Ce matin, il est question d’IA et de croissance économique française. Bonne nouvelle : le premier est favorable au deuxième, sans trop menacer les emplois. Voilà l'une des conclusions de la commission de l’intelligence artificielle, dont nous recevons le président, Philippe Aghion.
- Philippe Aghion Economiste, Professeur au Collège de France.
Les Matins reçoivent Philippe Aghion, économiste, professeur au Collège de France et à l'INSEAD, co-président de la commission de l’intelligence artificielle et auteur, avec Anne Bouverot, de IA, notre ambition pour la France (Odile Jacob, mai 2024).
La France et la désindustrialisation
Le sommet de Choose France tenu par le président Macron sur les investissements étranger vers l’hexagone occupe la une des journaux à l'heure où plusieurs pays proposent d'investir en tout 15 milliards d'euros. Pour l’économiste Philippe Aghion, “il y a eu un certain nombre de réformes depuis 2017 qui ont contribué à rendre la France plus attractive en matière d'investissement. L'idée est de mettre toute la gomme sur l'économie et d'inverser le mouvement de désindustrialisation. Pour cela, il faut prendre une série de mesures, à la fois horizontales, c'est-à-dire sur la fiscalité, le marché du travail, et puis des mesures plus verticales, consistant à investir dans certains domaines, en particulier l'IA et l'innovation verte. Choose France est une manifestation de plus prouvant que la France redevient un pays attractif pour les investissements étrangers”. Selon l'économiste, il faut “inverser la vapeur” en proposant une véritable politique industrielle si la France et l’Europe désirent faire face à la Chine et aux États-Unis.
L’impasse du modèle stato-consumériste français
Jérôme Fourquet met en avant dans une étude réalisée avec l’Ifop, publiée dans Le Figaro, l’impasse que représente le modèle stato-consumériste français. Selon l'analyste, la France a trop privilégié la consommation, au détriment de la production. Philippe Aghion explique : “nous avons trop cru à la croissance par la demande. Certes, elle est très importante : si nous n'avons pas de demande, il n'y a pas de débouchés pour les produits. Cependant, il faut en même temps avoir un appareil productif compétitif, afin d’avoir des débouchés internationaux pour nos produits”. L’économiste se dit en revanche moins pessimiste que Fourquet. “Je crois qu'il a raison, mais il y a quand même une prise de conscience sur la nécessité de réindustrialiser la France. Il y a eu un mouvement de création d'entreprise depuis quelques années. On crée davantage d'usines et d’emplois qu'on en détruit."
L'intelligence artificielle pour être plus productifs
Dans le rapport IA, notre ambition pour la France, Philippe Aghion et Anne Bouverot, avancent que l’IA est une solution de devenir plus productif et donc compétitif au niveau international. L'économiste donne sa définition de cet outil, qui est selon lui une révolution : “l'intelligence artificielle permet d'automatiser un certain nombre de tâches, à la fois dans la production de biens, de services et dans la production d'idées. Elle ne fait pas d'inventions fondamentales, mais elle permet, à une vitesse beaucoup plus grande que la nôtre, de recombiner du savoir. C’est un outil extraordinaire pour faire de la recherche et innover”. La France possède des atouts indéniables, notamment au niveau des ingénieurs et professionnels travaillant dans ce domaine. Cependant, elle a un retard important par rapport à d’autres pays, “et pour jouer dans la cour des grands, il faut que la France investisse”. Pour répondre à cela, Philippe Aghion suggère dans son rapport un investissement de 25 milliards d’euros sur cinq ans.
L'équipe
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- Lisa GateauStagiaire
- Thomas LajeunesseStagiaire