Charles de Gaulle

militaire et homme d'État français, président de la République de 1959 à 1969
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Charles de Gaulle (22 novembre 18909 novembre 1970) était un officier général et homme d'État français, qui fut, depuis son exil à Londres, le chef de la Résistance à l'occupation allemande de la France pendant la Seconde Guerre mondiale (France libre), puis devint président de la République de 1958 à 1969.

Charles de Gaulle, durant la Seconde Guerre mondiale.

Ouvrages

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Le Fil de l'épée

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Apprécier les circonstances dans chaque cas particulier, tel est donc le rôle essentiel du chef. Du fait qu'il les connaît, qu'il les mesure, qu'il les exploite, il est vainqueur ; du fait qu'il les ignore, qu'il les juge mal, qu'il les néglige, il est vaincu.
  • Le Fil de l'épée, Charles de Gaulle, éd. Union générale d'édition, coll. « 10 18 », 1962, partie De la Doctrine, chap. 1, p. 111


Pavois des maîtres, rempart des trônes, bélier des révolutions, on lui doit tour à tour l’ordre et la liberté. Berceau des cités, sceptre des empires, fossoyeurs de décadences, la force fait la loi aux peuples et leur règle leur destin.
  • Le Fil de l'épée, Charles de Gaulle, éd. Editions Perrin, coll. « Tempus », 1962, partie Avant-Propos, p. 33


Mémoires de guerre : L'appel : 1940-1942

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Prendre l'action à son compte, n'y vouloir de marque que la sienne, affronter seul le destin, passion âpre et exclusive qui caractérise le chef […].


Tant il est vrai que, face aux grands périls, le salut n'est que dans la grandeur.


Dans le mouvement incessant du monde, toutes les doctrines, toutes les écoles, toutes les révoltes, n'ont qu'un temps. Le communisme passera. Mais la France ne passera pas.


[…] trahi, fait prisonnier, affreusement torturé par un ennemi sans honneur, Jean Moulin mourrait pour la France, comme tant de bons soldats qui, sous le soleil ou dans l'ombre, sacrifièrent un long soir vide pour mieux « remplir leur matin ».


Dans sa justice, le Dieu des batailles allait offrir aux soldats de la France Libre un grand combat et une grande gloire.


Dans les entreprises où l'on risque tout, un moment arrive, d'ordinaire, où celui qui mène la partie sent que le destin se fixe. Par un étrange concours, les mille épreuves où il se débat semblent s'épanouir soudain en un épisode décisif.


Oh ! Cœur battant d'émotion, sanglots d'orgueil, larmes de joie !


Quand, à Bir-Hakeim, un rayon de sa gloire renaissante est venu caresser le front sanglant de ses soldats, le monde a reconnu la France…


Trêve de doutes ! Penché sur le gouffre où la patrie a roulé, je suis son fils, qui l'appelle, lui tient la lumière, lui montre la voie du salut. Beaucoup, déjà, m'ont rejoint. D'autres viendront, j'en suis sûr ! Maintenant, j'entends la France me répondre. Au fond de l’abîme, elle se relève, elle marche, elle gravit la pente. Ah ! mère, tels que nous sommes, nous voici pour vous servir.


Malgré tout, je suis convaincu qu’en d’autres temps, le maréchal Pétain n’aurait pas consenti à revêtir la pourpre dans l’abandon national. [...] L’âge le livrait aux manœuvres de gens habiles à se couvrir de sa majestueuse lassitude. La vieillesse est un naufrage. Pour que rien ne nous fût épargné, la vieillesse du maréchal Pétain allait s’identifier avec le naufrage de la France.
  • Mémoires de guerre : L'appel, 1940-1942, Charles de Gaulle, éd. Plon, 1954, p. 60-61 (sur Google Livres)


Mémoires de guerre : L'unité : 1942-1944

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Les attaques commencent le 12 janvier [1944]. Trois semaines après, les Français ont conquis une zone profonde de 20 kilomètres, enlevé sur leur front la première position allemande, percé la seconde, fait 1 200 prisonniers, le tout sur un terrain extrêmement tourmenté et où l'ennemi engage contre les nôtres plus du tiers des forces qu'il oppose à la Ve armée. L'affaire est couronnée — on peut le dire — par l'enlèvement du Belvédère, massif organisé qui est la clef de la ligne « Gustav ». Sur cette position, plusieurs fois prise, perdue, reprise, le 4e Régiment de tirailleurs tunisiens accomplit un des faits d'armes les plus brillants de la guerre au prix de pertes énormes.
  • Le général de Gaulle à propos du fait d'armes accompli par le 4e régiment de tirailleurs tunisiens lors de la bataille du Belvédère du 25 janvier au 4 février 1944 durant la Campagne d'Italie
  • Mémoires de guerre. L'unité. 1942-1944, Charles de Gaulle, éd. Plon, 1960, vol. 2, p. 267


