Aller au contenu

Ligne du Jura

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Ligne du Jura
Ligne de Bâle à Bienne
via Delémont et Moutier
Image illustrative de l’article Ligne du Jura
ICN sur le viaduc du Mösli à Granges
Pays Drapeau de la Suisse Suisse
Gares desservies Bâle, Delémont, Moutier, Bienne
Historique
Mise en service 1857 – 1915
Électrification 1927 – 1931
Caractéristiques techniques
Numéro officiel 230 BSDMT
226 DMT–MOU
241 MOU–LEN
410 LEN–BI
Longueur 62,75 km
Écartement standard (1,435 m)
Électrification 15 kV – 16,7 Hz
Pente maximale 16 
Nombre de voies partiellement à double voie
Signalisation Extérieure contrôlée par ETCS L1 LS, Euro-Signum et Euro-ZUB
Trafic
Propriétaire CFF, BLS
Exploitant(s) CFF
Trafic ICN, RE, R, fret

La ligne du Jura (en allemand : Jurabahn), où ligne de Bâle à Bienne via Delémont, est une ligne de chemin de fer suisse, à voie normale. Elle relie les villes de Bâle, Delémont, Moutier et Bienne.

C'est une ligne des Chemins de fer fédéraux suisses (SBB CFF FFS) et du BLS (pour le tronçon entre Lengnau et Moutier).

Les cantons de Bâle et de Berne étaient déjà reliés entre eux depuis 1858 via la ligne du Hauenstein et la ligne d'Olten à Berne de la Compagnie du Central-Suisse. Si l'opportunité d'une ligne de Bienne à Bâle via le canton du Jura fait l'objet d'un consensus politique dès cette même année[1], sa concrétisation prend un véritable essor lors de l'annexion de l'Alsace par l'Allemagne à la suite de la guerre franco-prussienne de 1870. En effet, la Compagnie des chemins de fer de l'Est, cherchant à retrouver un accès direct à la Suisse depuis sa ligne Paris-Mulhouse sans transiter par l'Allemagne, fera partie des principaux investisseurs de la Compagnie du Jura bernois, société par actions créée en 1873, aux côtés du canton de Berne et d'autres investisseurs institutionnels et particuliers[2],[3]. Ladite compagnie absorbera par la suite la Compagnie du Jura industriel, la compagnie du Chemin de fer Porrentruy–Delle (de) et la Compagnie Berne-Lucerne (de), avant d'être intégrée à la Compagnie du Jura-Simplon en 1890 puis aux Chemins de fer fédéraux suisses (CFF) en 1903[4].

La Compagnie du Jura bernois ouvre en 1874 un premier tronçon reliant les gares de Bienne et Tavannes (ce tronçon ne fait plus partie de la ligne du Jura depuis l'ouverture du tunnel Moutier-Granges), puis un tronçon Bâle-Delémont l'année suivante. La jonction complète est établie le 24 mai 1877. A Delémont, la ligne bénéficie d'un accès à la France via la ligne Delémont-Delle – la bifurcation de Delémont est d'ailleurs orientée de manière à privilégier les liaisons directes franco-suisses, engendrant un rebroussement pour les liaisons Bâle-Bienne[5].

La ligne est intégrée au réseau ferré national suisse en 1903 (année d'acquisition du Jura-Simplon par les CFF)[4].

Afin de réduire les temps de parcours entre la frontière franco-suisse et Berne (et au-delà l'Italie), un projet voit le jour au début du XXe siècle de dévier la ligne par un itinéraire plus direct, toujours avec l'appui de la France[6],[7],[8]. La mission en échoit au Berne-Lötschberg-Simplon (BLS), société indépendante des CFF (mais à capitaux en partie publics) créée en 1906 pour réaliser et exploiter la ligne du Lötschberg. Cette société se voit confier en 1909 la concession d'une liaison directe entre la gare de Moutier et celle de Longeau (sur la ligne du Pied-du-Jura), qu'elle établit en creusant le tunnel Moutier-Granges. Le nouvel itinéraire ouvre à la circulation en 1915[6].

