Science algorithmique : trois raisons pour les femmes de s'y investir

Nous sommes exactement entre la journée internationale des femmes et des filles dans les sciences qui s'est déroulée le 11 février dernier, et la journée internationale des droits des femmes le 8 mars prochain. À cette occasion, en préparant cette chronique, j’ai décidé en effet de vous expliquer les trois raisons pour lesquelles les étudiantes qui s’intéressent à la science algorithmique, devraient poursuivre dans cette voie.

Car les statistiques ne nous rassurent pas. Avant la réforme du bac, les filles constituaient la moitié des élèves en première et terminale scientifique, qui était alors la voie royale. Ce chiffre a diminué à la suite de la réforme et de filières à la carte, les éloignant en l'occurrence des mathématiques. Après le lycée, la proportion d’étudiantes qui vont en filière scientifique chute de façon dramatique avec, par exemple, en 2021 moins de 30 % de filles en écoles d’ingénieur et à l’université en sciences dures comme la physique, la chimie ou les mathématiques. Et pour celles qui décident de continuer dans ces disciplines, beaucoup quittent la filière après leur diplôme, ou s’en éloignent au bout de quelques années dans la vie active.

Et pourtant, les avantages de naviguer dans les matières scientifiques sont nombreux, et en particulier dans celle que je connais le mieux, la science algorithmique qui est à la frontière entre les mathématiques, les sciences informatiques, mais aussi la physique et d’autres disciplines dans lesquelles elle s’applique.

La science algorithmique est stimulante intellectuellement

À l’instar de toutes les disciplines scientifiques, la science algorithmique est extrêmement stimulante intellectuellement. Vous apprenez tout au long de votre vie. J’ajouterai tout de même que la science algorithmique se distingue peut-être des autres disciplines sur deux points en particulier.

Tout d’abord, c’est une science qui évolue très vite, ce qui impose à ceux et celles qui la pratiquent, de se mettre à jour régulièrement sur des concepts parfois compliqués qui nécessitent de réfléchir et d’apprendre en continu.

Aussi, cette discipline est très souvent appliquée à des domaines que nous, scientifiques et ingénieurs, devons comprendre pour réussir à construire un algorithme pertinent et efficace. Que ce soit dans la finance, l’éducation, le transport, l’énergie, la logistique ou encore la médecine, on doit comprendre par une approche multidisciplinaire les domaines dans lesquels ces algorithmes sont conçus. J’ai moi-même dû apprendre à sentir un parfum et à définir une signature olfactive quand j’ai travaillé sur un algorithme avec le grand parfumeur français, Alexis Dadier.

La science algorithmique permet de changer le monde

Grâce à la science algorithmique, les étudiantes peuvent changer le monde, résoudre des problèmes à grande échelle, concrets et pratiques, pour le bien de notre humanité, de notre planète et de toute forme de vie. On peut concevoir des matériaux dits intelligents à faible consommation énergétique, on peut soigner plus efficacement des patients atteints de maladies graves, on peut détecter les fraudes bancaires et financières à l’échelle planétaire, ou encore assister des chirurgiens à opérer à distance des patients à l’autre bout du monde.

La science algorithmique rémunère bien

Tout simplement parce qu’on y gagne bien sa vie ! C’est en effet dans cette discipline que les rémunérations sont les plus généreuses et compétitives ! Je reste persuadée qu’on ne parle pas assez d’argent aux filles et aux femmes, alors qu’il constitue aussi un levier d’émancipation individuelle et collective.

Tout compte fait, en étudiant puis en travaillant dans la science algorithmique, on associe une indépendance intellectuelle en apprenant toute sa vie, émotionnelle en changeant le monde, et de toute évidence financière ! C’est assurément le meilleur combo pour la féministe que je suis !