Chronique d’une famille d’aujourd’hui, avec Nadia Daam

Attendez l'adolescence et demandez à vos enfants quelle est l'odeur qu'ils garderont de leur enfance et cela racontera forcément quelque chose. Et raconter quelque chose, du lien si dense, si singulier qui existe entre une mère et sa fille vivant à deux ou presque, c'est ce qu'entreprend, en quelques chapitres resserrés et enlevés, le nouveau livre de Nadia Daam. Le temps y passe vite, parce que le temps avec les enfants passe vite. C'est un adage et une réalité. Y apparaissent emmêlées la mère qu'elle aurait voulu être, celle qu'elle est, celle qu'elle a eu. Apparaissent aussi tous les âges de sa fille, ramassés dans une mèche de cheveux, un mot, un regard, un chagrin épongé sous la couette.  La gosse est le titre de ce livre aussi bref qu'émouvant, paru aux éditions Grasset. La journaliste et écrivaine Nadia Daam est l'invitée du "Book Club" aujourd’hui.

La note vocale

La question de Marion à Nadia Daam : "C'est une lecture qui m'a particulièrement touchée, sans doute à cause du contexte dans lequel je l'ai lue. Ce que j'ai beaucoup apprécié, ce sont toutes les émotions par lesquelles on passe, les méandres de la parentalité. Qu’est-ce que ça veut dire d'élever une fille dans notre société ? Et donc, je voulais vous demander quel livre, quel récit, quelle fiction vous ont touchée, inspirée, en tant que femme, en tant que mère, et en tant que féministe ?"

Nadia Daam répond : "J'aimerais bien pouvoir répondre à cette question, mais en fait, ça m'est impossible parce que, précisément, il y a vraiment très peu de livres sur la maternité et sur le lien mère-fille. Aujourd'hui, quand on entre dans une librairie, si on cherche un livre sur la maternité, on va être dirigé vers le rayon "guide", ou, éventuellement, "développement personnel". Moi, j'adorerais qu'il y ait des rayons maternité, qu'il y ait des rayons mère, de la même façon qu’il y a des rayons thriller ou livres d'histoire. Vraiment, c'est un territoire insuffisamment occupé. Quand ma fille était petite et que je la déposais à l'école, j'avais toujours envie de suivre les autres mères et de rentrer chez elles pour savoir comment ça se passait chez elles, et comment était leur maison. J'avais vraiment envie d'avoir accès à d'autres vies que la mienne à d'autres maisons et à d'autres manières de vivre. Ça vient peut-être du fait que finalement, on se raconte assez peu."

L’importance de laisser des traces

Nadia Daam s'explique : "J’ai écrit ce livre de manière très pragmatique et factuelle. J'ai commencé à écrire le soir, quand ma fille était couchée, que la lessive était lancée, que la vaisselle séchait sur le coin du lavabo, quand tout était fait. J’ai ressenti le besoin de documenter, mais au sens vraiment strict du terme, de raconter à quoi ressemblaient nos vies. Et c'est aussi arrivé à un moment où ma fille, qui entrait dans l'adolescence, commençait à refuser d'être fixée, c'est-à-dire qu'elle refusait, par exemple, que je la prenne en photo. Elle m'échappait et comme beaucoup d'adolescents, elle se terrait dans sa chambre. J'ai eu l'impression qu'elle m'échappait et qu'il n'allait plus rester grand-chose de cette période-là. J’avais également cette idée que moi, je n'ai jamais eu de journal intime, et je le regrette. Je n’ai rien pour me souvenir de mon adolescence, alors je voulais avoir quelque chose pour me souvenir de l'adolescence de ma fille, quelque chose de vraiment très tangible, dans lequel je pourrais me replonger."

Le grand jeu des pages musicales

Aujourd’hui, on doit la trouvaille à Marie @baiemari. Il s’agit d’un extrait du livre de  Jeanne Bername Dure mère (Lunatiques)

Références musicales

Otis Redding, My girl

Para One, Girlhood

Piero Piccioni, Traffic boom

Felicia Atkinson, Night vision

Ricchi e Poveri, Sarà perché ti amo

Archive

Marguerite Duras, émission "Apostrophes", Antenne 2, 1984

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