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Version du 4 décembre 2014 à 12:09

Jean-Jacques Rousseau
Pastel de Maurice Quentin de La Tour, Jean-Jacques Rousseau, en 1753 (alors âgé de 41 ans).
Naissance
Décès
Sépulture
Cénotaphe de Jean-Jacques Rousseau (d) ( - ), Panthéon, île des Peupliers ( - )Voir et modifier les données sur Wikidata
École/tradition
Contractualisme, précurseur du romantisme
Principaux intérêts
Idées remarquables
État de nature, contrat social, perfectibilité
Influencé par
A influencé
Adjectifs dérivés
rousseauiste
Père
Conjoint
Marie-Thérèse Levasseur (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
signature de Jean-Jacques Rousseau
Signature
Signature de Rousseau

Jean-Jacques Rousseau, né le à Genève et mort le (à 66 ans) à Ermenonville, est un écrivain, philosophe et musicien genevois francophone.

La vie de Jean-Jacques Rousseau est une vie d'indépendance et d'instabilité. Il quitte d'abord Genève à seize ans pour la Savoie, où il reçoit un complément d'éducation et une initiation à l'amour par Mme de Warens avant de gagner Paris en 1742, pensant faire carrière dans la musique. Il mène alors une existence difficile, cherchant divers protecteurs et vivant avec Thérèse Levasseur, qui lui donnera cinq enfants, tous confiés à l'Assistance publique. Dans le même temps, il rencontre Diderot et écrit des articles sur la musique pour l'Encyclopédie.

Son œuvre (« structurée et décidée » disait Raymond Trousson) participe à l'esprit des Lumières par son rejet des régimes autocratiques, mais il s'en distingue notamment quant à l'idée que le siècle serait un heureux siècle de fer et de progrès comme chez Voltaire : « Tout sert au luxe, au plaisir de ce monde. Oh ! le bon temps que ce siècle de fer ! », Voltaire, Le Mondain (1726).

Entretenant de façon générale des relations interpersonnelles difficiles, il se réfugie plusieurs fois dans la solitude, séjournant de nouveau en Suisse en 1762 après la condamnation de ses ouvrages par le Parlement de Paris. Il entreprend alors d'écrire son autobiographie pour se justifier et multiplie les lieux de résidence, pour finalement retourner à Paris en 1770 et vivre en copiant de la musique. Il meurt à 66 ans en 1778 et sa dépouille sera transférée au Panthéon par la Convention au moment de la Révolution française en 1794.

Rousseau entre dans l'histoire des idées avec ses brefs essais : Discours sur les sciences et les arts (1750) et Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755), en opposant l'état de nature qui faisait le bonheur de l'humanité, à l'état social, source des insatisfactions générales. Ayant pris le contrepied de la philosophie de Hobbes, il sait néanmoins un retour à l'origine impossible et il poursuit une réflexion sur le fonctionnement d'une société démocratique basée sur le Contrat social (1762) dans lequel le peuple souverain organise la vie collective. Rousseau propose aussi, avec Émile, ou De l'éducation (1762), une réflexion sur l'éducation, qu'il affirme devoir s'appuyer sur la préservation des qualités naturelles de l'enfant et assurer plutôt des savoir-faire concrets que des savoirs livresques.

Dans le domaine littéraire, l'apport de Jean-Jacques Rousseau est également déterminant avec Julie ou la Nouvelle Héloïse (1761), roman par lettres sur le modèle anglais du Paméla ou la Vertu récompensée de Samuel Richardson, qui sera un des plus gros tirages du siècle en séduisant par sa peinture préromantique du sentiment amoureux et de la nature. Les Confessions (rédigées entre 1765 et 1770, avec publication posthume en 1782 et 1789) et Les Rêveries du promeneur solitaire (écrites en 1776-1778, publiées en 1782) fondent l’autobiographie ; l'auteur s'y livre à une observation approfondie de ses sentiments intimes.

Ainsi l'influence de Jean-Jacques Rousseau est-elle majeure aussi bien dans le domaine de la philosophie politique en nourrissant la réflexion sur la démocratie que dans le domaine de la littérature, et, au-delà, dans les comportements, avec la place nouvelle faite à la sensibilité, qui s'épanouira au début du siècle suivant avec le romantisme.

Biographie

Famille et enfance

Raymond Trousson, dans la biographie qu'il consacre à Jean-Jacques Rousseau, indique que la famille était originaire de Monthléry, près d'Étampes, au sud de Paris[1]. L'aïeul de Jean-Jacques, Didier Rousseau, quitte Monthléry pour fuir la persécution religieuse contre les protestants. Il s'installe à Genève en 1549 où il ouvre une auberge[2].

L'arrière petit-fils de Didier Boucher, David Rousseau (1641-1738) est le grand-père de Jean-Jacques Rousseau. Il exerce comme son père, Jean Rousseau, le métier d'horloger, profession respectée et lucrative dans ce temps. Il épouse Suzanne Cartier qui lui donnera de nombreux enfants dont six atteindront l'âge adulte ; trois garçons, David, André et Isaac le père de Jean-Jacques (on ignore ce que deviendront les deux premiers) ; trois filles, Clermonde qui épousera Antoine Fazy, Théodora et Suzanne, ces deux tantes joueront un rôle plus actif dans la vie de Jean-Jacques.

Jean-Jacques Rousseau, est né le au domicile de ses parents situé Grand-Rue dans la ville-haute de Genève. Il est le fils d'Isaac Rousseau, (Genève, 1672 - Nyon, 1747), horloger comme son père et son grand-père, et de Suzanne Bernard (Genève, 1673 - Genève, 1712), elle-même fille d'un horloger nommé Jacques Bernard. Ses parents se marient en 1704, après qu'une première union eut réuni les deux familles puisque le frère de Suzanne, Gabriel Bernard avait épousé la sœur d'Isaac, Théodora Rousseau en 1699. Un premier garçon, François, naît le . Puis Isaac laisse femme et nouveau-né à Genève pour exercer son métier d'horloger à Constantinople. Il y restera six ans et reviendra au foyer en 1711, le temps de faire un deuxième enfant avec sa femme ; cette dernière décédera malheureusement de fièvre puerpérale le , neuf jours après la naissance de Jean-Jacques Rousseau.

Isaac Rousseau a un caractère parfois violent. À la suite d'une altercation avec un compatriote, il se réfugie à Nyon dans le canton de Vaud, le , pour échapper à la justice[3]. Il ne reviendra jamais à Genève, mais conservera quelques contacts avec ses fils, notamment Jean-Jacques qui fera régulièrement le voyage à Nyon et à qui il communiquera sa passion pour les livres. Il confie sa progéniture à son double beau-frère Gabriel Bernard en s'engageant à lui verser une pension.

Plaque commémorative dédiée au séjour de Jean-Jacques Rousseau dans l'ancien presbytère apposée sur l'église Saint-Pierre de Bossey, en Haute-Savoie.

À partir de l'âge de dix ans, Rousseau est donc élevé par son oncle Gabriel[4], un pasteur protestant qu'il prend pour son grand-père, et sa tante Suzanne. Son frère, François, quitte le domicile très tôt et l'on perd sa trace en Allemagne, dans la région de Fribourg-en-Brisgau. Rousseau est ensuite confié en pension au pasteur Lambercier à Bossey au pied du Salève, au sud de Genève, où il passe deux ans (1722 - 1724) en compagnie de son cousin Abraham Bernard.

Son oncle le place ensuite en apprentissage chez un greffier, puis, devant le manque de motivation de l'enfant, chez un maître graveur, Abel Ducommun. Le contrat d'apprentissage est signé le pour une durée de cinq ans[5]. Jean-Jacques qui a connu jusqu'à présent une enfance heureuse, ou tout au moins apaisée, va être alors confronté à une rude discipline[6]. Le , rentrant de balade sur le tard et trouvant les portes de Genève fermées, il décide de fuir (craignant d'être à nouveau battu par son maître[7]), non sans avoir fait ses adieux à son cousin Abraham.

Protection de Madame de Warens

Vue de la fontaine et du buste entourés par la balustre d'or commémorant la première rencontre entre Jean-Jacques Rousseau et Madame de Warens à Annecy.

Après quelques journées d'errance, il se réfugie par nécessité alimentaire auprès du curé de Confignon, Benoît de Pontverre. Celui-ci l'adresse à une Vaudoise de Vevey, la baronne Françoise-Louise de Warens, récemment convertie au catholicisme. La baronne s'occupait des candidats à la conversion. Rousseau s'en éprend et elle sera plus tard sa tutrice et sa maîtresse. Dans les Confessions, Rousseau souhaite que leur rencontre, le 21 mars 1728, soit matérialisée par un balustre d'or. Aussi peut-on observer à Annecy un buste du philosophe entouré d'un balustre doré sur lequel est écrit « un matin de Pâques fleuries, Rousseau rencontra ici Madame de Warens ». La baronne l'envoie à Turin à l'hospice des catéchumènes de Spirito Santo où il arrive le 12 avril 1728. Il s'accommode assez vite de la conversion au catholicisme marquée par son baptême le 23 avril, même s'il prétend dans ses Confessions avoir longuement résisté[8]. Il réside quelques mois à Turin en semi-oisif, vivotant grâce à quelques emplois de laquais-secrétaire et recevant conseils et subsides de la part d'aristocrates et abbés auxquels il inspire quelque compassion. C'est lors de son emploi auprès de la Comtesse de Vercellis que survient l’épisode du larcin (vol du ruban rose appartenant à la nièce de Mme de Vercellis) commis par le jeune homme et dont il fait lâchement retomber la faute sur une jeune cuisinière qui est renvoyée[9].