Mémoires de guerre : Le salut : 1944-1946

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Chacun, quelle que fût sa tendance, avait au fond, le sentiment que le Général emportait avec lui quelque chose de primordial, de permanent, de nécessaire, qu'il incarnait de par l'Histoire et que le régime des partis ne pouvait pas représenter.
  • Mémoires de guerre : Le salut : 1944-1946, Charles de Gaulle, éd. Plon, 1959, p. 287


Mémoires d'espoir

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Le maintien de notre domination sur des pays [l'Algérie] qui n'y consentaient plus devenait une gageure où, pour ne rien gagner, nous avions tout à perdre.
  • Mémoires d'espoir : 1, Le Renouveau, 1958-1962, Charles de Gaulle, éd. Plon, 1970, p. 42


Pour moi j’ai, de tous temps, mais aujourd’hui plus que jamais, ressenti ce qu’ont en commun les nations qui la peuplent [l'Europe]. Toutes étant de même race blanche, de même origine chrétienne, de même manière de vivre, liées entre elles depuis toujours par d’innombrables relations de pensée, d’art, de science, de politique, de commerce, il est conforme à leur nature qu’elles en viennent à former un tout, ayant au milieu du monde son caractère et son organisation.
  • Mémoires d'espoir : 1, Le Renouveau, 1958-1962, Charles de Gaulle, éd. Plon, 1970, p. 181-182


Discours et conférences de presse

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Appel du 18 juin 1940

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Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n’est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.


Cette guerre n'est pas limitée aux territoires malheureux de notre pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale.
  • Général de Gaulle, 18 juin 1940, Londres, dans Le Petit Provençal, paru 19 juin 1940 : prononcé à la radio britannique BBC, transcrit le lendemain dans plusieurs journaux français, ici, Le Petit Provençal..


Foudroyés aujourd’hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l’avenir par une force mécanique supérieure.


Voici que l'État est bafoué, la nation bravée, notre puissance dégradée, notre prestige international abaissé, notre rôle et notre place en Afrique compromis. Et par qui ? Hélas ! Hélas ! Hélas ! Par des hommes dont c'était le devoir, l'honneur, la raison d'être de servir et d'obéir. Au nom de la France, j'ordonne que tous les moyens, je dis tous les moyens, soient employés partout pour barrer la route à ces hommes-là, en attendant de les réduire. J'interdis à tout Français, et d'abord à tout soldat, d'exécuter aucun de leurs ordres.


Devant le malheur qui plane sur la patrie, et devant la menace qui pèse sur la République, ayant pris l'avis officiel du Conseil Constitutionnel, du Premier Ministre, du Président du Sénat, du président de l'Assemblée Nationale, j'ai décidé de mettre en oeuvre l'article 16 de notre Constitution. A partir d'aujourd'hui, je prendrai, au besoin directement, les mesures qui me paraîtront exigées par les circonstances. Par là même, je m'affirme en la légitimité française et républicaine qui m'a été conférée par la Nation, que je maintiendrai quoiqu'il arrive jusqu'au terme de mon mandat ou jusqu'à ce que viennent à me manquer soit les forces soit la vie, et que je prendrai les moyens de faire en sorte qu'elles demeurent après moi.


Françaises, Français, aidez-moi !


Ce qui arrivera quand de Gaulle aura disparu ? Eh bien, je vous dis ceci, qui peut-être vous expliquera dans quelle direction à cet égard nous allons marcher : ce qui est à redouter à mon sens, après l’évènement dont je parle, ce n’est pas le vide politique, c’est plutôt le trop-plein.
  • L’Après de Gaulle, Jean Mauriac, éd. Fayard, 2006, p. 7


Je ne vais pas mal, mais rassurez-vous un jour je ne manquerai pas de mourir.
  • Charles de Gaulle, Conférence de presse à L'Élysée, ORTF (visible sur l'INA), 4 février 1965


Est-ce que j'ai jamais attenté aux libertés publiques fondamentales ? Je les ai rétablies. Et y ai-je une seconde attenté jamais ? Pourquoi voulez-vous qu'à 67 ans, je commence une carrière de dictateur ?
  • Charles de Gaulle, Conférence de presse au palais d'Orsay, ORTF (visible sur l'INA), 19 mai 1958


