Libérer le potentiel agricole: Production résiliente de fourrage dans le sud de l’Iraq


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28/05/2024

Une lueur d’espoir brille encore dans les paysages difficiles du sud de l'Iraq, où se font sentir les effets du changement climatique, en plus d’autres impacts sur la biodiversité.

Une innovation agricole de grande envergure portée par la culture de variétés de fourrage résistentes est en train d’être introduite dans la région, grâce aux efforts novateurs de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). L’initiative est financée  par l'UE et mise en œuvre en partenariat avec le Ministère de l’agriculture et des partenaires locaux. 

Naviguer à travers l’adversité: Les défis liés aux moyens de subsistance dans les zones marécageuses du sud de l’Iraq

Bien avant l’introduction des interventions transformatrices de la FAO, les agriculteurs et les éleveurs de buffles dans le sud de l’Iraq étaient en proie à un paysage plein de défis. Confrontés à la diminution des ressources en eau, à la variation de la salinité du sol et de l’eau et aux coûts élevés des aliments pour animaux, ils avaient recours à des pratiques d’alimentation traditionnelles qui, souvent, ne répondaient pas aux besoins nutritionnels minimaux de leur bétail. Les céréales, principalement le blé et l’orge, constituaient l’épine dorsale de l’alimentation du bétail, complétée par de maigres portions de fourrage disponible localement, comme les roseaux et le papyrus. Ces pratiques se sont avérées inadéquates pour maintenir la santé et la productivité du bétail et ont exacerbé la vulnérabilité des communautés déjà au seuil de l’insécurité alimentaire. 

Cultiver la résilience: Les innovations de la FAO dans le sud de l’Iraq

En réponse aux défis pressants auxquels sont confrontées ces communautés, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a entrepris une initiative multifacette visant à renforcer la résilience des communautés rurales et des écosystèmes. Au cœur de cette stratégie d’intervention de la FAO, une approche exhaustive qui englobe le renforcement des capacités, la fourniture de variétés de cultures fourragères résistantes et l’introduction de pratiques d’irrigation intelligentes adaptées aux contraintes environnementales uniques de la région, en plus de l’augmentation de la production locale d’aliments pour animaux.

Le noyau central des efforts transformateurs de la FAO était l’introduction de variétés de cultures fourragères résistantes, soigneusement sélectionnées et adaptées aux conditions climatiques difficiles qui prévalent dans le sud de l’Iraq. Parmi ces cultures pionnières figurait le ray-grass, une culture fourragère saisonnière réputée pour sa croissance rapide et son potentiel de rendement exceptionnel. Planté de la fin de l’été jusqu’au début de l’automne et irrigué au goutte-à-goutte, le ray-grass a offert aux agriculteurs une source fiable d’alimentation pour leur bétail. Avec plusieurs découpes par saison et des rendements atteignant 25 à 30 tonnes de fourrage vert par dounam (100 à 120 t/ha), le ray-grass s’est avéré déterminant pour l’amélioration de la santé et de la productivité du bétail.

L’importance du ray-grass en tant que source d’alimentation supérieure ne peut être sous-estimée. Non seulement, il fournit une nutrition essentielle au bétail pendant des périodes cruciales telles que la lactation, mais il favorise également la croissance, améliore la santé des animaux et augmente la fertilité, le tout à un coût minimal pour les agriculteurs. En exploitant le potentiel du ray-grass, les agriculteurs constatent une augmentation tangible de la production de lait (37 pour cent pour les buffles et les vaches) et de sa qualité, entraînant ainsi une rentabilité accrue dans la transformation du fromage et des produits laitiers.

L’histoire du succès de M. Abdul Amir Salman Aissa, issu du village de Nahr Alsabe (district de Midaina, province de Bassora), qui cultive du ray-grass pour la première fois, est un exemple frappant de la productivité du ray-grass. Avec un rendement de 2 730 kilogrammes par mètre carré lors de la première découpe, cet agriculteur a réalisé une moyenne de cinq découpes, soit une production totale de 34 tonnes de fourrage vert, en utilisant un système d’irrigation au goutte-à-goutte qui lui permet de conserver l’eau de manière efficace et sans impact négatif sur l’environnement.