L'espérance déçue de ne pouvoir s'élever de sa condition, Rousseau se dissipe jusqu'à décourager ses protecteurs et il reprend, le cœur léger, le chemin de Chambéry pour retrouver la baronne de Warens en juin 1729. Jean-Jacques est encore un adolescent, timide, émotif à la recherche d'affection féminine qu'il trouve auprès de la baronne[10]. Il est le « Petit », il la nomme « Maman », devenant son factotum. Le jeune homme s'intéressant à la musique, elle l'encourage en octobre à se placer auprès d'un maître de chapelle, M. Le Maître. Mais une escapade à Lyon se termine brutalement par une crise d'épilepsie de Le Maître que Rousseau, affolé, abandonne en pleine rue[11]. La poursuite du voyage à Paris est un échec et il va connaître une année de tribulation en Suisse où il donne ses premières leçons de musique à Neuchâtel en novembre 1730. En avril 1731, il devient interprète d'un faux archimandrite rencontré à Boudry mais ce dernier est un escroc qui est vite démasqué[7].

En septembre 1731, il retourne auprès de Mme de Warens. Il y trouve aussi Claude Anet, sorte de valet-secrétaire, mais aussi amant de la maîtresse de maison. Mme de Warens est à l'origine d'une grande partie de son éducation sentimentale et amoureuse. Le curieux ménage à trois fonctionne tant bien que mal jusqu'au décès de Claude Anet d'une pneumonie le 13 mars 1734[12]. « Maman » et Rousseau s'installent pendant l'été et l'automne aux Charmettes[13]. Pendant ces quelques années idylliques et insouciantes selon ses Confessions, Rousseau s'adonne à la lecture en puisant dans l'importante bibliothèque de M. de Conzié avec laquelle il va se fabriquer « un magasin d'idées ». Grand marcheur, il décrit le bonheur d'être dans la nature, le plaisir lié à la flânerie et la rêverie, au point d'être qualifié de dromomane[14]. Il travaille aux services administratifs du cadastre du duché de Savoie, puis comme maître de musique auprès des jeunes filles de la bourgeoisie et de la noblesse chambériennes. Mais sa santé est fragile. « Maman » l'envoie en septembre 1737 consulter un professeur de Montpellier, le docteur Fizes, sur son polype au cœur. C'est au cours de ce voyage qu'il fait la connaissance de Madame de Larnage âgée de vingt ans de plus que lui, mère de dix enfants, sa vraie initiatrice à l'amour physique[15].

De retour à Chambéry, il a la surprise de trouver auprès de Madame de Warens un nouveau converti et amant, Jean Samuel Rodolphe Wintzenried[16], et le ménage à trois reprend. En 1739, il écrit son premier recueil de poèmes , Le Verger de Madame la baronne de Warens, poésie grandiloquente éditée en 1739 à Lyon ou Grenoble.

Débuts difficiles

« Je me trouble. Je m'égare. Et bref, me voilà épris de Madame Dupin. »
Jean-Jacques Rousseau,
Les Confessions, chapitre VII.

Il est temps de quitter le nid douillet. Jean-Jacques Rousseau trouve un emploi de précepteur en 1740 auprès des deux fils du prévôt général de Lyon, M. de Mably. Ce dernier est le frère ainé de Gabriel Bonnot de Mably et Étienne Bonnot de Condillac qui feront tous deux une carrière littéraire. Il a l'occasion de fréquenter la bonne société lyonnaise et de gagner quelques amitiés, notamment celle de Charles Borde qui l'introduira dans la capitale. Chambéry est proche et il peut rendre quelques visites à « Maman », mais les liens sont distendus. Après une année difficile auprès de ses jeunes élèves, Rousseau et M. de Mably s'accordent pour mettre fin au contrat. Rousseau décide alors de tenter sa chance à Paris.

De retour à Chambéry en 1741, Rousseau, qui avait appris en autodidacte la théorie musicale, entreprend d'inventer un système de notation musicale en supprimant la portée pour lui substituer un système chiffré. Il dispose d'une lettre d'introduction auprès de M. de Boze qu'il retrouve à Paris en août 1742, ce dernier le présente à Réaumur. Il peut ainsi rapidement présenter son projet à l'Académie des Sciences en 1742. Mais il lui est répondu que le système n'est pas nouveau, l'inventeur étant le père Souhaitty et surtout peu efficace. Rousseau n'en démord pas, améliore son projet et le fait publier à ses frais sous le titre de Dissertation sur la musique moderne, mais sans rencontrer le succès espéré. À cette époque il se lie d'amitié avec Denis Diderot tout aussi méconnu que lui, et reçoit les conseils du Père Castel. Il fréquente le salon de Madame de Beserval et de Madame Dupin qu'il tente vainement de séduire. Bonne âme, elle lui confie quelque temps l'éducation de son fils[7], Jacques-Armand Dupin de Chenonceaux en 1743.

Rousseau voyait souvent Condillac à l'époque où il composait l'acte d'Hésiode des Muses galantes, c'est-à-dire en 1743[17]. En juillet 1743, il est embauché comme secrétaire de Pierre-François, comte de Montaigu qui vient d'être nommé ambassadeur à Venise. Sa connaissance de l'italien et son zèle le rendent indispensable auprès d'un ambassadeur incompétent. Il apprécie la vie animée de Venise (spectacles, amours tarifées[18]) et par dessus tout la musique italienne. Mais son importance supposée le rend arrogant et Montaigu le congédie au bout d'un an. Il est de nouveau à Paris le 10 octobre 1744. Cette courte expérience lui a néanmoins permis d'observer le fonctionnement du régime vénitien. C'est à ce moment, alors qu'il a 31 ans, que son intérêt pour la politique s'éveille, et il conçoit le projet d'un grand ouvrage qui se serait intitulé Les Institutions politiques, et qui deviendra le fameux Du contrat social. Il y travaille de temps à autre pendant plusieurs années[19].

Il s'installe derechef à l'hôtel Saint-Quentin, rue des Cordiers, où il se met en ménage avec une jeune lingère, Marie-Thérèse Le Vasseur en 1745. Marie-Thérèse lui apporte l'affection qui lui manque et elle restera auprès de lui sa vie durant. Il épousera Thérèse civilement à Bourgoin-Jallieu le 30 août 1768. Jean-Jacques devra supporter non seulement cette femme bavarde et inintelligente, mais toute la famille de celle-ci[20]. Entre 1747 et 1751, naîtront de cet amour ancillaire cinq enfants que Jean-Jacques Rousseau, peut-être sur l'insistance de la mère de Thérèse[21], fera placer sans regret aux Enfants-Trouvés, l'assistance publique de l'époque. Il expliquera d'abord qu'il n'avait pas les moyens d'entretenir une famille[22], puis au livre 8 des Confessions, où il écrit clairement qu’il a livré ses enfants à l'éducation publique en considérant cet acte comme un acte de citoyen, de père, et en représentant de la République idéale selon Platon[23]. Au livre suivant des Confessions, il écrit également qu'il fit ce choix principalement pour soustraire ses enfants à l'emprise de sa belle-famille qu'il jugeait néfaste. Cette décision lui sera reprochée plus tard par Voltaire, lorsque Rousseau se posera en pédagogue dans son livre Émile, et par ce que Rousseau appelle la « coterie holbachique » (l'entourage de Holbach, Grimm, Diderot, etc.). Cependant, certains des amis de Rousseau, dont Madame d'Épinay avant sa brouille avec Jean-Jacques pour son amitié avec Grimm, offriront d'adopter ces enfants[24].

Il se met au travail et rédige quelques pièces en prose ou poésie. En mai 1743, il commence la composition d'un ballet héroïque, les Muses galantes, qui est représenté en 1744. Certaines pièces sont jouées en privé, mais n'apportent aucune notoriété à l'auteur. Il en est de même pour les récitatifs qu'il compose pour La Princesse de Navarre mais ils lui permettent de se prévaloir d'une maigre collaboration à la comédie-ballet du duo Voltaire-Rameau. Il gagne sa vie en exerçant les fonctions de secrétaire, puis de précepteur chez les Dupin de 1745 à 1751. Il étend surtout le cercle de ses relations en fréquentant Dupin de Francueil et sa maîtresse Louise d'Épinay, Condillac, d'Alembert, Grimm qui partage sa passion pour la musique et surtout Denis Diderot qui commence son œuvre originale et pour lequel Jean-Jacques éprouve une vive amitié et une sincère admiration. Diderot l'invite à participer au grand projet de l'Encyclopédie en lui confiant en 1749 les articles sur la musique.

Célébrité

Pierre-Alexandre Du Peyrou, riche habitant de Neuchâtel et son ami, qui a publié une partie de son œuvre.

En 1750, l'Académie de Dijon met au concours la question Le progrès des sciences et des arts a-t-il contribué à corrompre ou à épurer les mœurs ? Encouragé par Diderot, Rousseau participe au concours. Son Discours sur les sciences et les arts (dit Premier Discours) qui soutient que le progrès est synonyme de corruption, obtient le premier prix. L'ouvrage est publié l'année suivante. Ce discours suscite de nombreuses réactions ; pas moins de 49 observations ou réfutations paraissent en deux ans, parmi lesquels ceux de Charles Borde, l'abbé Raynal, jusqu'à Stanislas Leszczynski ou Frédéric II, ce qui permet à Rousseau d'affiner son argumentation dans ses réponses et apporte la notoriété à l'auteur[25].

Rousseau abandonne alors ses emplois de secrétaire et précepteur pour se rendre indépendant, il vit alors grâce à sa fonction de copiste (transcription de partitions musicales)[7] ; il adopte une attitude physique et vestimentaire plus en harmonie avec les idées développées dans le Discours. Mais ce sont ces idées qui vont l'éloigner progressivement de Diderot et des philosophes de l'Encyclopédie.

