La vidéosurveillance algorithmique : testée dans l'espace public à Paris

La vidéo surveillance algorithmique : une étape sans retour ? ©Getty - manusapon kasosod
La vidéo surveillance algorithmique : une étape sans retour ? ©Getty - manusapon kasosod
La vidéo surveillance algorithmique : une étape sans retour ? ©Getty - manusapon kasosod
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À l’approche des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris, la vidéosurveillance appuyée sur l’intelligence artificielle fait officiellement son apparition dans Paris. Le premier test : les 3 et 5 mars à Bercy.

Il y a une dizaine de jours, la revue Wired abordait la question de la vidéosurveillance couplée à l’intelligence artificielle, aussi appelée vidéosurveillance algorithmique. Le métro de Londres a testé pendant un an, entre octobre 2022 et septembre 2023, une combinaison entre l’Intelligence artificielle et la surveillance vidéo en temps réel, dans une station du Nord-Ouest de la capitale britannique : Willesden Green.

Si l’idée originelle était de lutter contre la fraude, il s’agissait aussi de détecter les mouvements de foule, ainsi que les comportements criminels et antisociaux. Seulement, les agressions étaient difficiles à repérer : il est arrivé plusieurs fois qu'un usager lève simplement le bras et déclenche l'alerte.

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Perfectionner les algorithmes

En réalité, le dispositif servait surtout à affiner les algorithmes, afin que ceux-ci enregistrent les différents cas à reconnaître. La police venait par exemple montrer certaines armes à la caméra, en dehors des heures ouvrées du métro, pour que les algorithmes soient capables les identifier ultérieurement.

Au total, 44 000 alertes ont été déclenchées par le dispositif de surveillance, dont 19 000 ont été transmises au personnel de la station, soit une cinquantaine de signalements par jour, avec parfois des pics allant jusqu'à 300 signalements quotidiens. Sur l'ensemble de l'année, 2000 alertes ont été lancées suite à la détection de personnes restées assises trop longtemps sur les bancs de la station. Transport of London, l'organisme public responsable des transports en commun de Londres, a annoncé que le dispositif était en train d’être développé dans d’autres stations du réseau.

À Paris, des caméras de vidéosurveillance algorithmique vont, elles aussi, être "testées" les 3 et 5 mars, à l’occasion du concert du groupe Depeche Mode à Bercy. Le ministère de l'Intérieur a précisé qu'il s'agissait d’entraîner l’algorithme dans des conditions réelles. Au total, six caméras seront installées par la préfecture de police sur la voie publique, autour de l’Accor Arena de Bercy. Des tests seront dans un deuxième temps effectués avec la SNCF et la RATP. L'objectif à plus long terme : les Jeux Olympiques et Paralympiques de cet été.

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Des dispositifs controversés

Promulguée en mai dernier, la "loi Jeux Olympiques", rend désormais possible l’installation de dispositifs de vidéosurveillance algorithmique dans l’espace publique. Une législation qui fait débat : Amnesty International souligne l'absence de débat public et interroge sur la conception que l'algorithme porte sur les comportements : comment juge-t-il d'une attitude "normale" ou "anormale" ?

Les dispositifs de reconnaissance faciale suscitent, eux aussi, de nombreuses tensions : à Bercy, le gouvernement garantit qu’ils ne seront pas présents. Pour ce qui est de la station Willesden Green à Londres, si les visages étaient initialement floutés, il a été décidé, six mois après la mise en place du dispositif, de rétablir l'image nette lorsque les usagers étaient soupçonnés de frauder.

"La mise en place de la vidéosurveillance algorithmique est une étape sans retour", souligne un expert interrogé dans la revue Wired. "Peu importe les garanties éthiques, quand le dispositif est en place, ce qui compte, ce sont les mises à jour du système". Jusqu'où ces mises à jour pourraient-elles aller ? "La pente est très glissante", conclut-il.

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