Efforts de reboisement et de boisement au Liban


une histoire de restauration réussie

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01/07/2024

Transformer les terrains montagneux du Liban

Depuis 2016, les terrains montagneux sauvages du Liban sont le théâtre d’une initiative de transformation visant à rétablir l’équilibre écologique et à élever les communautés rurales. Le projet «Adaptation intelligente des paysages forestiers dans les zones montagneuses» (Smart Adaptation of Forest Landscapes in Mountain Areas/SALMA), mis en œuvre par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) au Liban en collaboration avec le Ministère libanais de l’agriculture et financé par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), est un exemple de reboisement et de gestion forestière durable.

Une biodiversité riche mais menacée

Bien qu’il ne couvre que 0,007 pour cent de la surface terrestre mondiale, le Liban abrite un nombre impressionnant d’espèces, soit 0,8 pour cent des espèces répertoriées et cataloguées dans le monde, ce qui reflète une biodiversité remarquable sur un territoire limité. Cependant, ces riches écosystèmes forestiers sont confrontés à d’importantes menaces liées aux activités humaines et au changement climatique.

Les forêts libanaises couvrent 13,2 pour cent de la superficie totale du pays, soit 136 900 hectares (figure 1). En outre, d’autres terres boisées couvrent 10,2 pour cent du territoire portant le total à 237 500 hectares, ce qui constitue 23,4 pour cent de la superficie du Liban. Cette étendue comprend des forêts, des zones boisées et des broussailles.

Les forêts libanaises, vestiges d’anciens écosystèmes méditerranéens, ont été classées comme menacées par l’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire. Ces forêts sont soumises à d’énormes pressions dues aux guerres, aux feux de forêt, aux pratiques non-durables, à l’expansion démographique et à l’urbanisation. Le rapport national sur la neutralité de la dégradation des terres fait état d’une perte de 0,7 pour cent des terres forestières entre 2000 et 2010 et de 0,42 pour cent supplémentaires entre 2010 et 2018.

Les analyses révèlent que 46 pour cent des espèces animales du Liban sont terrestres. Cependant, cette biodiversité est gravement menacée. Sept espèces de mammifères ont déjà disparu, tandis que 31 pour cent des mammifères restants sont classés comme rares, 20 pour cent comme vulnérables et 7,5 pour cent au seuil de l’extinction.

Conscient de ces défis, le gouvernement libanais a lancé en 2012 le Programme national de boisement et de reboisement (NARP), également connu sous le nom de «40 millions d’arbres», qui vise à accroître les zones forestières au Liban afin de restaurer l’intégrité écologique et l’identité verte du pays. Le projet SALMA était une composante importante de cet effort plus large. 

Réalisations remarquables du projet SALMA 

Lancé en décembre 2016 avec un budget de 7,1 millions USD - financé par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) en coopération avec 10 ONG - le projet SALMA avait pour objectif d’assurer la résilience climatique des écosystèmes forestiers vulnérables et des communautés rurales des montagnes qui en dépendaient. Le projet a employé une stratégie globale à composantes multiples axée sur la gestion des forêts et l’implication des communautés pour renforcer la résilience climatique. 

Des avancées significatives ont été réalisées en coopération avec les organismes publics et les ONG. Le projet a permis de reboiser 674 hectares sur 23 sites. En outre, 14 plans de gestion durable des forêts ont été préparés au niveau des forêts et 3 plans au niveau régional, couvrant un total de 1 230 hectares de forêts. Le projet a, en plus, proposé un plan de gestion pour la réserve naturelle de Wady El Houjayr. Ces plans, basés sur des études approfondies des ressources forestières, des populations d’oiseaux et d’insectes, ainsi que des risques d’incendie, décrivent l’utilisation durable, la conservation, les activités de restauration du paysage et la prévention des incendies. Les trois plans régionaux couvrent les hauts plateaux de l’Akkar, le district de Kesrouan et la région de Jezzine. 

Selon M. Khalil Harfouche, président de l’Union des municipalités de Jezzine, «nos forêts de pins représentent un trésor pour nous. C’est une source de revenus importante pour les habitants et pour les municipalités. Pour nous, protéger les forêts et les maintenir en bonne santé sont l’une des tâches les plus importantes que nous devons entreprendre, et le projet actuel avec la FAO Liban s’inscrit dans cette perspective».

