Quand le théâtre s'empare des maux de l'école

Quand des auteurs de théâtre mettent l’éducation en pièces, on comprend mieux ce qu’il s’y joue ! Dans ce numéro d'"Être et savoir" il est question de deux pièces absolument formidables qui racontent l’école d’aujourd’hui avec une grande force et incitent à réfléchir collectivement. Deux pièces précises, émouvantes et parfois drôles qui font beaucoup réagir le public, mais qui présentent peu de similitudes sur le plan théâtral.

Kevin, le spectacle à deux voix d’Arnaud Hoedt et Jérôme Piron qu’on connait pour leur précédente pièce La convivialité ou la faute de l’orthographe, part de la situation de professeurs confrontés à l'échec d'un élève pour comprendre ce que l’école ne peut pas, ne sait pas et pourrait mieux faire. La pièce chorale Éducation nationale de François Hien et Sabine Collardey s’empare des maux de l’école à travers un cas d’école, le lycée imaginaire - mais très réaliste - Jean Zay. Un établissement à la périphérie d’une grande ville où les moyens diminuent et où professeurs, élèves, CPE, AESH, personnels de direction, parents, travaillent ensemble, luttent, s’opposent, se parlent et se posent des questions essentielles.

Louise Tourret s'entretient avec ses invités : Arnaud Hoedt et Jérôme Piron, anciens enseignants et linguistes, auteurs et interprètes des spectacles La Convivialité ou la faute de l'orthographe et actuellement de Kevin (le 22 avril au Théâtre du Rond-Point et avant en tournée en France), membre du collectif des "linguistes atterré.es", Sabine Collardey, professeure de philosophie (académie de Lyon), dramaturge, co-autrice avec François Hien du texte  Éducation nationale publié chez Libel (2024), interprète dans la pièce éponyme du personnage de Caroline Romains, et François Hien, auteur et metteur en scène avec Sigolène Petey de la pièce Éducation nationale (qui a tourné en France jusqu’au 15 mars dernier, et se jouera à nouveau en septembre 2024).

Vous entendrez également dans cette émission la voix de Régis Roussillon, professeur de Sciences Économique et Sociales au lycée (académie de Grenoble), il a mis en place un dispositif théâtre pour aider les élèves à aborder certaines notions en classe.

Les citations

François Hien : "Au-delà même de parler de l'école, il y avait l'envie à la base de dresser le portrait d'un collectif de travailleurs et de travailleuses, de raconter l'école du point de vue des adultes qui la vivent et qui la font, et de traiter les établissements scolaires comme un lieu de travail aussi. J'avais été frappé lors des immersions que je faisais par le caractère très choral des temps où les différents personnels se retrouvaient, j'avais envie de pouvoir représenter ces scènes avec beaucoup d'interprètes".

Arnaud Hoedt : "Il y a aussi une vertu au doute, c'est le moment où l'enseignant arrête de s'arcbouter sur des certitudes, parfois même sur des dogmes. Il y a les profs qui quand ils ne savent pas vont faire semblant et il y a ceux qui s'en ouvrent à leurs élèves. Au fil de ma carrière, il y a une chose qui m'a sidéré, c'est finalement qu'on gagne en autorité quand on laisse transparaître dans sa pratique professionnelle l'idée qu'on se trompe. C'est une leçon qu'on voulait traduire dans le spectacle : faire ressentir qu'un enseignant qui doute, c'est aussi un enseignant qui se remet en question et qui cherche à améliorer sa pratique."

Illustrations sonores

• Extrait de la captation de la pièce Kevin, d'Arnaud Hoedt et Jérôme Piron
• Extrait de la captation de la pièce Éducation nationale de François Hien et Sigolène Petey