Le 18 octobre 1752, son intermède en un acte, Le Devin du village est représenté devant le roi Louis XV et la Pompadour, à Fontainebleau. L'opéra est un succès, mais Rousseau se dérobe le lendemain à la présentation au roi, refusant de ce fait la pension qui aurait pu lui être accordée. Il fait jouer immédiatement après sa pièce Narcisse, à laquelle Marivaux avait apporté quelques retouches.

Cette année 1752 voit le début de la Querelle des Bouffons. Rousseau y prend part auprès des encyclopédistes en rédigeant sa Lettre sur la musique française où il soutient la primauté de la musique italienne sur la musique française, celle de la mélodie sur l'harmonie, écorchant au passage Jean-Philippe Rameau.

En 1754, l'Académie de Dijon lance un autre concours auquel il répond par son Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (également appelé Second Discours), qui achève de le rendre célèbre. Rousseau y défend la thèse que l'homme est naturellement bon et dénonce l'injustice de la société[21]. L'œuvre suscite, comme le Premier Discours, une vive polémique de la part notamment de Voltaire, Charles Bonnet, Castel et Fréron. Sans attendre le résultat du concours, il décide de se ressourcer à Genève, non sans rendre au passage une visite à sa vieille amie, Mme de Warens. Célèbre et admiré, il est bien accueilli. Dans le domaine des idées, Rousseau s'éloigne des encyclopédistes, athées qui croient au progrès, alors que lui prône la vertu et l'amour de la nature. Il reste fondamentalement croyant. Il abjure le catholicisme et réintègre le protestantisme. Il commande à Genève l'édition du discours sur l'inégalité, mais ne reste que quelques mois dans la cité. Il est de nouveau à Paris le 15 octobre.

Solitude

Rousseau ne s’adressant plus seulement à la société bourgeoise comme les artistes de cour ou érudits des siècles précédents, il n’a cessé de s’adresser à un autre public contre la haute société, s’opposant au public des Salon littéraire, il attire même un public contre celui des salons parisiens[26]. Progressivement, sa célébrité devient « funeste » selon ses propres termes, cette célébrité qu’il a cherchée comme une arme sociale se retourne contre lui, et il entre dans une paranoïa, confronté à la personnalité publique qu’est devenu « Jean-Jacques », celle que les gens veulent voir, rencontrer, dont des portraits circulent[26],[27]. En avril 1756, Mme d'Épinay met à la disposition de Rousseau l'Ermitage, une maisonnette située à l'orée de la forêt de Montmorency. Il s'y installe avec Thérèse Levasseur et la mère de celle-ci, puis commence à rédiger son roman Julie ou la Nouvelle Héloïse et son Dictionnaire de la musique. Il entreprend aussi, à la demande de Mme d'Épinay, la mise en forme des œuvres de l'abbé de Saint-Pierre.

Au début 1757, Diderot envoie à Rousseau son drame Le Fils naturel. On y trouve la phrase « L'homme de bien est dans la société, il n'y a que le méchant qui soit seul ». Rousseau prend cette réplique pour un désaveu de ses choix et il s'ensuit une première dispute entre les amis.

Au cours de l'été, Diderot à Paris éprouve des difficultés pour faire paraître l'Encyclopédie. Ses amis Grimm et Saint-Lambert sont enrôlés dans la guerre de Sept Ans. Ils confient au vertueux Rousseau leur maîtresse respective, Mme d'Épinay et Mme d'Houdetot. Il tombe amoureux de cette dernière. S'ensuit une idylle vraisemblablement platonique, mais du fait de maladresses et d'indiscrétions, les rumeurs vont bon train jusqu'aux oreilles de l'amant. Rousseau en accuse successivement ses amis Diderot, Grimm et Mme d'Épinay qui vont définitivement lui tourner le dos. Mme d'Épinay lui signifie son congé, et il doit quitter l'Ermitage en décembre. Il part s'installer à Montmorency où il loue le Mont-Louis.

C'est alors qu'il répond par sa Lettre à M. d'Alembert (1758) à l'article sur Genève écrit par ce dernier pour l'Encyclopédie. Il y critique le théâtre qui corrompt les mœurs, nouveau paradoxe pour un Rousseau auteur de pièces de théâtre. Cette lettre lui vaut des critiques de ses anciens amis et la haine farouche de Voltaire.

Isolé à Montmorency et atteint de la maladie de la pierre, il devient bourru, misanthrope et cynique. Il gagne toutefois l'amitié et la protection du maréchal de Luxembourg et de sa deuxième épouse. Il reste cependant très jaloux de son indépendance ce qui lui laisse le temps d'exercer une intense activité littéraire. Il achève son roman Julie ou la Nouvelle Héloïse qui obtient un immense succès[28], et travaille à ses essais Émile, ou De l'éducation et Du contrat social. Les trois ouvrages vont paraître en 1761-1762 grâce à la complaisance de Malesherbes, alors directeur de la Librairie. Dans La profession de foi du vicaire savoyard, extrait de l'Émile, Rousseau réfute autant l'athéisme et le matérialisme des Encyclopédistes que l'intolérance dogmatique du parti dévot[29]. Dans Le Contrat Social, le fondement de la société politique repose sur la souveraineté du peuple et l'égalité civique devant la loi, expression de la volonté générale. Ce dernier ouvrage inspirera l'idéologie pré-révolutionnaire[30].

L'Émile et le Contrat social sont condamnés par le Parlement de Paris et sont interdits en France, aux Pays-Bas, à Genève et à Berne.

Exil

Ces dernières publications, Rousseau les a voulues malgré les inquiétudes de ses amis et des éditeurs hollandais. Menacé de prise de corps par la Grande Chambre du Parlement de Paris en juin 1762, il doit fuir seul la France avec l'aide du maréchal de Luxembourg ; Thérèse le rejoindra plus tard. Il évite Genève et se réfugie à Yverdon chez son ami Daniël Roguin. Si sa condamnation à Paris est surtout due à des motifs religieux, c'est le contenu politique du Contrat Social qui lui vaut la haine de Genève. Berne suit Genève et prend un décret d'expulsion. Rousseau doit quitter Yverdon et se rend à Môtiers auprès de Madame Boy de La Tour. Môtiers est situé dans la principauté de Neuchâtel qui relève de l'autorité du roi de Prusse Frédéric II. Ce dernier accepte d'accorder l'hospitalité au proscrit.

Les malheurs de Rousseau n'ont pas attendri les philosophes qui continuent à l'accabler, notamment Voltaire et D'Alembert. Physiquement, la maladie de la pierre le fait souffrir et il doit être régulièrement sondé. C'est alors qu'il adopte le long vêtement arménien plus commode pour cacher son affection[31]. Il se remet à écrire un mélodrame, Pygmalion puis une suite à L'Émile, Émile et Sophie, ou les solitaires qui restera inachevée.

L'Émile est mis à l'index en septembre 1762 et Christophe de Beaumont, archevêque de Paris lance l'anathème contre les idées professées par le Vicaire savoyard. Rousseau y répond par une Lettre à Christophe de Beaumont qui paraîtra en mars 1763, libelle contre l'Église romaine, mais qui ne calmera pas les ardeurs des pasteurs ennemis de Rousseau à Genève. Ces derniers mènent une lutte sourde contre les amis de Jean-Jacques qui cherchent vainement à le réhabiliter. Fatigué, Rousseau va finir par renoncer le 12 mai 1763 à la citoyenneté genevoise. Entre temps il se passionne pour la botanique et fait publier son Dictionnaire de la musique, fruit de seize années de travail.

Le conflit devient politique avec la publication des Lettres de la campagne de Jean-Robert Tronchin, procureur général auprès du Petit Conseil de Genève, auquel Rousseau réplique par ses Lettres de la montagne où il prend position en faveur du Conseil général, représentant le peuple souverain, contre le droit de véto du Petit Conseil. Les lettres sont publiées en décembre 1764, mais sont brûlées à La Haye et Paris, interdites à Berne. C'est le moment que choisit Voltaire pour publier anonymement les Sentiments des citoyens dans lesquels il révèle publiquement l'abandon des enfants de Rousseau. Le pasteur de Môtiers, Montmollin, qui l'avait accueilli lors de son arrivée, cherche alors à l'excommunier avec le soutien de la Vénérable Classe de ses confrères de Neuchâtel. Mais Rousseau est protégé par un rescrit de Frédéric II. Il passe toutefois pour un séditieux et la population rameutée par Montmollin devient si menaçante que, le 10 septembre 1765, Jean-Jacques se réfugie provisoirement dans l'île Saint-Pierre sur le lac de Bienne ; mais le gouvernement bernois l'expulse le 24 octobre.

Intermède anglais

Rousseau, depuis lors, vit dans la hantise d'un complot dirigé contre lui et décide de commencer son œuvre autobiographique en forme de justification. Il gagne Paris où il séjourne en novembre et décembre 1765 au Temple qui bénéficie de l'exterritorialité. Il est d'ailleurs sous la protection du prince de Conti et reçoit des visiteurs de marque. À l'invitation de David Hume, attaché à l'ambassade de Grande-Bretagne à Paris, il gagne l'Angleterre le 4 janvier 1766. Thérèse le rejoindra plus tard.

C'est à cette époque que circule dans les salons parisiens une fausse lettre du roi de Prusse adressée à Rousseau. Elle est bien tournée mais peu charitable à son égard. L'auteur est Horace Walpole, mais Rousseau l'attribue dans un premier temps à D'Alembert, puis soupçonne Hume de tremper dans le complot[32]. Hume a fréquenté à Paris les Encyclopédistes qui ont pu le mettre en garde contre Rousseau. Ce dernier, hypersensible et soupçonneux, se sent persécuté. Après six mois de séjour en Angleterre, la rupture est complète entre les deux philosophes, chacun se justifiant par des écrits publics, ce qui génère un véritable scandale dans les Cours européennes. Les ennemis de Rousseau, en premier lieu desquels Voltaire, jubilent, alors que ses amis, qui l'ont poussé à confier son destin à Hume, sont consternés par la tournure des évènements.

