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Renforcer la résilience climatique de la filière du cacao en Côte d’Ivoire


Des pratiques agroforestières permettent d’augmenter les rendements et les revenus

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Le climat pose de plus en plus problème aux producteurs de cacao de Côte d’Ivoire car le cacaoyer est très sensible aux changements météorologiques. Avec le soutien de la FAO et du Fonds vert pour le climat, les producteurs ont adopté des pratiques agroforestières, ce qui a rendu les plantes cultivées plus résilientes et a augmenté les rendements. ©FAO/Amanda Bradley

04/07/2024

Depuis deux ans, les cacaoyers de la plantation de Monique N’Guessan Amlan, située dans l’est de la Côte d’Ivoire, vont de mieux en mieux. Auparavant, plusieurs se desséchaient et mourraient, victimes de l’implacable soleil tropical. Cette veuve de 64 ans avait donc du mal à faire vivre ses quatre enfants, qui n’ont pas encore terminé leurs études.

«J’ai constaté que les cacaoyers se développent bien et que le rendement de ma plantation a bondi», raconte Monique. Son rendement est passé d’environ 120-150 kilos par hectare à plus de 250 kilos par hectare. De plus, non seulement sa plantation de cacao fait mieux en termes de quantité mais aussi de qualité et d’environnement, ce qui est une bonne nouvelle car la productrice assure que «les acheteurs internationaux attachent de plus en plus d’importance à la viabilité des pratiques agricoles».

La plantation de Monique a changé après sa participation à un projet mis en œuvre par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et financé par le Fonds vert pour le climat. En collaboration avec la Côte d’Ivoire, il s’agit d’apprendre aux cultivateurs de cacao des pratiques agroforestières à substituer au mode de culture traditionnel en plein soleil, qui suppose souvent d’abattre des arbres. Le projet PROMIRE (Promouvoir une production de cacao sans déforestation pour réduire les émissions en Côte d’Ivoire) vise à renforcer la résilience climatique et réduire les émissions de gaz à effet de serre de la filière ivoirienne du cacao.

Dans le cadre du projet, Monique a reçu plusieurs arbres fruitiers et d’autres espèces végétales à planter avec les cacaoyers pour qu’ils aient plus d’ombre. Elle a également reçu du matériel pour améliorer la taille, le drainage et la récolte.

Les cacaoyers sont très sensibles aux changements météorologiques, tels que des températures en hausse et des régimes pluviométriques moins prévisibles du fait du changement climatique. Les principales régions du pays productrices de cacao ont déjà été touchées par de fortes pluies et des inondations. La crainte de la baisse de l’offre a porté les prix à des niveaux record. Ainsi, les prix ont augmenté de 136 pour cent de juillet 2022 à février 2024. La barre des 10 000 dollars la tonne a été franchie pour la première fois dans les contrats à terme sur le cacao.

Depuis deux ans, les cacaoyers de la plantation de Monique vont de mieux en mieux. Le rendement est passé d’environ 120-150 kilos par hectare à plus de 250 kilos par hectare. En haut/à gauche: ©FAO/Mino Randrianarison. À droite/en bas: ©FAO/Amanda Bradley

Monique dit que quand elle a entendu parler pour la première fois du projet PROMIRE, elle n’était pas certaine qu’il soit intéressant pour elle. La mort de son mari il y a près de 20 ans a non seulement été difficile sur le plan émotionnel mais aussi sur le plan matériel. Elle manquait de ressources pour cultiver sa cacaoyère d’un hectare et faire vivre sa famille.

Désormais, la situation a changé. «L’aide que je reçoit renforce ma conviction que rien n’est figé. Si je vis une longue vie, je sais que je serai heureuse grâce aux arbres que je plante maintenant.»

Monique espère faire connaître les défis rencontrés par les producteurs, en particulier les veuves comme elle. Elle invite ces personnes à participer au projet pour «créer des conditions plus justes pour les agriculteurs et les agricultrices, en assurant un avenir pérenne pour les familles et les communautés».

Il ne s’agit pas seulement de lutter contre la déforestation et les répercussions du changement climatique sur les cacaoyers. L’objectif est aussi d’aider les agriculteurs et les agricultrices à mieux maîtriser le numérique et à utiliser l’innovation pour développer leur capacité d’agir et d’entreprendre. Concrètement, deux coopératives de producteurs de cacao bio ont été créées jusqu’ici dans le cadre du projet. 

L’élimination de forêts tropicales au profit de la culture de cacaoyers en plein soleil a été un fort vecteur de déforestation. Grâce au projet de la FAO et du Fonds vert pour le climat, près de 1 400 hectares de plantations conventionnelles ont été transformées sur un modèle agroforestier ou agroécosystémique. ©FAO/Zana Ouattara

Depuis le début de l’initiative, le projet a touché directement 1 743 personnes et environ 317 hectares de forêts ont été restaurés ou conservés dans les régions de Agnéby-Tiassa, La Mé et Sud-Comoé. De plus, près de 1 400 hectares de plantations conventionnelles ont été transformées sur un modèle agroforestier ou agroécosystémique.

Réduire l’empreinte carbone de la production de cacao est essentiel pour atténuer les effets du changement climatique. Améliorer la traçabilité en s’appuyant sur plusieurs modes de certification est crucial pour rendre la filière plus durable et encourager le commerce équitable.

Alimentée par la demande internationale pour satisfaire les amateurs de chocolat de la planète, l’élimination d’épaisses forêts tropicales au profit de la culture de cacaoyers en plein soleil a été un fort vecteur de déforestation.

Toutefois le nouveau règlement européen contre la déforestation entrera en vigueur à la fin de l’année. Il vise à ce que les produits consommés par les citoyens de l’Union européenne ne contribuent pas à la déforestation ou à la dégradation des forêts dans le monde.

La moitié des exportations de cacao de la Côte d’Ivoire étant destinée au marché européen, cela rend encore plus important le travail innovant mené dans le cadre de l’initiative PROMIRE avec des producteurs comme Monique. Il s’agit de transformer la filière du cacao en renforçant la traçabilité, en protégeant les forêts et en atténuant le changement climatique. 

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