Dante, Goethe, Chateaubriand, appartiennent à toute l'Europe dans la mesure où ils étaient respectivement et éminemment Italien, Allemand et Français. Ils n'auraient pas beaucoup servi l'Europe s'ils avaient été des apatrides et s'ils avaient pensé, écrit en quelque espéranto ou volapük intégrés...
  • Charles de Gaulle, Conférence de presse à L'Élysée, ORTF (visible sur l'INA), 15 mai 1962


Il n'y a pas de raison pour la France, et je suggérais même pour le Royaume-Uni, de ruiner ses relations avec les Arabes, sous prétexte que l'opinion publique éprouve des sympathies superficielles pour Israël, parce que c'est un petit pays avec une histoire malheureuse.
  • Charles de Gaulle, 1967, dans The Chariot of Israël, paru chez Weidenfeld and Nicolson, 1981, p. 43, Harold Wilson.


L’établissement d’un État d’Israël, soulevait, à l’époque, un certain nombre d’appréhensions. On pouvait se demander, en effet, et on se demandait même chez beaucoup de Juifs, si l'implantation de cette communauté sur des terres qui avaient été acquises dans des conditions plus ou moins justifiables et au milieu de peuples arabes qui lui étaient foncièrement hostiles, n'allait pas entraîner d'innombrables, d'interminables conflits. Certains même redoutaient que les juifs, jusqu’alors dispersés, mais qui étaient restés ce qu’ils avaient été de tout temps, c’est à dire un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur, n’en viennent, une fois rassemblés dans le site de leur ancienne grandeur, à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu’ils formaient depuis dix-neuf siècles : l'an prochain à Jérusalem.
  • Conférence de presse du 27 novembre 1967
  • Charles de Gaulle, 27 novembre 1967, dans 1967, la guerre des six jours: la victoire empoisonnée, paru chez Éditions Complexe, 2001, p. 82, Pierre Hazan.


Trois millions et demi d'hommes et de femmes d'Algérie, sans distinction de communauté et dans l'égalité totale, sont venus des villages de toutes les régions et des quartiers de toutes les villes apporter à la France et à moi-même le bulletin de leur confiance. Ils l'ont fait tout simplement sans que nul ne les y contraignent et en dépit des menaces que des fanatiques font peser sur eux, sur leurs familles et sur leurs biens. Il y a là un fait aussi clair que l'éclatante lumière du ciel. Et ce fait est capital... pour cette raison qu'il engage l'une envers l'autre et pour toujours l'Algérie et la France.
  • Discours et messages: Avec le renouveau, mai 1958 – juillet 1962, Charles de Gaulle, éd. Édito-Service, 1970, vol. 5, p. 48


Certes au temps où la colonisation était la seule voie qui permît de pénétrer des peuples repliés dans leur sommeil, nous fûmes des colonisateurs, et parfois impérieux et rudes. Mais au total, ce que nous avons, en tant que tels, accompli laisse un solde largement positif aux nations où nous l'avons fait.
  • Conférence de presse, palais de l'Élysée, 13 janvier 1964.
  • De Gaulle vous parle (1967), Charles de Gaulle, éd. Éditions du jour, 1967, p. 54


Lettres, notes et carnets

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Notre système militaire a été bâti exclusivement en vue de la défensive. Si l’ennemi attaque demain, je suis convaincu que nous lui tiendrons tête. Mais, s’il n’attaque pas, c’est l’impuissance quasi totale. Or, à mon avis, l’ennemi n’attaquera pas, de longtemps. Son intérêt est de nous laisser cuire dans notre jus… Puis, quand il nous jugera lassés, désorientés, mécontents de notre propre inertie, il prendra en dernier lieu l’offensive contre nous, avec, dans l’ordre moral et dans l’ordre matériel, de tout autres cartes que celles dont il dispose aujourd’hui.
  • Lettres, notes et carnets, Charles de Gaulle, éd. Plon, 1980, t. 2, p. 486


