d'Armata (près de quatre divisions italiennes, avec même deux bataillons de volontaires albanais) conquit tout le centre nord de l'Albanie sur les Autrichiens : du 10 au 14 Durrës est pris, le lendemain Tirana et du 10 au 31 Scutari ; enfin le Ulcinj et Bar, sur la cote de l’actuel Monténégro, sont conquises[8].

En , lorsque la Première Guerre mondiale s’acheva, presque tout ce qui constitue maintenant l'Albanie contemporaine était sous protectorat italien, après le retrait de l'expédition française de la région de Korçë (la France mit fin «officiellement» à la République autonome albanaise de Korça le ).

Depuis lors et pendant près de deux ans, jusqu'à l'été 1920, le protectorat italien sur l'Albanie fut administré par le gouvernement italien : dans un pays qui manquait presque tout, après des siècles de domination ottomane, furent construits 546 km de nouvelles routes, 110 km de nouvelles voies ferrées, 3 000 km de lignes télégraphiques, 9 téléphériques, quelques hôpitaux et des bâtiments administratifs modernes[9].

Après la Première Guerre mondiale

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Une délégation envoyée par l’assemblée nationale albanaise d’après-guerre, qui s'était réunie à Durrës en , défendit les intérêts albanais à la conférence de paix de Paris, mais la conférence rejeta toute représentation officielle de l'Albanie. L'Assemblée nationale albanaise, soucieuse de garder l'Albanie intacte, exprima sa volonté d'accepter la protection italienne, et même un prince italien comme souverain, aussi longtemps qu’elle ne perdait pas de territoire.

Mais en , à la conférence de paix de Paris, les négociateurs français, anglais, italiens et grecs décidèrent de diviser l'Albanie entre la Yougoslavie, l'Italie et la Grèce comme un expédient diplomatique visant à trouver une solution de compromis au conflit territorial entre l'Italie et la Yougoslavie. L'accord (avec le territoire de Valona et les zones du centre sud de l'Albanie donnés à l'Italie) fut conclu dans le dos des Albanais et en l'absence d'un négociateur américain.

Cet accord a créé un énorme ressentiment anti-italien chez de nombreux Albanais, et en les Italiens (en raison de la démobilisation de leurs troupes après la fin de la Première Guerre mondiale) se retirèrent de plusieurs villes importantes (Durazzo, Scutari, Tirane, Valona, Tepelani et Clisura) et des zones environnantes. Les Italiens durent faire face à la guerre de Vlora. Les mouvements révolutionnaires[10] en Italie rendirent la présence des 20 000 derniers soldats de l'armée italienne en Albanie fondamentalement impossible.

Le , 1920, le protocole albano-italien fut signé, à la suite duquel l'Italie se retira de l'Albanie (se maintenant uniquement sur l'île de Saseno). Cela a mis fin aux prétentions italiennes pour Vlora et pour un mandat sur l'Albanie, sauvant le territoire de l'État albanais d’une nouvelle partition[11].

Le désir de compenser cette retraite serait l'un des principaux motifs de Benito Mussolini pour envahir l'Albanie en 1939[12].

Voir aussi

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Références

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  1. Italian Army in Albania during WWI
  2. Stefan Popescu, « Les français et la république de Kortcha (1916-1920) » [archive du ], France, Cairn info (DOI 10.3917/gmcc.213.0077, consulté le ) : « La signature de ce Protocole contrevient aux stipulations du traité de Londres ...Par conséquent, l'Italie demanda des explications au quai d'Orsay, par l'intermédiaire de son ambassadeur, le 12 décembre 1916. »
  3. Jaume Ollé, « Republic of Korçë (1917-1918) » [archive du ], (consulté le ) : « On 23 June 1917, Italy proclaimed the independence of Albania under her protectorate, justifying this with the French precedent in Korçë. Austria-Hungary had done it before on 3 January 1917. »
  4. General Ferrero and Albania (in Italian)
  5. Stickney: Italian Protectorate not recognized by Great Britain and France
  6. Stickney: Southern Albania
  7. (it) War in 1918 Albania
  8. (it) Italians in Albania during WWI: a forgotten war
  9. (it) "Commissione d'inchiesta per l'impresa d'Albania del 1914-21"
  10. June 1920 Revolt of Bersaglieri in Ancona (in Italian)
  11. Albania: A Country Study: Albania's Reemergence after World War I, Library of Congress
  12. Italian occupation of Albania: 1917/1918/1919/1920

Bibliographie

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  • (it) Biagini, Antonello. Storia dell'Albania contemporanea. Bompiani editore. Milano, 2005
  • (it) Borgogni, Massimo. Tra continuità e incertezza. Italia e Albania (1914-1939). La strategia politico-militare dell'Italia in Albania fino all'Operazione "Oltre Mare Tirana" . 2007 Franco Angeli
  • (it) Bucciol, Eugenio. Albania: fronte dimenticato della Grande guerra. Nuova Dimensione Edizioni. Portogruaro, 2001 (ISBN 88-85318-61-4)
  • Bushkoff, Leonard. Albania, history of. Collier's Encyclopedia. vol. 1. NY: P.F. Collier, L.P, 1996.
  • Nigel, Thomas. Armies in the Balkans 1914-18. Osprey Publishing. Oxford, 2001 (ISBN 1-84176-194-X)
  • Pearson, Owens. Albania in the twentieth century: a history (Volume 3). Publisher I.B.Tauris. London, 2004 (ISBN 1-84511-013-7)
  • Steiner, Zara. The lights that failed: European international history, 1919-1933. Oxford University Press. Oxford, 2005.
  • Stickney, Edith. Southern Albania. Stanford University Press. Stanford, 1929 (ISBN 0-8047-6171-X)

Liens externes

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