Il passe l'essentiel de son séjour anglais chez Richard Davenport, dans sa propriété de Wootton Hall dans le Staffordshire, du 22 mars 1766 au 1er mai 1767. Il y écrit les premiers chapitres des Confessions mais décide de revenir en France en mai 1767.

Retour en France

Toujours sous la menace de la condamnation du Parlement, Rousseau regagne la France sous le nom d'emprunt de Jean-Joseph Renou, nom de jeune fille de la mère de Thérèse[33]. Pendant un an il est hébergé par le prince de Conti au château de Trye, près de Gisors dans l'Oise. Le séjour est particulièrement terrifiant pour Rousseau qui en vient à soupçonner ses amis, y compris le fidèle Du Peyrou, venu lui rendre visite.

Le 14 juin 1768, il quitte Trye, ne peut s'établir à Lyon qui relève du Parlement de Paris, et va donc errer quelque temps en Dauphiné autour de Grenoble. Thérèse le rejoint à Bourgoin où le 29 août, et pour la première fois, il la présente au maire de la ville comme sa femme[34]. Il reprend son nom et s'installe à la ferme Monquin à Maubec[35]. Le Parlement de Paris semble vouloir laisser Rousseau tranquille dans la mesure où il ne publie pas. Il décide donc de quitter le Dauphiné le 10 avril 1770, séjourne quelques semaines à Lyon, et arrive à Paris le 24 juin 1770 où il loge à l'hôtel Saint-Esprit, rue Plâtrière.

À Paris, il survit en indépendant grâce à ses travaux de copiste en partition de musique. Il organise des lectures de la première partie des Confessions dans des salons privés devant des auditoires silencieux et gênés face à cette âme mise à nu[36]. Ses anciens amis craignent des révélations et Mme d'Épinay fait interdire ces lectures par Antoine de Sartine.

Il condamne la politique russe de démantèlement de la Pologne dans ses Considérations sur le gouvernement de Pologne, alors que la plupart des philosophes admirent Catherine II. Il poursuit l'écriture de ses Confessions et entame la rédaction des Dialogues, Rousseau juge de Jean-Jacques. Ne pouvant les publier sans susciter de nouvelles persécutions, il tente de déposer le manuscrit sur l'autel de Notre-Dame, mais la grille fermée lui en empêche l'accès. En désespoir de cause, il va jusqu'à distribuer aux passants des billets justifiant sa position[37].

C'est aussi l'époque où il herborise et écrit ses Lettres sur la botanique, activité qu'il partage avec Malesherbes, ce qui rapproche les deux hommes. Les Rêveries du promeneur solitaire, ouvrage inachevé, sont rédigées au cours de ses deux dernières années entre 1776 et 1778. Toutes ces dernières œuvres ne seront publiées qu'après sa mort.

Tombeau de Rousseau au Panthéon de Paris

Décès

En 1778, le marquis de Girardin lui offre l'hospitalité, dans un pavillon de son domaine du Château d'Ermenonville, près de Paris ; c'est là que l'écrivain philosophe meurt subitement le , de ce qui semble avoir été un accident vasculaire cérébral.

Le lendemain de sa mort, le sculpteur Jean-Antoine Houdon prend le moulage de son masque mortuaire. Le 4 juillet, le marquis René-Louis de Girardin fait inhumer le corps dans l'île des Peupliers dans la propriété où, en 1780, s'élèvera le monument funéraire dessiné par Hubert Robert, exécuté par J.-P. Lesueur. Le philosophe est rapidement l'objet d'un culte, et sa tombe est assidûment visitée.

Les révolutionnaires le porteront aux nues et la Convention demandera son transfert au Panthéon. L'hommage solennel de la nation française a lieu le  ; au cours d'une grandiose cérémonie les cendres de Jean-Jacques Rousseau sont transférées d'Ermenonville au Panthéon à Paris, où le hasard fait qu'il repose en face de Voltaire (mort moins de deux mois avant lui) qu'il n'appréciait guère. Jean-Jacques Rousseau devient officiellement l'une des gloires de la nation française.

Grands principes de la philosophie rousseauiste

Il est l'un des plus illustres philosophes du siècle des Lumières et eut une influence intellectuelle reconnue sur la Révolution française. Tous se réclament de lui. Les révolutionnaires, d'un extrême à l'autre, prétendent « ne marcher que le Contrat social à la main ». Mais paradoxalement, des théoriciens de la contre-révolution (Joseph de Maistre, Louis-Gabriel de Bonald) se réclament eux aussi de Rousseau. Il était considéré par Arthur Schopenhauer comme le « plus grand des moralistes modernes ». Schopenhauer disait : « Ma théorie a pour elle l'autorité du plus grand des moralistes modernes : car tel est assurément le rang qui revient à J.-J. Rousseau, à celui qui a connu si à fond le cœur humain, à celui qui puisa sa sagesse, non dans des livres, mais dans la vie ; qui produisit sa doctrine non pour la Chaire, mais pour l'humanité ; à cet ennemi des préjugés, à ce nourrisson de la nature, qui tient de sa mère le don de moraliser sans ennuyer, parce qu'il possède la vérité, et qu'il émeut les cœurs[38] ».

Ses travaux ont influencé grandement l'esprit révolutionnaire français. Il est particulièrement célèbre pour ses travaux sur l'homme, la société ainsi que sur l'éducation. La philosophie politique de Rousseau se situe dans la perspective dite contractualiste des philosophes britanniques des XVIIe siècle et XVIIIe siècles, et son fameux Discours sur l'inégalité se peut être considéré comme un dialogue avec l'œuvre de Thomas Hobbes.

Rousseau était d'une grande sensibilité. David Hume disait de lui[39] : « Toute sa vie il n'a fait que ressentir, et à cet égard sa sensibilité atteint des sommets allant au-delà de ce que j'ai vu par ailleurs ; mais cela lui donne un sentiment plus aigu de la souffrance que du plaisir. Il est comme un homme qui aurait été dépouillé non seulement de ses vêtements, mais de sa peau, et s'est retrouvé dans cet état pour combattre avec les éléments grossiers et tumultueux[trad 1] ». Bertrand Russell ajoutait[40] : « C'est le résumé le plus sympathique de son caractère qui est en quelque forme compatible avec la vérité[trad 2] ».

Religion

Rousseau se méfie beaucoup de la religion telle que révélée par les témoignages des hommes (l'Église) et les livres sacrés (tous traduits).

On constate en effet, qu'au cours de son existence, Rousseau, élevé à Genève dans la foi protestante du calvinisme genevois, se laisse convertir au catholicisme romain lors de son passage à Turin à l'âge de 17 ans, puis abjure le catholicisme à l'âge de 42 ans, pour renouer avec les autorités genevoises. En 1768, il épouse civilement Thérèse Levasseur à Bourgoin en France, sans pour autant consacrer religieusement cette union, ce qui, à l'époque, rend le mariage invalide.

De ses différents écrits publiés de son vivant, trois groupes de textes sont à prendre en compte pour comprendre son rapport à la religion :

  • Les écrits « théoriques », ou « dogmatiques », comme la Lettre à Voltaire sur la Providence, le livre IV de l'Émile, Profession de foi du vicaire savoyard, ajouté in extremis à l'ouvrage, peu avant l'impression ; le 8e et dernier chapitre du Contrat social, lui aussi ajouté au dernier moment à la fin du livre (ce chapitre 8 est le plus long de l'ensemble de l'ouvrage) ; enfin, la Nouvelle Héloïse. On remarquera que ces trois derniers ouvrages ont été publiés à la même période (1762-1763).
  • Les écrits de justification ou de polémique : la Lettre à Christophe de Beaumont, les Lettres écrites de la montagne et les Dialogues (Rousseau juge de Jean-Jacques).
  • La correspondance privée, notamment les lettres à Paul Moultou et la lettre à Franquières de 1769[41].

Ce qui ressort de manière frappante dans l'ensemble des textes publics et privés peut être résumé par la formule que Rousseau adresse à Christophe de Beaumont :

« Monseigneur, je suis chrétien, et sincèrement chrétien, selon la doctrine de l'Évangile. Je suis chrétien, non comme un disciple des prêtres, mais comme un disciple de Jésus-Christ. »

Cette formule révèle un christianisme singulier, débarrassé de toute théologie ; Jean-Jacques Rousseau nie la nécessité des médiations : ni prêtres, ni théologiens, il ne croit pas en la foi nécessaire et non plus qu'aux miracles, ou à la doctrine du péché originel. Sa foi chrétienne est une sorte de déisme rationaliste, héritée de Bernard Lamy et de Nicolas Malebranche[42] : il y a un dieu parce que la nature et l'univers sont ordonnés. Rousseau n'est pas matérialiste (voir la Lettre à Franquières), mais il n'est ni un protestant orthodoxe, ni un catholique romain. Pourtant, il se dit croyant, y compris dans sa lettre du 14 février 1769 à Paul Moultou, lequel semble désireux de renoncer à sa foi, et qu'il exhorte à ne pas « suivre la mode »[43].

En particulier, Rousseau ne croit pas en la doctrine du péché originel, qui est selon lui une doctrine bien commode qui incrimine sans cesse la nature humaine. C'est la raison pour laquelle Rousseau a souvent, résolument et longuement, combattu cette doctrine. Il parle avec ironie de ce péché « pour lequel nous sommes punis très justement des fautes que nous n’avons pas commises » (Mémoire à M. de Mably)[44]. S'il nie cette doctrine, c'est pour des raisons théologiques, car il voit dans les anathèmes qui semblent impliqués dans ce dogme une conception dure et inhumaine, qui « obscurcit beaucoup la justice et la bonté de l'Être suprême », mais aussi parce que, se sentant bon, il ne peut concevoir d'être affecté par une tare secrète[45]. Cette position amènera Rousseau à forger la fiction d'un « état de nature », extra-moral et extra-historique, pour écarter tous les faits de l'histoire[46].