À aucun prix, le peuple français ne doit sombrer dans l’illusion que l’immobilité militaire actuelle serait conforme au caractère de la guerre en cours. C’est le contraire qui est vrai. Le moteur confère aux moyens de destructions modernes une puissance, un rayon d’action tel que le conflit sera, tôt ou tard, marqué par des mouvements, des surprises, des irruptions, des poursuites dont l’ampleur et la rapidité dépasseront infiniment celles des plus fulgurants événements du passé… Le conflit qui a commencé pourrait bien être le plus étendu, le plus complexe, le plus violent de tous ceux qui ravagèrent la terre. La crise politique, économique, sociale, morale, dont il est issu, revêt une telle profondeur et présente un tel caractère d’ubiquité qu’elle aboutira fatalement à un bouleversement complet de la situation des peuples et de la structure des États. Or, l’obscure harmonie des choses procure à cette évolution un instrument militaire — l’armée des machines — exactement proportionné à ses colossales dimensions. Il est grand temps que la France en tire les conclusions.
  • L’Avènement des forces mécaniques, mémorandum remis au début de 1940.
  • Charles de Gaulle, Éric Roussel, éd. Gallimard, coll. « NRF biographies », 2002, chap. III, p. 77-78


Il faut arrêter immédiatement le flot d’Israélites qui arrive par Lisbonne pour s’engager ici. Téléphoner à Lisbonne que nous examinerons chaque cas, et, en attendant, les refuser ici, sauf mon autorisation personnelle.
  • Note de 1942 au colonel Billotte.
  • Pierre Mendès France, Éric Roussel, éd. Gallimard, coll. « NRF biographies », 2007, chap. VIII, p. 141


Nous n’avons rien à “désirer”, et surtout rien à manifester quant au rétablissement de nos relations diplomatiques avec les États arabes d’Orient. D’ailleurs, nous n’en “préférons” aucun, car tous se sont très mal conduits à notre égard. À mesure qu’ils nous demanderont de reprendre les relations — s’ils le font, ce sera dans leur intérêt —, nous examinerons la situation cas par cas. Pour le moment, nous avons la demande de la Jordanie. Acceptons de lui donner satisfaction en principe, et ne nous pressons pas de le faire en pratique. Plus nous attendrons et plus ils deviendront anxieux d’être admis.
  • Commentaire sur une note du secrétariat général de l’Élysée, 11 juillet 1962.
  • Lettres, notes et carnets, Charles de Gaulle, éd. Plon, 1986, t. 9, p. 247-248


Entretiens

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Qu’est-ce que les Arabes ? Les Arabes sont un peuple qui, depuis les jours de Mahomet, n’ont jamais réussi à constituer un Etat. Mahomet a créé un Etat à cause de l’Islam. Après lui, il n’y a eu que l’anarchie […] Avez-vous vu une digue construite par les Arabes ? Nulle part. Cela n’existe pas. Les Arabes disent qu’ils ont inventé l’algèbre et construit d’énormes mosquées. Mais ce fut entièrement l’œuvre des esclaves chrétiens qu’ils avaient capturés […] Nous autres, Français, avons essayé de faire beaucoup avec eux. Et les Russes l’ont essayé avant nous. Ils ne peuvent rien faire seuls.

  • Entretien avec Cyrus Sulzberger, 1956.
    • Les Derniers des géants, Cyrus Sulzberger, éd. Albin Michel, 1972, p. 106

Nous ne pouvons établir une paix rapide entre le monde arabe et l’Occident […]. Tout le monde a des difficultés avec les Arabes.

  • Entretien avec Cyrus Sulzberger, 31 mai 1956.
    • Les Derniers des géants, Cyrus Sulzberger, éd. Albin Michel, 1972, p. 109
Quand on parle des Arabes, on ne sait jamais de quoi l’on parle. On ne peut jamais être sûr de ce que l’on dit. Ils sont toujours bouillonnants, toujours imprévisibles. C’est la nature de l’Arabe. Ce sont des nomades. Ils sont anarchiques. […] Ils se noient dans leurs propres rivalités. Nasser a essayé de créer une union arabe au Moyen-Orient. Il n’a pas pu. Et il ne pourra jamais réussir.
  • Entretien avec Cyrus Sulzberger, 20 janvier 1962.
    • Les Derniers des géants, Cyrus Sulzberger, éd. Albin Michel, 1972, p. 109
Eh bien, voyez ! C’est bien ce que je disais : le Parlement démontre qu’il n’est rien. Il fracasse, il pérore, il fait un peu de bruit et de scandale, mais tout cela n’émeut absolument pas l’opinion publique. […] Le Parlement, en réalité, s’est tué lui-même. Il est mort, il n’existe plus. À l’époque où nous sommes, nous ne pouvons plus continuer à croire à ces jeux stériles. D’ailleurs, personne ne s’y trompe, sauf ceux qui font profession d’y croire. Alors, bien sûr, ceux-là s’agitent, écrivent des éditoriaux dans les journaux, font des déclarations à la radio, mais tout cela, c’est de l’agitation qui ne touche pas le pays et il faut bien que vous en soyez convaincu.
  • Journal de l’Élysée, Jacques Foccart, éd. Fayard, 1998, t. I, p. 611-612