FAOLebanon/Hadi Abou Ayash

Pour atténuer les risques d’incendie, le projet a installé cinq réservoirs d’eau et des réseaux d’incendies à Kesrouan, Karm Sadde et Ras El Matn. Des pratiques de lutte intégrée contre les parasites ont également été mises en œuvre dans la région de Jezzine pour faire face aux menaces critiques pesant sur la santé des forêts. 

Autonomiser les communautés 

Le projet SALMA a mis l’accent sur les stratégies d’adaptation axées sur les communautés et les écosystèmes. En impliquant les municipalités locales et les ONG dans des plans de reboisement participatifs, le projet a veillé à ce que les interventions soient adaptées aux besoins spécifiques et aux vulnérabilités des paysages et des communautés. Cette approche inclusive a non seulement renforcé l’efficacité des interventions, mais a également favorisé des pratiques de gestion forestière durable qui ont été soutenues et entretenues par les communautés locales. 

Dans les régions économiquement défavorisées du Liban, telles que le Sud, l’Akkar, le Baalbek et le Hermel, l’agriculture représente jusqu'à 80 pour cent du PIB local. Le projet vise à soutenir et à améliorer les moyens de subsistance à long terme des communautés rurales défavorisées. En améliorant la productivité agricole et en diversifiant les cultures, le projet a permis de stabiliser et d’augmenter les revenus agricoles grâce à l’accès à une irrigation fiable pendant les mois les plus secs de l’année. Le projet a également créé des opportunités de travail grâce à des activités de gestion forestière, des pratiques agro-sylvo-pastorales et des produits forestiers non-ligneux. Une formation sur les emplois liés à la forêt a, également, été dispensée au profit des communautés locales dans divers endroits du pays. 

Les activités de boisement et de reboisement ont joué un rôle crucial dans la protection des actifs physiques de ces communautés, tels que les terrains agricoles, les réseaux d’irrigation et de drainage et les routes. Ces activités ont également généré des revenus à partir de produits forestiers non-ligneux, en particulier au profit des femmes qui ont été principalement impliquées dans ces efforts. La réorientation des cultures vers la production de fruits et de légumes à plus forte intensité de main-d’œuvre a également été très bénéfique pour les femmes, car ce type d’agriculture nécessite plus de mains-d’œuvre que la culture pluviales traditionnelle de céréales. 

En outre, de nombreux hommes ont cherché des emplois saisonniers dans le secteur de la construction dans les villes voisines, laissant les femmes profiter des possibilités de revenus accrus associés aux cultures de légumes et de fruits d’été à forte valeur ajoutée. La transformation et la conservation des fruits et légumes ont apporté une valeur ajoutée et une source de revenus supplémentaire pour les ménages, renforçant ainsi la stabilité et la croissance économiques. 

Société des cèdres du Chouf  Champions du projet SALMA et gardiens du patrimoine forestier libanais 

Dans le cadre du projet SALMA, 320 000 arbres ont été plantés sur 26 sites dans tout le Liban en coopération avec 10 ONG. Parmi elles, la Société des cèdres du Chouf (ACS) qui a reçu le Prix des partenariats de la FAO en 2023, en tant que championne du projet de restauration SALMA au Liban. L’ACS incarne la fusion de la protection de la biodiversité et de l’autonomisation des communautés. Depuis 1994, l’AEC s'est engagée à préserver le patrimoine écologique et culturel de la réserve de biosphère du Chouf. Ses efforts pour former les jeunes membres de la communauté aux techniques de plantation avancées et pour promouvoir des pratiques de gestion forestière durable ont joué un rôle essentiel dans le renforcement de la résilience des écosystèmes forestiers du Liban et dans l’amélioration des moyens de subsistance des communautés locales.

Liens utiles

Chadi Saad: https://www.youtube.com/watch?v=OmH8miGYmDg&ab_channel=FoodandAgricultureOrganizationoftheUnitedNations

Bechara Salama: https://www.youtube.com/watch?v=tPxmq_zctIk&ab_cshehannel=FoodandAgricultureOrganizationoftheUnitedNations

Sandra Kousa Saba: https://www.youtube.com/watch?v=o_OQGhBCt_s&list=PLzp5NgJ2-dK4l6DJfv4v_WW1Urq0rtTYN&index=25&t=6s

Sezar Mahmoud: https://www.youtube.com/watch?v=ZYP0FQoSvF8&list=PLzp5NgJ2-dK4l6DJfv4v_WW1Urq0rtTYN&index=22&t=12s