Cette récolte abondante lui permet non seulement de nourrir ses animaux (35 buffles et 4 vaches), mais aussi de vendre des quantités supplémentaires, ce qui lui assure des revenus d’environ 2 000 USD par saison - un retour sur investissement impressionnant qui souligne le potentiel de transformation des cultures fourragères résilientes.

Tout aussi impressionnant est l’exemple de Mme Doulah Abdul Amir Saeed, agricultrice du village d’Alsimadh (district de Karmit Bensaid, province de Dhi Qar), qui a découvert le potentiel et la productivité du sorgho soudanais, une autre culture fourragère résistante au climat qui prospère dans les conditions difficiles du sud de l’Iraq.  

Connu pour sa croissance dense et son potentiel de rendement élevé, le sorgho soudanais offre aux agriculteurs une source abondante de fourrage vert avec plus de quatre à sept découpes et une production de 300 tonnes par hectare. Résistant à la salinité du sol et nécessitant de faibles quantités d’eau d’irrigation, il est riche en énergie et en fibres, ce qui en fait un atout inestimable pour soutenir les populations animales et renforcer la résilience de l’agriculture. En outre, la production de lait de ses animaux (8 buffles et 4 vaches) a augmenté de 13 pour cent grâce à l'utilisation du sorgho dans leur système d’alimentation. Les grandes quantités de sorgho produites lui ont permis de vendre le surplus à environ 275 dollars au cours de la dernière saison.

Grâce à des initiatives stratégiques de renforcement des capacités et à des programmes de transfert de connaissances, la FAO a équipé un grand nombre d’agriculteurs du sud de l’Iraq des outils et des techniques nécessaires pour s’adapter aux facteurs de stress climatiques et en atténuer les effets. L’adoption de pratiques agricoles intelligentes, y compris des méthodes d’irrigation efficaces et des techniques de rotation des cultures, a renforcé la productivité agricole et la résilience face à l’adversité.

En adoptant des pratiques agricoles innovantes et en exploitant le potentiel des variétés de cultures résistantes, les agriculteurs du sud et les producteurs de buffles ont constaté une augmentation tangible de la production de lait, une amélioration de la transformation du fromage et une amélioration de la santé du bétail. De plus, la culture de plantes fourragères résistantes a permis non seulement de garantir des moyens de subsistance durables aux communautés des zones marécageuses, mais aussi de préserver la santé de l’écosystème et la biodiversité dans la région.

En collaboration avec les parties prenantes et les partenaires locaux, la FAO continue de mener des efforts pour restaurer et renforcer la résilience des systèmes agroalimentaires dans le sud de l’Iraq. En autonomisant les communautés en leur offrant des connaissances et des ressources, la FAO reste fidèle à son engagement de construire un avenir plus radieux et plus résilient pour tous.

Reconnaissant l’impact important des interventions de la FAO sur la production locale de fourrage et d'aliments pour animaux, le Ministère de l’agriculture a mis en place un programme visant à promouvoir la production locale de semences et d’aliments pour animaux. Ce partenariat souligne l’héritage durable des initiatives de la FAO, qui non seulement transforment les moyens de subsistance au niveau local, mais catalysent également des changements systémiques plus larges dans les pratiques et les politiques agricoles.

Avec le soutien continu de la FAO et l’engagement des parties prenantes locales, le voyage vers la résilience agricole dans le sud de l’Iraq est marqué par l’espoir, l’innovation et le progrès durable. Ensemble, nous avançons vers un avenir où les communautés prospèrent en harmonie avec leur environnement, sauvegardant à la fois les moyens de subsistance et les écosystèmes pour les générations à venir.