Le fait est qu’un jour le Canada français deviendra une grande puissance et que nous y aurons aidé et que la France en tirera un bénéfice. Bien sûr, pas moi. Ce n’est pas pour tout de suite, bien que, du fait de notre attitude, nous ayons considérablement accéléré le processus. C’est une affaire dont l’avenir s’inscrit d’avance, et de manière certaine depuis notre action, et le développement, croyez-moi, sera beaucoup plus rapide qu’on ne le croit.
  • Entretien avec Jacques Foccart, 27 juillet 1967
  • Journal de l’Élysée, Jacques Foccart, éd. Fayard, 1998, t. I, p. 685


Il fallait le faire, c’était évident. Je savais à quoi m’en tenir à partir du moment où j’y allais. Alors on m’a dit : Ottawa… Ottawa, je m’en fous ! C’est au Canada français que je rendais visite, c’était l’essentiel.
  • Entretien avec Jacques Foccart, 27 juillet 1967
  • Journal de l’Élysée, Jacques Foccart, éd. Fayard, 1998, t. I, p. 685


J’aime mieux crever que d’aller au Canada porter un toast à la reine d’Angleterre ! Croyez-moi, j’étais bien soulagé quand ils m’ont offert l’occasion de m’en aller : j’ai sauté dessus avec bonheur. Tout cela va faire des remous, c’est sans importance. Tout cela va donner des motifs d’articles à toute cette presse infâme et avachie, aux pieds et à la botte des Américains, des Israéliens et de tous les autres, mais qui ne soutient pas la France parce qu’ils ont honte de parler de la France ou de défendre la France : tout cela est sans importance.
  • Entretien avec Jacques Foccart, 27 juillet 1967
  • Journal de l’Élysée, Jacques Foccart, éd. Fayard, 1998, t. I, p. 685


Les Arabes, ce n’est rien. Jamais on n’a vu des Arabes construire des routes, des barrages, des usines. Ce sont d’habiles politiques ; ils sont habiles comme des mendiants.
  • Entretien avec Jean-Raymond Tournoux.
  • La Tragédie du Général, Jean-Raymond Tournoux, éd. Plon, 1967, p. 211


Khrouchtchev bat la campagne, mais il ne fait rien. On a le droit d'être Hitler. Mais alors, il faut faire la guerre. Khrouchtchev ne fera pas la guerre. Tout le monde le sait, à commencer par lui-même.
  • Propos tenus en conseil des ministres lors d'une visite de chef d'état soviétique en 1962.
  • Le feu et la cendre, Jean-Raymond Tournoux, éd. Plon, 1979, p. 290


Les communistes russes sont des traîtres à la race blanche. Un jour, ils redeviendront solidaires de l'Europe.
  • Propos tenus en conseil des ministres lors d'une visite de chef d'état soviétique en 1962.
  • Le feu et la cendre, Jean-Raymond Tournoux, éd. Plon, 1979, p. 291


Vous savez, cela suffit comme cela avec vos nègres. Vous me gagnez à la main, alors on ne voit plus qu’eux : il y a des nègres à l’Élysée tous les jours, vous me les faites recevoir, vous me les faites inviter à déjeuner. Je suis entouré de nègres, ici. […] Et puis tout cela n’a aucune espèce d’intérêt ! Foutez-moi la paix avec vos nègres ; je ne veux plus en voir d’ici deux mois, vous entendez ? Plus une audience avant deux mois. Ce n’est pas tellement en raison du temps que cela me prend, bien que ce soit déjà fort ennuyeux, mais cela fait très mauvais effet à l’extérieur : on ne voit que des nègres, tous les jours, à l’Élysée. Et puis je vous assure que c’est sans intérêt.
  • Journal de l’Élysée, Jacques Foccart, éd. Fayard, 1999, t. II, p. 427

Alors il faut prendre les choses comme elles sont, car on ne fait pas de politique autrement que sur des réalités. Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri, en disant : l'Europe ! l'Europe ! l'Europe !... mais ça n'aboutit à rien et ça ne signifie rien. Je répète : il faut prendre les choses comme elles sont.
  • Le général de Gaulle, interviewé par Michel Droit, répondait à celui-ci, qui relayait les arguments de certaines personnalités politiques, pour s'inscrire en faux contre l'idée que la construction européenne pourrait constituer une solution aux problèmes économiques et structurels de la France. Un extrait de l'archive vidéo est consultable sur le site de l'INA.


