Critique BD : Lynda Barry, la bédéaste qu'il était temps de célébrer en France !

"Come over Come over" de Lynda Barry, 2024 - Éditions çà et là
"Come over Come over" de Lynda Barry, 2024 - Éditions çà et là
"Come over Come over" de Lynda Barry, 2024 - Éditions çà et là
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Deux drôles d'objets aujourd'hui pour notre critique BD : "Come over Come over", une chronique de l'adolescence signée Lynda Barry, dont l'oeuvre est quasi inédite en France ; et "Contes de la Mansarde" de Elizabeth Holleville et Iris Pouy, trois histoires qui angoissent...

Avec

"Come over Come over" de Lynda Barry

Paru aux éditions çà et là dans une traduction de l’anglais de Fanny Soubiran

Lynda Barry est l’une des grandes autrices américaines contemporaines, depuis près d’un demi-siècle.
Les éditions çà et là ont publié en 2014 ses strips Mes cents démons !, mais la série Ernie Pook’s Comeek, son œuvre majeure, publiée entre 1979 et 2008, restait inédite en français. 
Come over Come over est le premier recueil consacré à cette série.
Il contient des strips initialement publiés entre 1988 et 1990 centrés sur les personnages de Maybonne et de sa petite sœur Marlys.
Maybonne, 14 ans, raconte ses angoisses, ses joies et ses insécurités, à travers des pages de son journal intime, des extraits de devoirs de classe ou encore des lettres à ses proches.
La petite sœur de Maybonne, Marlys, est à la fois prodigieusement agaçante et adorable, et ne manque jamais une occasion de lire en cachette le journal intime de sa grande sœur.
Dans cette magistrale série sur l’enfance, Lynda Barry dépeint habilement la nature capricieuse des amitiés adolescentes et l’ambiance à la "tuer ou être tuée" de la scène sociale du collège de son héroïne.
Lynda Barry décrit dans son style inimitable la grandiose magie et l’atroce douleur de l’adolescence.

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L'avis des critiques :

  • Catherine Robin s'étonne que l'on ait pu passer à côté de cette artiste pendant tant d’années.
    Elle rappelle que les éditions çà et là ont publié en 2014 ses strips Mes cents démons !, mais que cette auteure reste encore mal connue en France.
    Elle loue la précision et la subtilité de Lynda Barry dans sa manière de décrire les névroses familiales et dans le traitement de ses personnages.
    Elle trouve aussi intéressantes l’atmosphère et la tonalité sur lesquelles elle a du mal à mettre des mots, pour un album étonnant et juste.
  • Victor Macé de Lépinay espère que Linda Barry, dont il loue le talent, sera bientôt invitée en France.
    Il a été très ému par cette représentation de l'adolescence au plus près de ce qu’elle peut avoir de “tragique et de risible à la fois”, loin de toute caricature.
    Il apprécie la douceur et la pudeur du dessin en dépit de la dureté des réalités décrites, entre pauvreté, alcoolisme et même inceste.
    “J’espère qu’on va continuer à découvrir cette auteure” ajoute Victor Macey de Lépinay, qui rappelle qu’il reste de grandes artistes à découvrir dans la bande dessinée.

"Contes de la Mansarde" de Elizabeth Holleville et Iris Pouy

Paru aux éditions L'employé du moi

Bastien a besoin de savoir le jour exact de sa mort. Il fait appel aux services d’un étrange laboratoire qui affirme qu’il devrait décéder le surlendemain d’une asphyxie alimentaire. Avec son amie Meera, il va essayer de passer au mieux les dernières heures de son existence.
Depuis que sa copine Aurore a hérité de la collection d’arts premiers de sa grand-mère, rien n’est plus comme avant pour Miriam. Elle est prise d’irrépressibles démangeaisons, sûrement dues aux acariens qui peuplent leur salon, transformé en véritable cabinet de curiosité, et ce n’est là que le début de son calvaire.
Barbara est autrice de bande dessinée. Un soir, elle pénètre dans le petit placard dissimulé derrière son bureau pour y découvrir une pièce dérobée sous les combles. Cette exploration va bouleverser son quotidien. Ce qui s’y cache, le secret d’une jeunesse éternelle, elle devra le garder pour elle en usant de quelques subterfuges.
Chacun des trois chapitres des Contes de la Mansarde se déroule dans le même appartement, au sixième et dernier étage d’un immeuble parisien, au cours de trois étés caniculaires.
Dans ces histoires qui donnent la chair de poule, l’amour tient toujours un rôle important, alors qu’il se retrouve nuit et jour contrarié par de funestes circonstances.
Si l’effroi apparaît par des manifestations du surnaturel, il se dissimule aussi dans les recoins de nos névroses modernes : dépression, solitude, obsession ou anxiété.
Avec leurs récits macabres, Elizabeth Holleville et Iris Pouy évoquent les lectures de leur enfance, les contes de Perrault et de Marcel Aymé, les films de genres, autant que les bandes dessinées américaines de l’ère pré-comics.

"Contes de la Mansarde" de Elizabeth Holleville et Iris Pouy
"Contes de la Mansarde" de Elizabeth Holleville et Iris Pouy
- Éditions L’employé du moi

L'avis des critiques :

  • Catherine Robin a beaucoup aimé ce livre, rappelant que l'on a peu l’habitude des nouvelles en bande dessinée, une forme littéraire très “agréable”.
    Elle trouve intéressant le principe des contraintes adopté dans cette oeuvre dans laquelle chaque histoire porte par exemple un conte traditionnel enchâssé.
    En même temps, dit-elle, “il est difficile de parler de cette bande dessinée par peur de dévoiler trop de choses”.
    Elle a par ailleurs réellement eu peur à la lecture de cet ouvrage, dont la dernière page de la dernière nouvelle lui a paru “terrifiante”.
  • Victor Macé de Lépinay a apprécié cette oeuvre mêlant horreur, fantastique, surnaturel, étrange, mais aussi “une bonne dose de vie quotidienne ordinaire”.
    Il loue la maîtrise du dessin, à la fois simple, narratif et très juste dans les anatomies et les expressions des visages, particulièrement importantes dans le genre fantastique et horrifique.
    Il apprécie aussi la maîtrise du rythme : “on sent l'étrangeté monter avant un moment de basculement”.
    Si cet ouvrage fait peur, ajoute Victor Macé de Lépinay, il créé surtout un sentiment de malaise et d’angoisse et serait presque à mettre entre toutes les mains.

Extraits sonores :

  • Extrait de la chanson Crystal Blue Persuasion par Tommy James & The Shondells
  • Extrait de la chanson Black Magic Woman par Santana

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