Politique

Les sources de la pensée politique de Rousseau sont nombreuses et se construisent en critiquant et en s'inspirant de Lucrèce, de Hobbes, de Locke, des théoriciens du droit naturel (Hugo Grotius, Pufendorf), de Montesquieu. Il s'est aussi opposé aux physiocrates, les premiers économistes français, pour qui la création de richesse ne pouvait provenir que de l'exploitation de la terre[47]. On garde de lui quelques lettres échangées avec Mirabeau père, l'auteur de l'Ami des Hommes. Dès le Discours sur les sciences et les arts, Rousseau affirme son originalité en réfutant la thèse de la sociabilité naturelle de l'homme et en affirmant sa bonté naturelle. Le progrès technique n'est pas un progrès moral ; l'homme n'est plus ce qu'il est, il est ce qu'il a ; les valeurs (patriotisme, fidélité etc.) ont disparu au profit de valeurs de l'apparence[48]. L'homme est un animal perfectible, le seul de la création. Il y a chez Rousseau une nostalgie d'un état de société où l'on est responsable en tant que citoyen qui souhaite la justice. Il accepte une certaine inégalité où la propriété est établie de manière à ce que tout le monde puisse se nourrir (lui et sa famille), où l'on est juste selon une notion d'« une certaine égalité », celle qui ne crée pas de différences telles que celles qui existent. Dans la même optique, la propriété est sacrée, n'est pas contestable, sauf lorsqu'elle est abusive : nul ne soit assez riche pour en acheter un autre, et nul ne soit assez pauvre pour être contraint de se vendre[49].

Du contrat social, édition de 1772

La nature et l'« état de nature » chez Rousseau

Le concept d'« état de nature » est d'une importance fondamentale du point de vue du système juridique français, puisqu'il constitue le fondement philosophique du Contrat social, qui inspirera plus tard les révolutionnaires français pour la rédaction de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, plus particulièrement son article 6 (« La loi est l'expression de la volonté générale... »).

La conception de la nature chez Rousseau est indissociable de ses positions concernant la religion, la société et la politique, puisque c'est en partant de l'idée d'une nature idéalisée dont « les premiers mouvements sont toujours droits[50] » qu'il aborde une problématique courante à son époque : comment était l'Homme lorsqu'il vivait à l'état de nature, comment s'est déroulé le passage de l'état de nature à la réunion des Hommes en société, et enfin, quelles en ont été les conséquences. Ainsi, puisque « Tout est bien sortant des mains de l’Auteur des choses[51] », Rousseau affirme que l'humanité dans sa condition primitive est exempte de perversité ou de vice[51].

Si l'opposition de Rousseau envers la thèse de la socialité naturelle le rapproche de Hobbes, qui voyait dans l'homme naturel un être isolé et cherchant avant tout à contenter ses besoins, il se détache cependant clairement du penseur anglais au sujet de la nature bonne ou mauvaise de l'humain à l'état de nature. En effet, au contraire de Rousseau, Hobbes affirmait, reprenant Plaute, que l'« homme est un loup pour l'homme » (homo homini lupus est). Et cela n'est pas sans conséquence sur leur idéal politique : considérant l'agressivité naturelle de l'homme, Hobbes, profondément choqué par la guerre civile et les troubles religieux anglais du XVIIe siècle, réclamait un pouvoir étatique absolu confisquant la violence individuelle au profit de l'État ; enthousiasmé par la bonté naturelle, Rousseau, lui, considère que le pouvoir doit venir des individus eux-mêmes.

En fait, l'état de nature est une reconstruction imaginaire qui se substitue au mythe biblique du jardin d'Éden dans le Livre de la Genèse. La désobéissance humaine à l'ordre donné par Dieu de ne pas manger du fruit défendu de l'arbre de la connaissance du bien et du mal avait inspiré au début du Ve siècle au théologien chrétien Augustin d'Hippone la doctrine du péché originel, à laquelle Rousseau ne croyait pas, mais auquel il se réfère explicitement dans la note 9 du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes[46].

Dans cet ouvrage, publié en 1755, Rousseau présente déjà l'état de nature comme une situation heureuse, où les Hommes d'une part vivent dans l'abondance, d'autre part sont libres et égaux, bien qu'étant proches d'une condition animale. En effet, Rousseau estime qu'il ne peut y avoir ni domination ni droit fondé sur la nature, et donc qu'il ne peut y avoir d'inégalité de droit à l'état de nature. L'amour de soi, l'amour d'autrui (pitié) et le désir de conservation sont les seules passions naturelles que Rousseau attribue à l'Homme, dans Émile ou de l'éducation, et ce en considérant l'amour de soi comme ni bon ni mauvais en lui-même[51].

Lorsque l'humanité sortit de cet état primitif, ce ne fut ni strictement le fait de sa volonté (l'homme étant alors satisfait de son état), ni celui d'une nécessité absolue (à l'inverse de la guerre de tous contre tous qu'invoque Hobbes). Elle est plutôt le fruit du hasard, puisque c'est la nature, qui « subitement est devenue inhospitalière [et] a poussé les hommes à s'unir pour lutter contre les dangers[52] » Cependant, c'est aussi la nature elle-même qui, paradoxalement, rendait possible cette sortie de l'état de nature, car Rousseau considère que l'Homme, à la différence des autres animaux, a naturellement en lui le potentiel de développer des passions et des désirs qu'il ne possède pas primitivement, tout comme celui de développer sa capacité de raisonner, possibilité qu'il appelle la « perfectibilité » de l'Homme.

La sortie de l'état naturel a conduit les hommes à se grouper en villes toujours plus grandes, d'où la Nature fut chassée et qui accumulèrent les catastrophes. Dans l’Émile, par exemple, Rousseau tonne contre Paris et Londres, où l'homme vit à l'encontre des lois de la Nature et se ruine en succombant aux épidémies, en renonçant à faire des enfants, en dégradant ses mœurs : « Les villes sont le gouffre de l'espèce humaine [...] Les hommes ne sont point faits pour être entassés en fourmilières, mais épars sur la terre qu'ils doivent cultiver. Plus ils se rassemblent, plus ils se corrompent. Les infirmités du corps, ainsi que les vices de l'âme, sont l'infaillible effet de ce concours trop nombreux[53]. » Rousseau est ainsi l'un des fondateurs du courant « urbaphobe » qui va, jusqu'à nos jours, combattre la grande ville (Cf Colloque La ville mal aimée, Cerisy-la-Salle, 2007[54]). Dans l’Émile, Rousseau décrit son idéal, la ferme isolée vivant en autarcie sous un régime patriarcal : « ce pain bis, que vous trouvez si bon, vient du blé recueilli par ce paysan; son vin noir et grossier, mais désaltérant et sain, est du cru de sa vigne; le linge vient de son chanvre, filé l'hiver par sa femme, par ses filles, par sa servante; nulles autres mains que celles de sa famille n'ont fait les apprêts de sa table; le moulin le plus proche et le marché voisin sont les bornes de l'univers pour lui[55].». Rousseau fonde ainsi l'opposition local/global, autarcie/globalisation, l'une des grandes questions du monde moderne.

Société, liberté et égalité

Selon Rousseau, ce n'est qu'une fois les Hommes regroupés en société, et plus précisément une fois que fut instaurée la propriété, que surgissent les inégalités et l'état de guerre. Et c'est de là que s'imposa la nécessité d'établir des lois et celle de se soumettre à une autorité commune.

Ainsi, Rousseau soutient d'une part que le besoin de reconnaissance sociale fut le premier pas vers l'inégalité[56], d'autre part que le « vrai fondateur de la société civile » fut le premier qui parvint à s'approprier un terrain[57]. Ainsi, société, inégalité et vices sont pour Rousseau associés : « l'égalité rompue fut suivie du plus affreux désordre : c'est ainsi que les usurpations des riches, les brigandages des pauvres, les passions effrénées de tous étouffant la pitié naturelle, et la voix encore faible de la justice, rendirent les hommes avares, ambitieux, et méchants[58]. »

Cependant, bien que Rousseau lie inégalités et organisation sociale, il affirme dans le Contrat Social « que le plus grand bien de tous, qui doit être la fin de tout système de législation […] se réduit à ces deux objets principaux, la liberté et l'égalité[59]. » Dans son discours sur l'inégalité, Rousseau affirmait d'ailleurs déjà qu'il est « incontestable, et c'est la maxime fondamentale de tout le droit politique, que les peuples se sont donnés des chefs pour défendre leur liberté et non pour les asservir[60]. », montrant par là qu'il n'estime pas comme inéluctable la corruption qu'engendre la société, mais qu'au contraire, « C’est précisément parce que la force des choses tend toujours à détruire l’égalité que la force de la législation doit toujours tendre à la maintenir[59]. » Plutôt que de défendre un retour à l'état de nature au nom de la liberté et du bonheur innocent auquel Rousseau l'associe, il entreprend d'imaginer une forme d'association politique qui permette la liberté et l'égalité au sein d'une société.

À beaucoup d'égards, Rousseau prend des positions qui sont opposées à celles des auteurs de l'Encyclopédie, qui répandent l'esprit des Lumières. Il s'en distingue notamment par son rejet du progrès et son refus d'un enseignement autre que naturel, ainsi que par sa doctrine politique hostile à la séparation des pouvoirs, seul le peuple et pas ses représentants, étant dépositaire du pouvoir. Ses conceptions ont inspiré de nombreux régimes politiques révolutionnaires.