Aux Soldats de la Première Armée Française qui, devant l’Histoire, ont payé le Prix de la Liberté.

La France pourrait-elle oublier cette Armée venue d’Afrique qui réunissait les Français libres de la 1re DFL, les pieds noirs, les goumiers et les tirailleurs marocains, algériens, tunisiens, sénégalais, les soldats des territoires d’Outre-mer, les évadés de France par l’Espagne, les anciens de l’Armée d’Armistice et des Chantiers de Jeunesse.

La France pourrait-elle oublier ces 250 000 hommes auxquels, par la volonté du Général Jean de Lattre de Tassigny, vinrent s’amalgamer 150 000 volontaires des Forces Françaises de l’Intérieur.

La France pourrait-elle oublier que cette armée a libéré le tiers de son territoire et que, sans elle, son chef n’aurait pas été à Berlin le 8 mai 1945 pour signer l’acte de capitulation de l’Allemagne.

Pourrions-nous accepter que nos cimetières où se mêlent par milliers, les croix chrétiennes, les étoiles juives et les croissants de l’Islam, soient ensevelis sous l’oubli et l’ingratitude.

Le Souvenir ! C’est non pas seulement un pieux hommage rendu aux morts, mais un ferment toujours à l’œuvre dans les actions des vivants.

  • Discours de Charles de Gaulle du 23 avril 1968, Plaque commémorative de la Première Armée Française (1944-1945) - Esplanade des Villes-Compagnons-de-la-Libération (quai Henri IV, Paris)
  • Mémoire des Français libres: Du souvenir des hommes à la mémoire d'un pays, Olivier Rochereau, éd. Nouveau Monde éditions, 2006, p. 202-203


Ayez l'ambition que le progrès soit le bien commun, que chacun en ait sa part, qu'il permette d'accroître le beau, le juste et le bon, partout et notamment dans les pays qui, comme les nôtres, font la civilisation. [...]
Mais la vie du monde est dangereuse. Elle l'est d'autant plus que, comme toujours, l'enjeu est moral et social.

  • discours prononcé devant la jeunesse allemande, à Ludwigsburg, le 9 septembre 1962


Il s'agit de savoir si, à mesure de la transformation du siècle, l'homme deviendra, ou non, un esclave dans la collectivité, s'il sera réduit, ou non, à l'état de rouage engrené à tout instant par une immense termitière, ou si, au contraire, il voudra et saura maîtriser et utiliser les progrès de l'ordre matériel pour devenir plus libre, plus digne et meilleur.

  • discours prononcé devant la jeunesse allemande, à Ludwigsburg, le 9 septembre 1962


Sur le plan ethnique, il convient de limiter l'afflux des Méditerranéens et des Orientaux, qui ont depuis un demi-siècle profondément modifié les compositions de la population française. Sans aller jusqu'à utiliser, comme aux Etats-Unis, le système rigide des quotas, il est souhaitable que la priorité soit accordée aux naturalisations nordiques (Belges, Luxembourgeois, Suisses, Hollandais, Danois, Anglais, Allemands, etc.).
  • Directive de De Gaulle au Garde des sceaux sur la sélection ethnique des immigrés le 12 juin 1945
  • Le Creuset français., Gérard Noiriel, éd. Le Seuil, 1988, p. 39


Citations rapportées

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Ce qui est grave dans cette affaire, Messieurs, c’est qu’elle n’est pas sérieuse.
  • (fr) De Gaulle mon père, Philippe de Gaulle, éd. Pocket, coll. « poche », 2005, t. 2, p. 191


Notre sympathie pour les Juifs est indiscutable, mais faudrait-il encore que certains ne se sentent pas plus israéliens que français. Leur prise de position en faveur de l’État d'Israël est inadmissible.
  • Entretien avec le rabbin Jacob Kaplan, janvier 1968
  • Charles de Gaulle, janvier 1968, dans De Gaulle, mon père, paru chez Plon, 2004, t. 2, p. 464, Philippe de Gaulle.


Si je puis vous résumer l'opinion du président de la République, c'est : « la réforme, oui, la chienlit, non ! »
  • Charles de Gaulle, cité par Georges Pompidou, Journal de 20 heures, INA, Institut national de l'audiovisuel, 19 mai 1968


Mon seul rival international, c’est Tintin !
  • Les Chênes qu’on abat, Malraux, éd. Gallimard, 1971  (ISBN 2-07-027811-5), p. 120= référence inexacte.


