L'herbier de prison de Rosa Luxemburg

Rosa Luxemburg à la tribune -  Deuxième Internationale - Stuttgard 1907 ©Getty - ullstein bild Dtl. / Contributeur
Rosa Luxemburg à la tribune - Deuxième Internationale - Stuttgard 1907 ©Getty - ullstein bild Dtl. / Contributeur
Rosa Luxemburg à la tribune - Deuxième Internationale - Stuttgard 1907 ©Getty - ullstein bild Dtl. / Contributeur
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Aujourd’hui dans le "Book Club", Muriel Pic revient sur l’herbier réalisé par Rosa Luxemburg durant ses années carcérales, à l’occasion de la parution de l'“Herbier de prison” aux éditions Héros-Limite.

Avec

Quoi de plus iconoclaste qu'un herbier composé entre quatre murs, sans l'étendue de la nature ? Comme une contradiction dans les termes, l'herbier de Rosa Luxemburg est une archive sans équivalent. Troublante et attachante, sa fragilité et son histoire en font un témoignage de résistance et d'évasion, une fabrique de formes et de joie, un document sur le sentiment politique de la nature, fondement de toute écologie.

Extrait de l'Herbier de Prison
Extrait de l'Herbier de Prison
- Rosa Luxembourg - éditions Héros Limites

Composé de sept cahiers datés d'avril 1915 à octobre 1918, l'herbier a pu être réalisé par la révolutionnaire emprisonnée grâce à l'amitié sans faille de quelques femmes, ses amies intimes, dont la féministe Clara Zetkin.

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Au-delà des quelques fleurs et mauvaises herbes de la cour de la prison que Rosa glane lorsqu'elle sort sous surveillance, ce sont ses proches qui lui envoyèrent par lettres des spécimens séchés ou des bouquets de fleurs fraîches qu'elle-même pressait. Aux planches de l'herbier répond ainsi une correspondance où il est question de botanique, de nature, de romantisme allemand, d'amour de toutes créatures, et cela, "en dépit de l'humanité".

Herbier de prison est constitué de 133 planches botaniques accompagnées de la traduction des légendes manuscrites de celles-ci. Cet ouvrage recueille également une soixantaine de lettres, dans lesquelles la révolutionnaire évoque sa passion pour les plantes, ainsi que pour les animaux.

Des documents inédits en français complètent le volume, notamment un calendrier de prison où Rosa Luxemburg consigne les faits et gestes de sa vie d'incarcérée, ainsi que les souvenirs d’Arthur Gertel le jeune sergent de la prison de Breslau qui accompagnait Rosa Luxemburg quand on lui permettait de se rendre au jardin botanique.

Muriel Pic revient avec nous sur les années carcérales de Rosa Luxemburg, figure du militantisme de gauche dans l'Allemagne du début du siècle, fervente opposante à l'entrée en guerre, incarcérée à plusieurs reprises pour son engagement politique et assassinée à Berlin en 1919.

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Affirmer sa liberté malgré la tyrannie

"Sortir de soi, c'est pour Rosa Luxemburg la question de sortir de l'humain, mais aussi garder une forme de joie c'est-à-dire ne pas céder à ce qui lui est imposé : la guerre, l'enfermement. En refusant d'être aliénée aux passions tristes, elle garde une forme de liberté, sa puissance de refuser la tyrannie du pouvoir. Et l'herbier est la preuve tangible qu'elle y arrive." (Muriel Pic)

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La note vocale

La question de Christina "Je connaissais sa passion politique et j'avais enfermé Rosa Luxemburg dans une case. Avec cet herbier j'ai découvert quelque chose de complètement nouveau et insoupçonné.
Pensez-vous que ce côté botaniste ait pu la suivre dans le côté théorique de son œuvre et sa théorie politique ?"

Lier pensée politique et botanique

"Il y a un esprit scientifique chez Rosa Luxembourg. Le lien entre sa pensée politique et la botanique. Il y a chez Rosa Luxembourg un esprit scientifique et en même temps un esprit complètement poétique. Et je crois que c'est cette dialectique, cette tension qui m'a attachée à Rosa Luxembourg et qui fait aussi un esprit révolutionnaire. Un esprit révolutionnaire, ce n'est pas quelqu'un qui reste dans une case, dans des gestes qui sont toujours les mêmes. C'est un esprit qui est capable d'aller ailleurs, de s'exprimer avec d'autres gestes."  (Muriel Pic)

Le grand jeu des pages musicales

Aujourd’hui le "Book Club" partage la trouvaille de Blanche qui nous propose un extrait de  La petite communiste qui ne souriait jamais de Lola Lafon (2014, Actes Sud).

Archives

Anouk Grinberg, L'humeur Vagabonde, 21 sept 2009
Anouk Grinberg "Rosa la vie - lettres de prison de Rosa Luxembourg" (Lettre à Mathilde Jacob, Lettre à Mathilde Wurm) Livre CD coédité par Radio France et les éditions l'Atelier (24 septembre 2009)

Références musicales

Pete Seeger, Where have all the flowers gone
Alafu Arnalds, Zero 
Alexandre Tharaud, Yes sir that’s my baby

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