Le Contrat Social et l'idée de démocratie chez Rousseau

Le Contrat social a parfois été considéré comme le texte fondateur de la République française, non sans malentendus, ou à titre d'accusation de la part des opposants à la République. On s'est surtout attaché à sa théorie de la souveraineté : celle-ci appartient au peuple et non à un monarque ou à un corps particulier. Assurément, c'est chez Rousseau qu'il faut chercher les sources de la conception française de la volonté générale : contrairement aux théories politiques anglo-saxonnes, Rousseau ne considère pas la volonté générale comme la somme des volontés particulières — c'est-à-dire la volonté de tous -, mais comme ce qui procède de l'intérêt général : « ôtez [des volontés particulières] les plus et les moins qui s'entre-détruisent, reste pour somme des différences la volonté générale ». Pour Rousseau, la volonté générale, c’est la décision collective du peuple souverain, qui exprime le choix rationnel de chacun, et par laquelle les différences individuelles sont surmontées grâce à la raison, qui rend chacun apte à percevoir, au-delà de son seul intérêt, la solidarité des intérêts[61].

Dans le Contrat social, Rousseau cherche le fondement d'une autorité légitime parmi les hommes. Il s'agit pour lui de définir à quelles conditions l'homme peut se soumettre à une autorité, ici de nature politique, sans rien perdre de sa liberté. L'homme étant naturellement libre, ce fondement ne peut être qu'une convention. Comment les hommes peuvent-ils associer leurs forces, sans renoncer pour autant à la liberté ? Tel est le problème du contrat social, énoncé en ces termes : « Trouver une forme d'association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun, s'unissant à tous, n'obéisse pourtant qu'à lui-même, et reste aussi libre qu'auparavant ».

On oublie souvent que Rousseau destinait son Contrat social à de petits États. Il s'inspirait de deux modèles, l'un antique (la cité grecque, notamment Sparte alors tenue pour démocratique), l'autre moderne (la République de Genève). Rousseau s'opposait à l'opinion de la majeure partie des « Philosophes » qui admiraient souvent les institutions anglaises, modèle d'équilibre des pouvoirs loué par Montesquieu et Voltaire. Parmi ses écrits politiques[62] Rousseau a été mandaté par la république de Gênes afin de donner une Constitution à la Corse où le « small is beautiful » est souligné car il se base sur le fonctionnement institutionnel de la Confédération Helvétique de son époque. Il a aussi étudié le fonctionnement du gouvernement de la Pologne. Rousseau s'opposait également avec force au principe de la démocratie représentative et lui préférait une forme de démocratie directe, calquée sur le modèle antique. Se borner à voter, c'était, selon lui, disposer d'une souveraineté qui n'était qu'intermittente. Il moque ainsi le système électoral alors en cours en Angleterre, en affirmant que le peuple n'y est libre que le jour des élections, et esclave sitôt que ses représentants sont élus[63]. Sa critique envers l'idée de représentation de la volonté est donc sévère : « La souveraineté ne peut être représentée, par la même raison qu’elle ne peut être aliénée ; elle consiste essentiellement dans la volonté générale, et la volonté ne se représente point : elle est la même, ou elle est autre ; il n’y a point de milieu. Les députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être ses représentants, ils ne sont que ses commissaires ; ils ne peuvent rien conclure définitivement », concluant que « Toute loi que le peuple en personne n’a pas ratifiée est nulle ; ce n’est point une loi »[64]. En revanche, il s'oppose à la diffusion massive des savoirs, comme le montre son Discours sur les sciences et les arts car il y voit la cause de la décadence moderne. La vision de Rousseau se rapproche bien plus du modèle de Sparte, cité martiale, dont le modèle entretenait déjà quelque rapport avec la cité de La République de Platon, qu'Athènes, cité démocratique, bavarde et cultivée.

Certains critiques, comme l'universitaire américain Lester G. Crocker[65], particulièrement sensibles au modèle d'autarcie et d'unité nationales de Rousseau, lui ont reproché d'avoir favorisé le totalitarisme contemporain. Selon Jan Marejko, le totalitarisme est le « résultat positif » de la philosophie ou de la religion de Jean-Jacques Rousseau, ce qui ne signifie pas que l'on trouve dans les écrits de Rousseau une intention délibérée d'élaborer un système totalitaire[66]. L'historien israélien Jacob L. Talmon voit également dans la théorie de la volonté générale de Rousseau l'origine de ce qu'il appelle la « démocratie totalitaire »[67]. Cette opinion est minoritaire, mais elle témoigne de la forte polémique qu'ont encore de nos jours les écrits du « Citoyen de Genève ».

Jean-Jacques Rousseau et la musique

Compositeur et théoricien

Musique de la pièce Avril, page 2

La musique fut la vocation contrariée de Rousseau ; loin d'être un compositeur aussi brillant que Rameau, il n'en a pas moins su apporter des innovations telles que, par exemple, le mélodrame (Pygmalion) inspirant notamment Hector Berlioz (Lélio ou le Retour à la vie). Initié par Madame De Warens, il en vécut médiocrement durant son séjour à Paris, gagnant sa vie essentiellement en tant que copiste : « Je sens combien je vais me nuire à moi-même si l'on compare mon travail à mes règles : mais je n'ignore pas que celui qui cherche l'utilité publique doit avoir oublié la sienne. Homme de lettres, j'ai dit de mon état tout le mal que j'en pense ; je n'ai fait que de la musique française, et n'aime que l'italienne ; j'ai montré toutes les misères de la société quand j'étais heureux par elle : mauvais copiste, j'expose ici ce que font les bons. O vérité ! mon intérêt ne fut jamais rien devant toi ; qu'il ne souille en rien le culte que je t'ai voué[68]. » Rousseau fut l'auteur et compositeur d'un intermède, Le Devin du village (1752), lequel fut célébré par le roi Louis XV de France. En conséquence, ce dernier proposa d'offrir une bourse à Jean-Jacques, mais celui-ci la refusa. Ce fut à cette occasion qu'éclata la première dispute entre Rousseau et Diderot, ce dernier le pressant d'accepter l'offre du roi.

Dans le deuxième Dialogue, Rousseau énumère un acte de Daphnis et Chloé, une seconde musique du Devin du Village, plus de cent morceaux de divers genres, six mille pages copiées de musique de harpe, de clavecin, des solo et concerto de violon, résumant un travail de copiste de six ans, lequel lui permit de vivre. Il écrivit aussi le Dictionnaire de musique, édité en 1767, approuvé par Alexis Claude Clairaut (le 15 avril 1765) et très prisé des musiciens européens de l'époque, dans lequel Rousseau reprenait et actualisait, à la demande de Diderot, les dizaines d'articles écrits pour l'Encyclopédie. Très influencé d'abord par les écrits harmoniques de Rameau, il était devenu très critique, depuis la Querelle des Bouffons (voir sa Lettre sur la musique française en 1752), à l'égard de l'harmonie. Selon Louis Laloy : « Pour le citoyen de Genève [Rousseau], toute musique qu'il ne saurait écrire lui-même est gothique »[69].

Il décida notamment d'adapter un air à la pièce Avril de Rémy Belleau ([audio]).

Durant sa période chambérienne, il avait imaginé un nouveau système de transcription des notes de musique.

Harmonie et mélodie

On retrouve toute cette problématique philosophique entre harmonie et mélodie développée dans l'Essai sur l'origine des langues (sous-titré Où il est parlé de la mélodie et de l'imitation musicale). Jean-Jacques Rousseau place la mélodie avant la musique, car elle permet l'humanisation du naturel en l'homme, alors qu'il dénie à l'harmonie toute valeur d'émotion. La mélodie n'est que la transcription des passions humaines qu'expriment par leur chant les hommes, définis spécifiquement par leur perfectibilité, c'est-à-dire leur capacité à évoluer, à acquérir et développer toutes leurs faculté et leur imagination, en improvisant leur histoire dans une temporalité non préétablie par une quelconque harmonie plus ou moins pythagoricienne. C'est sans doute grâce à Rousseau que la musique et la chanson populaires ont continué et renouvelé une tradition mêlant poésie et chant, mélange qui aurait été à l'origine des langues et qui se serait produit dans le cadre d'improvisations.

Postérité

Entrée au Panthéon

La question de l'hommage de la nation à Rousseau a été posée peu de temps après la décision de l'Assemblée du de transformer l'église Sainte-Geneviève en sépulture des grands hommes, à la suite de l'entrée de Voltaire le dans ce qui était devenu le Panthéon. En août 1791, le journaliste et écrivain Pierre-Louis Ginguené. rédigea une pétition qu'il fit circuler parmi les gens de lettres. Appuyée par 300 signatures, elle fut remise par deux députations, l'une de Parisiens, l'autre d'habitants de Montmorency. Les Parisiens exigeaient une statue, mais aussi le transfert au Panthéon, tandis que les habitants de Montmorency se seraient contenté d'un cénotaphe dans le mémorial républicain[70].

Le projet sommeilla quelques années. Thérèse veuve Rousseau se présenta le à la Convention nationale pour réclamer fermement la translation promise. Les événements de la Terreur repoussèrent encore l'application de la décision. Finalement, la cérémonie fut fixée au [71].

L'entrée au Panthéon se fit au son de l'orgue, dans un « recueillement religieux ». Cambacérès, président de la Convention, fit l'éloge du grand homme :

« Moraliste profond, apôtre de la liberté et de l'égalité, il a été le précurseur qui a appelé la nation dans les routes de la gloire et du bonheur. [...] C'est à Rousseau que nous devons cette régénération salutaire qui a opéré de si heureux changements dans nos mœurs, dans nos coutumes, dans nos lois, dans nos esprits, dans nos habitudes... Ce jour, cette apothéose, ce concours de tout un peuple, cette pompe triomphale, tout annonce que la Convention veut acquitter à la fois envers le philosophe de la nature, et la dette des Français, et la reconnaissance de l'humanité. »

La cérémonie fut conclue par un Hymne à Jean-Jacques Rousseau de Marie-Joseph de Chénier sur une musique de Gossec. Le soir, pendant que le peuple dansait, on pouvait voir une gravure de Geissler représentant la Résurrection de Jean-Jacques Rousseau où, coiffé de son bonnet d'Arménien, il sortait de son tombeau comme un nouveau Christ[72].