C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. Qu'on ne se raconte pas d'histoires ! Les musulmans, vous êtes allés les voir ? Vous les avez regardés avec leurs turbans et leur djellabas ? Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français ! Ceux qui prônent l'intégration ont une cervelle de colibri, même s'ils sont très savants. Essayez d'intégrer de l'huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d'un moment, ils se sépareront de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ? Si nous faisions l'intégration, si tous les Arabes et Berbères d'Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s'installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées !
  • Conversation entre de Gaulle et Alain Peyrefitte le 5 mars 1959 à la suite des événements d'Algérie


D'ailleurs, j'ai bluffé, mais la première armée, c'étaient des nègres et des Africains [soldats de l'Armée d'Afrique]. La division Leclerc a eu deux mille cinq cents engagés volontaires à Paris. En réalité, j'ai sauvé la face, mais la France ne suivait pas... Je ne serai pas au pouvoir... Qu'ils crèvent ! C'est le fond de mon âme que je vous livre : tout est perdu. La France est finie, j'aurai écrit la dernière page.
  • Conversation entre de Gaulle et Pompidou le 11 juillet 1950 sur la 1re armée française de 1944–45


Les États n'ont pas d'amis, ils n'ont que des intérêts.
  • « Écoutes : l'impérialisme 2.0 », Éric Walther, La Tribune (France), nº 55, 5 juillet 2013, p. 8


Avant, les Français me regardaient comme si j'étais la France ; maintenant, ils savent que je suis incontinent.
  • Propos rapporté à la suite de son opération de la prostate (Le Figaro 5/12/2013).
  • « Sa prostate, on s'en tape ! », Charles de Gaulle, Le canard enchaîné, 11 décembre 2013, p. 1


Comme un homme politique ne croit jamais ce qu'il dit, il est tout étonné quand il est cru sur parole.
  • « Grands hommes et petites blagues », Charles de Gaulle, Les dossiers du Canard enchaîné, Juillet 2014, p. 66


Je n'aime pas mes partisans parce qu'ils n'aiment que l'argent...
  • « Grands hommes et petites blagues », Charles de Gaulle, Les dossiers du Canard enchaîné, Juillet 2014, p. 66


Je vais vers l'Orient compliqué avec des idées simples.
  • Conversation entre De Gaulle et Couve de Murville le 11 octobre 1963 rapportée par Alain Peyrefitte.


Mais enfin, Allard, vous n'imaginez tout de même pas qu'un jour un Arabe, un musulman, puisse être l'égal d'un Français ! Voyons, c'est impensable !
  • De Gaulle au général Jacques Allard.
  • Historia Magazine n°281, Général de Gaulle, éd. Historia, 1972, la guerre d'Algérie, p. 1954


Citations sur De Gaulle

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Quand je suis parti pour rejoindre de Gaulle à Alger, je m'attendais à rencontrer Jeanne d'Arc ; j'ai trouvé Louis XI.
  • Déclaration de l'ambassadeur de France en Suisse, Jean Chauvel, à son attaché culturel, Henri Guillemin, en 1953.
  • Le Général clair-obscur, Henri Guillemin, éd. Le Seuil, 1984, p. 213.


« La politique algérienne du général de Gaulle est un crime contre l'humanité, elle n'est qu'ignominie et déshonneur. » Ces paroles, nous les faisons nôtres; et nous ajoutons qu'il n'y a pas, dans l'histoire de notre pays, de précédent à un abandon aussi infamant du patrimoine national. [...] Le désastre algérien, avec tous ses morts et toutes ses ruines, pouvait être évité et il a tenu essentiellement à l'acharnement de la volonté d'un très vieil homme. Ce désastre, si on le mesure en vies humaines perdues et en biens matériels aliénés, est pire que ceux que la France a connus en 1870 et en 1940, qui ont été causés par une défaite des armes françaises. Mais surtout, ce désastre nous fait perdre l'honneur; en couvrant d'infamie le drapeau français qui a été amené, dans l'abandon de ceux qui avaient cru en la France.
  • Déclaration du colonel Bastien-Thiry lors de son procès le 2 février 1963
  • Jean Bastien-Thiry; sa vie, ses écrits, témoignages, Jean-Marie Bastien-Thiry, éd. Éditions d'histoire et d'art, 1982, p. 128


Je veux bien que cette dictature s’instaure en dépit de De Gaulle. Je veux bien, par complaisance, appeler ce dictateur d’un nom plus aimable : consul, podestat, roi sans couronne, sans chrême et sans ancêtres. Alors, elle m’apparaît plus redoutable encore. Peut-être, en effet, de Gaulle se croit-il assez fort pour échapper au processus qu’il a de son propre mouvement engagé. Peut-être pense-t-il qu’il n’y aura pas de dictature sans dictateur, puisqu’il se refuse à remplir cet office. Cette conception romantique d’une société politique à la merci de l’humeur d’un seul homme n’étonnera que ceux qui oublient que de Gaulle appartient plus au XIXe siècle qu’au XXe, qu’il s’inspire davantage des prestiges du passé que des promesses de l’avenir. Ses hymnes à la jeunesse, ses élégies planificatrices, ont le relent ranci des compliments de circonstance. Sa diplomatie se délecte à recomposer l’Europe de Westphalie. Ses audaces sociales ne vont pas au-delà de l’Essai sur l’extinction du paupérisme. Au rebours de ses homélies « sur le progrès », les hiérarchies traditionnelles, à commencer par celle de l’argent, jouissent sous son règne d’aises que la marche accélérée du siècle leur interdisait normalement d’escompter.
  • Le Coup d'État permanent, François Mitterrand, éd. 10/18, 1965, p. 74-75


J’ai en effet constaté jadis — en lisant ses Discours et Messages — que de Gaulle, s’étant rangé par patriotisme dans le camp des démocraties, utilise d’une part le langage de la liberté, dicté par le combat où il se trouve engagé, tout en continuant d’autre part à utiliser le langage « Charles X », qui correspond à toute sa formation, et à ses convictions politiques et religieuses. La guerre passée, ce dernier langage devient dominant.
  • Le Style du Général, Jean-François Revel, éd. Complexe, 2008 (1re édition, 1959), p. 186


Mon père avait au contraire un grand respect pour les Arabes. Il avait aussi beaucoup d'estime pour leur courage au cours de l'histoire. Avec quelle flamme il m'apprenait, enfant, comment ils avaient été des conquérants inégalés, comment ils avaient soumis le Maghreb, la péninsule Ibérique et même une partie de la Gaule méridionale. Je l'entends encore me conter l'histoire de Schéhérazade, d'Aladdin et la lampe merveilleuse, me décrire avec force détails l'épopée de l'empire fameux des Omeyades, du khalife de Bagdad entouré de ses esclaves turcs et berbères...
  • À propos des auteurs disant que De Gaulle n'aimait pas les Arabes.
  • De Gaulle, mon père, Philippe de Gaulle, éd. Plon, 2004, t. 2, p. 465-466


Ce qu’il y a de très beau dans la rencontre de de Gaulle et Adenauer à Colombey-les-Deux-Églises, en 1958, c’est qu’ils voient tous deux que l’Europe doit être pardonnée, en quelque sorte, là où elle a péché. Ils se retrouvent après l’explosion inouïe de la Seconde Guerre Mondiale, sur les ruines de deux pays qui s’étaient trop imités, et dont l’imitation exacerbée avait provoqué le pire. Ce moment est exceptionnel.


Il faut se résoudre à conclure que l'entente est impossible avec De Gaulle, qu'il est un ennemi du peuple français et de ses libertés, qu'il est un ennemi de la construction européenne (et) qu'en conséquence, il doit être détruit dans l'intérêt des Français.
  • Note déclassifiée, adressée au secrétaire d'État américain Harry Hopkins, (cité par Éric Branca, "De Gaulle - Monnet ou le duel du siècle", Revue Espoir, n°117, novembre 1998, p 9).
  • « Paroles d'Européens : ils ont osé le dire », Jean Monnet, observatoiredeleurope.com, 6 mai 1943 (lire en ligne)


Un général mandaté par son ambition personnelle et son arrière-goût de vengeance pour les humiliations militaires, morales et singulier-pluriel subies jadis.


Ce Général deux étoiles, de haute taille, à la rancune gigantesque de subordonné, humilié d'avoir jadis été blâmé par son supérieur hiérarchique.


Que puissent être français des gens qui ont - certains d'entre eux tout au moins, car je connais plus d'un Algérien musulman qui a l'air plus "nordique" que moi - un type physique légèrement différent de la plupart des types qui composent l'ethnie métropolitaine, et surtout qui vont à la mosquée le vendredi plutôt qu'à la messe le dimanche, voilà, au fond, ce que le Général [de Gaulle] ne pouvait admettre.
  • L'espérance trahie (1958-1961), Jacques Soustelle, éd. Éditions De L'alma, 1962, p. 278


 
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