Influence philosophique mondiale

L'œuvre de Jean-Jacques Rousseau a eu une influence considérable chez tous les réformateurs et révolutionnaires des XIXe et XXe siècles.

Rousseau a eu beaucoup d'influence sur les principaux acteurs de la Révolution française, tels que Robespierre, Saint-Just, Marat et Babeuf. La pensée politique de Rousseau deviendra progressivement incontournable, et influencera les révolutionnaires de 1830 et de 1848, Blanqui et les Communards de 1871, les anarchistes de la fin du XIXe siècle et les radicaux-socialistes du début du XXe[73].

On accuse Rousseau d'avoir inspiré la Terreur. En effet, Robespierre avait lu Du contrat social.

Rousseau a inspiré Simón Bolívar, principal libérateur de l'Amérique latine, qui fut éduqué dans les idées de l'Émile et qui suivit les préceptes de Rousseau dans son œuvre constitutionnelle et politique dans la première moitié du XIXe siècle.

Le penseur politique japonais Chōmin Nakae de l'ère Meiji traduisit en 1874 une partie du Contrat social en chinois classique, afin d'en faire profiter les Japonais et les peuples d'Asie. Les anarchistes et ceux qui voulaient constituer le Japon sur le modèle européen s'en inspirèrent. En Chine, le Journal du peuple le diffusa dans une perspective révolutionnaire.

Le Livre vert de Mouammar Kadhafi est imprégné de concepts directement rousseauistes.

Selon Alain Badiou, l'idéologie des Khmers rouges peut s'apparenter à un des concepts centraux de la philosophie de Rousseau, ainsi que la Révolution culturelle maoïste.

Mais Rousseau aurait aussi inspiré des mouvements d'extrême-droite : en France, l'ultra-nationaliste Paul Déroulède l'invoque au début du XXe siècle, et Marcel Déat, ministre dans le gouvernement de Vichy, en fait l’éloge en 1942, saluant un « Rousseau totalitaire » qu’il revendique « parmi les précurseurs et les ancêtres de la révolution nationale ».

Bertrand Russell décrit Rousseau, dans son Histoire de la philosophie occidentale (1952) comme « l’inventeur de la philosophie politique de dictatures pseudo-démocratiques », et conclut que « Hitler en est le résultat »[74].

Œuvres

Page de garde du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes.
Page de garde d'Émile ou de l'Éducation de Jean Jacques Rousseau
  • L'édition de référence, riche en introductions, notes et variantes, est pour l'heure, celle des Œuvres complètes, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 5 tomes, publiée sous la direction de Bernard Gagnebin et Marcel Raymond[75].
  • On trouve l'intégrale des œuvres de Rousseau sur le site http://www.rousseauonline.ch/.
  • R. A. Leight (dir.), Correspondance complète de Rousseau : Édition complète des lettres, documents et index (Volumes 1-52), Voltaire foundation - University of Oxford, 20 474, 343 ill. (ISBN 9780729406857, présentation en ligne)
  • Rousseau est l'un des auteurs de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, dont il a rédigé la plupart des articles sur la musique, ainsi que l'article « Économie politique » (publié en 1755 dans le tome V de l'Encyclopédie), plus généralement connu aujourd'hui sous le titre de Discours sur l'économie politique[76].

Chronologie des œuvres

Notes et références

Traductions

  1. (en) « He has only felt during the whole course of his life, and in this respect his sensibility rises to a pitch beyond what I have seen any example of; but it still gives him a more acute feeling of pain than of pleasure. He is like a man who was stripped not only of his clothes, but of his skin, and turned out in this situation to combat with the rude and boisterous elements. »
  2. (en) « This is the kindest summary of his character that is in any degree compatible with truth. »

Notes

  1. Pour consulter l'arbre généalogique de Rousseau, voir « Connaissez-vous Jean-Jacques ? Famille, je vous aime ! », sur le site de l'Académie de Grenoble.
  2. Trousson, t. I, p. 19.
  3. Trousson, t. I, p. 38-39.
  4. « Gabriel Bernard, frère de ma mère », Les confessions : Livre premier, Garnier-Flammarion, , p. 44.
  5. Trousson, t. I, p. 48.
  6. Tous ces renseignements sur la petite enfance de Jean-Jacques se trouvent dans le Livre premier des Confessions.
  7. a b c et d Bernard Cottret, « Rousseau fête ses 300 ans ! », émission Au cœur de l'histoire sur Europe 1,
  8. Trousson, t. I, p. 62-63.
  9. Trousson, t. I, p. 71.
  10. Trousson, t. I, p. 93.
  11. Trousson, t. I, p. 97.
  12. Trousson, t. I, p. 127.
  13. La maison est une propriété du marquis François de Conzié. Rousseau reverra Conzié longtemps après le décès de Mme de Warens. Cf. Guillermin C., Notice de M. de Conzié des Charmettes, sur Mme de Warens et Jean-Jacques Rousseau et « Bail de la propriété des Charmettes », Bulletin de la Société savoisienne d’histoire et d’archéologie, vol. I,‎ , p. 73-90.
  14. Emmanuel Régis, La dromomanie de Jean-Jacques Rousseau, Société française d'imprimerie et de librairie, (lire en ligne)
  15. Sur ce point, voir la notice consacrée à Mme de Larnage dans Raymond Trousson (éd.) et Frédéric S. Eigeldinger (éd.), Dictionnaire de Jean-Jacques Rousseau, Paris, Éditions Honoré Champion, .
  16. Trousson, t. I, p. 151.
  17. Raymond Trousson, Jean-Jacques Rousseau, Tallandier, p. 197
  18. Jean-Jacques Rousseau, Les confessions, seconde partie, livre 7, p. 91
  19. Raymond Trousson, Jean-Jacques Rousseau, Tallandier, p. 452
  20. Trousson, t. I, p. 217.
  21. a et b « Rousseau », dans Le Nouveau Dictionnaire des Auteurs, Laffont-Bompiani, .
  22. « Lettre à Madame de Francueil, 1751 ».
  23. Platon, La République [détail des éditions] [lire en ligne] (Livres V et VI)
  24. Sur ce point, voir la biographie de Trousson.
  25. Trousson, t. I, p. 271-275.
  26. a et b Entrez sans frapper, émission de la Première en radio, diffusée le lundi 29 septembre 2014
  27. Antoine Lilti, Figures publiques : L'invention de la célébrité 1750-1850, 2014, Fayard
  28. Trousson, t. II, p. 123.
  29. Trousson, t. II, p. 79-81.
  30. Trousson, t. II, p. 127.
  31. Trousson, t. II, p. 197.
  32. Trousson, t. II, p. 328.
  33. Trousson, t. II, p. 355.
  34. « Le Mariage à Bourgoin : le 29 août 1768 », sur bourgoinjallieu.fr.
  35. « Maubec, vieille ferme de Monquin ».
  36. Trousson, t. II, p. 404.
  37. Nouveau Dictionnaire des Auteurs : Article Rousseau, Paris, Laffont-Bompiani, .
  38. Arthur Schopenhauer (trad. A. Burdeau), Le Fondement de la morale, Paris, Aubier-Montaigne, , p. 162.
  39. (en) Bertrand Russell, The History of Western philosophy, Paris, , p. 691.
  40. (en) Bertrand Russell, The History of Western philosophy, New York, , p. 691.
  41. Voir l'édition en 20 volumes de la Correspondance Générale (1926) par Théophile Dufour et Pierre-Paul Plan. La lettre à Franquières et la lettre à Paul Moultou se trouvent au volume XIX.
  42. Sur la pensée religieuse de J.-J. Rousseau et son inspiration : Henri Gouhier, Les méditations métaphysiques de Jean-Jacques Rousseau, Vrin, .
  43. Jean-Jacques Rousseau, Correspondance Générale, Armand-Colin, édition de Théophile Dufour et Pierre-Paul Plan, , 20 volumes. Particulièrement, s'agissant de la Lettre à Franquières et de la lettre à Paul Moultou, voir le volume XIX.
  44. Laurent Gagnebin, « La bonté originelle de l'homme », Bulletins de l'Oratoire, no 792, septembre 2012
  45. Collectif, La religion de Jean-Jacques Rousseau, p. 277
  46. a et b France Farago, « Rousseau, nature et histoire », Bulletins de l'Oratoire, no 792, septembre 2012, lire en ligne
  47. physio-cratie = « pouvoir de la terre ».
  48. Émission Philosophie du 25 novembre 2012, sur Arte, avec Raymond Trousson en invité.
  49. Émission Philosophie du 25 novembre 2012, sur Arte, avec Raymond Trousson en invité.
  50. « Posons pour maxime incontestable que les premiers mouvements de la nature sont toujours droits : il n’y a point de perversité originelle dans le cœur humain ; il ne s’y trouve pas un seul vice dont on ne puisse dire comment et par où il y est entré. La seule passion naturelle à l’homme est l’amour de soi-même, ou l’amour-propre pris dans un sens étendu. Cet amour-propre en soi ou relativement à nous est bon et utile ; et, comme il n’a point de rapport nécessaire à autrui, il est à cet égard naturellement indifférent ; il ne devient bon ou mauvais que par l’application qu’on en fait et les relations qu’on lui donne. » Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Paris, Garnier-Flammarion, , p. 111
  51. a b et c Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation, Paris, Garnier-Flammarion, .
  52. Discours sur l'inégalité, p. 221.
  53. Rousseau L'Émile, Émile ou De l'éducation [Document électronique] / Jean-Jacques Rousseau ; [établissement du texte par François et Pierre Richard], p. 30.
  54. Conférences et discussions disponibles sur http://www-ohp.univ-paris1.fr.
  55. L'Émile, op. cit, p. 190.
  56. « Chacun commença à regarder les autres et à vouloir être regardé soi-même, et l’estime publique eut un prix. Celui qui chantait ou dansait le mieux ; le plus beau, le plus fort, le plus adroit ou le plus éloquent devint le plus considéré, et ce fut là le premier pas vers l’inégalité, et vers le vice en même temps : de ces premières préférences naquirent d’un côté la vanité et le mépris, de l’autre la honte et l’envie ; et la fermentation causée par ces nouveaux levains produisit enfin des composés funestes au bonheur et à l’innocence. Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, Paris, Gallimard, , p. 94-95. ».
  57. « Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerre, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux, ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : « Gardez-vous d'écouter cet imposteur ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n'est à personne ». Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, Paris, Gallimard, , p. 87. »
  58. Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, Paris, Gallimard, .
  59. a et b « Si l’on recherche en quoi consiste précisément le plus grand bien de tous, qui doit être la fin de tout système de législation, on trouvera qu’il se réduit à ces deux objets principaux, la liberté et l’égalité. La liberté, parce que toute dépendance particulière est autant de force ôtée au corps de l’État ; l’égalité, parce que la liberté ne peut subsister sans elle. […] Mais si l’abus est inévitable, s’ensuit-il qu’il ne faille pas au moins le régler ? C’est précisément parce que la force des choses tend toujours à détruire l’égalité que la force de la législation doit toujours tendre à la maintenir. » Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social, Paris, Flammarion, , p. 76-77
  60. Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, Paris, Gallimard, , p. 110.
  61. Évelyne Pieiller, « Les révolutions de Rousseau », Le monde diplomatique, octobre 2012, lire en ligne
  62. Jean-Jacques Rousseau et Gérard Mairet (présentés par), Écrits politiques, Paris, Librairie Générale Française, coll. « Livre de poche » (no 4604), (ISBN 9782253055938).
  63. J.-J. Rousseau, Du Contrat social, livre III, chap. XV.
  64. J.-J. Rousseau, Du Contrat Social.
  65. (en) Lester G. Crocker, « Recent interpretations of the French Enlightenment », Cahiers ďhistoire mondiale, vol. 8, no 3,‎ . Présentation en ligne.
  66. Jan Marejko, Jean-Jacques Rousseau et la dérive totalitaire, L'Âge d'Homme, 1984, p. 19
  67. Jacob L. Talmon, Les origines de la démocratie totalitaire, p. 17
  68. Article Copiste, Dictionnaire de Musique, p. 125.
  69. Louis Laloy, Rameau, Nabu Press, , 264 p. (ISBN 9781179543895)
  70. Raymond Trousson, Jean-Jacques Rousseau, Tallandier, 2003, p. 753
  71. Raymond Trousson, Jean-Jacques Rousseau, Tallandier, 2003, p. 754
  72. Raymond Trousson, Jean-Jacques Rousseau, Tallandier, 2003, p. 758
  73. Jean-Jacques Rousseau, textes politiques, Classiques de la pensée politique, 2007, p. 44, lire en ligne
  74. Évelyne Pieiller, « les révolutions de Rousseau », Le Monde diplomatique, octobre 2012, lire en ligne
  75. Le tome I (1959) comprend les œuvres autobiographiques ; le tome II (1961), La Nouvelle Héloïse, les pièces de théâtre, et les essais littéraires ; le tome III (1964), les écrits politiques ; le tome IV (1969), les ouvrages relatifs à l'éducation, la morale et la botanique (Rousseau a suivi les cours de René Desfontaines) ; le tome V (1995) les écrits sur la musique, la langue et le théâtre, ainsi que les textes historiques et scientifiques.
  76. « Discours sur l'économie politique », in Rousseau - Montesquieu. Discours et écrits, Éditions de l'Épervier, 2010.

Annexes

Source

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Bibliographie

Ouvrages généraux

Ouvrages spécialisés

  • Harumi Yamazaki-Jamin, Jean-Jacques Rousseau et Paris, Villeneuve-d'Ascq, Éditions Presses Universitaires du Septentrion, (réimpr. 7 juillet 2000 et 2003), 534 p. (ISBN 978-2-28401-845-2)
  • Blaise Bachofen, La Condition de la liberté. Rousseau, critique des raisons politiques, Paris, Payot, (ISBN 9782228896658)
  • Bruno Bernardi, La Fabrique des concepts. Recherches sur l'invention conceptuelle chez Rousseau, Paris, Honoré Champion,
  • Augustin Cabanès, J.-J. Rousseau, Paris, Albin Michel, — Psychologie et névropathie de Jean-Jacques Rousseau.
  • André Charrak, Raison et perception : fonder l'harmonie au XVIIIe siècle, Paris, Vrin, (ISBN 9782711614981)
  • Charles Coutel, Lumières de l'Europe : Voltaire, Condorcet, Diderot, Paris, Ellipses,
  • Michel Coz, Jean-Jacques Rousseau, Paris, Vuibert, (ISBN 9782711762187)
  • Michel Coz, La Cène et l'Autre Scène : Désir et profession de foi chez Jean-Jacques Rousseau, Paris, Honoré Champion, (ISBN 9782852038448)
  • Michel Coz et François Jacob, Rêveries sans fin : Autour des « Rêveries du promeneur solitaire », Orléans, Paradigme, (ISBN 9782868781871)
  • Robert Derathé, Jean-Jacques Rousseau et la science politique de son temps, Paris, Vrin, (ISBN 9782711601783)
  • Arbi Dhifaoui (préf. Henri Coulet), Julie ou la Nouvelle Héloïse : roman par lettres, roman de la lettre, Tunis, Centre de Publication Universitaire,
  • Arbi Dhifaoui (préf. Jan Herman), Le roman épistolaire et son péritexte, Tunis, Centre de Publication Universitaire,
  • Béatrice Didier, La musique des Lumières : Diderot, l'Encyclopédie, Rousseau, Paris, PUF,
  • Béatrice Didier, La musique des Lumières : Diderot, l'Encyclopédie, Rousseau, Paris, PUF,
  • Frédéric S. Eigeldinger, Études et documents sur les minora de Jean-Jacques Rousseau, Paris, Éditions Honoré Champion,
  • Francis Farrugia, Archéologie du pacte social, Paris, L'Harmattan,
  • Victor Goldschmidt, Anthropologie et politique, Paris, Vrin, (ISBN 9782711603114)
  • Florent Guénard, Rousseau et le travail de la convenance, Paris, Honoré Champion,
  • Jean-Luc Guichet, Rousseau, l’animal et l’homme : l’animalité dans l’horizon anthropologique des Lumières, Paris, Éditions du Cerf,
  • Catherine Kintzler, Poétique de l'opéra français de Corneille à Rousseau, Paris, Minerve, (ISBN 9782869311114, présentation en ligne)
  • Tanguy L'Aminot (dir.), « Politique et révolution chez Jean-Jacques Rousseau », Studies on Voltaire and the Eighteenth Century, Oxford, Voltaire Foundation, no 324,‎
  • Roger D. Masters (trad. G. Colonna d’Istria & J.-P.Guillot), La philosophie politique de Rousseau, Lyon, ENS Éditions, (ISBN 9782847880007)
  • Arthur Metzler, Rousseau. La bonté naturelle de l'homme, Paris, Belin,
  • Gérard Namer, Le système social de Rousseau : De l'inégalité économique à l'inégalité politique, Paris, L'Harmattan, (ISBN 9782738474377)
  • Gérard Namer, Rousseau sociologue de la connaissance : De la créativité au machiavélisme, Paris, L'Harmattan, (ISBN 9782738478474)
  • Colette Soler, L’aventure littéraire, ou la psychose inspirée, Rousseau, Joyce, Pessoa, Paris, Éditions du Champ Lacanien,
  • Yves Vargas, Les promenades matérialistes de Jean Jacques Rousseau, Le Temps des Cerises,
  • Pierre Villey, L'influence de Montaigne sur les idées pédagogiques de Locke et de Rousseau, Paris, Hachette, , 270 p. (lire en ligne) — Articles connexes : Montaigne et John Locke
  • Frédéric Worms, Rousseau, Émile ou de l'éducation, Livre IV, Paris, Ellipses, (ISBN 9782729806347)

Recueils d'articles

Biographies et fictions

  • Jean-Louis Boissier, Moments de Jean-Jacques Rousseau, Gallimard - NRF, , CD-ROM (présentation en ligne)
  • Edwige Chirouter, Moi, Jean-Jacques Rousseau, Paris, Les petits Platons éditeur, — Album jeunesse illustré présentant, sous forme de fiction, la vie et l'œuvre de Rousseau.
  • Lion Feuchtwanger (trad. Claude Porcell), La Sagesse du fou ou Mort et transfiguration de Jean-Jacques Rousseau, Paris, Fayard, — Traduit de l'allemand.
  • Isabelle Marsay, Le Fils de Jean-Jacques ou la Faute à Rousseau, Paris, Ginkgo éditeur, — Réédition. Fiction autour de l'abandon de ses enfants et ses regrets en fin de vie.
  • Frédéric Richaud, Jean-Jacques, Paris, Grasset, — Roman cocasse autour de la figure de Jean-Jacques Rousseau, 230 ans après sa mort.
  • Odile Nguyen-Schœndorff, Je suis... Jean-Jacques Rousseau, Lyon, Jacques André Éditeur, — Biographie écrite à la première personne à destination des collégiens et des lycéens.

Articles connexes

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