Après la Grande guerre, le trafic international délaisse peu à peu la ligne, lui préférant les liaisons électrifiées via Mulhouse (redevenue française) ou Vallorbe, et cesse complètement en 1992[9] lorsque la SNCF ferme la ligne Belfort-Delle. Cette dernière rouvrira finalement en 2018[9] et permet aujourd'hui une correspondance avec la LGV Rhin-Rhône en gare de Belfort-Montbéliard TGV.

  •  : catastrophe de Münchenstein, 73 morts et 171 blessés.
  •  : le train international Hispania-Express CerbèreGenèveBâleHambourg déraille entre Choindez et Delémont. La voiture-restaurant allemande s'écrase contre l'entrée du tunnel de Choindez III et est coupée en deux[10] ; trois morts et 27 blessés seront retirés du train. La cause étant que ce type de voitures-restaurants était plus long de 1,1 mètre que la normale (27,50 m contre 26,40), et que l'empattement entre les second et troisième essieux supérieurs d'autant, longueur qui a suffi pour que les isolations d'aiguille ne détectent plus le véhicule durant un court instant, permettant ainsi aux lames d'aiguilles de tourner. Les deux bogies de la voiture se sont donc retrouvés sur deux voies différentes et parallèles. La voiture a circulé ainsi sur quelques centaines de mètres, y compris à travers le tunnel de Choindez I, avant d'être stoppée par l'entrée du tunnel III, construit séparément du tunnel II. Les installations de sécurité de la gare de Choindez étaient en travaux à ce moment-là, il est possible que la longueur des rails isolés en ait été réduite.
Voiture-restaurant DB de type WRmz135, du même type que celle impliquée dans l'accident de Choindez.

Caractéristiques

[modifier | modifier le code]

Au départ de Bâle, la ligne suit le cours de la Birse, qu'elle franchit à plusieurs reprises. Jusqu'en 1915, la ligne remontait jusqu'à la source de cette rivière, à Tavannes, puis franchissait le col de Pierre Pertuis par un tunnel, avant de redescendre le cours de la Suze de Sonceboz-Sombeval à Bienne. Depuis 1915, la ligne quitte la vallée de la Birse à Moutier, empruntant le tunnel Moutier-Granges sous le Grenchenberg et le Graitery, avant de rejoindre la ligne du Pied-du-Jura à Longeau. L'ancien tracé est désormais emprunté par la ligne Sonceboz-Sombeval – Moutier et par la ligne Bienne – La Chaux-de-Fonds.

La ligne est entièrement à voie unique à l'exception du tronçon périurbain Bâle-Aesch, et du tronçon Longeau-Bienne commun à la ligne du Pied-du-Jura[11]. Il est prévu de doubler la voie entre les gares successives de Duggingen et Grellingen, créant ainsi un évitement dynamique à même d'augmenter la capacité de la ligne. Ce projet reçoit l'aval de l'Office fédéral des transports en février 2023[12] et devrait se concrétiser d'ici fin 2025[13],[14]. Dans le cadre de ces travaux, les CFF annoncent en 2024, que les trains ne circuleront plus entre Laufon et Aesch, d'avril à fin septembre 2025. Des bus remplaceront les trains entre ces deux communes, mais le temps de trajet sera rallongé de 15 à 30 minutes[15].

Ouvrages d'art

[modifier | modifier le code]

Avec une longueur de 7 mètres, le tunnel de Moutier III situé le long des gorges de Moutier est le plus court tunnel ferroviaire du pays[16].

Exploitation

[modifier | modifier le code]

La ligne du Jura est parcourue de bout en bout par les trains la ligne InterCity (IC) numéro 51, à la fréquence horaire. Des trains reliant Bâle à Lausanne et Genève sans changement l'ont empruntée jusqu'en 2015[17]. Il est prévu à terme de doubler la fréquence de la ligne IC 51 et de rétablir le prolongement à Lausanne pour une partie des circulations[12]. En complément, le tronçon de Bienne à Delémont est emprunté par des RegioExpress reliant Bienne à Belfort-Montbéliard TGV, et le tronçon de Bâle à Delémont, par la ligne S3 du RER trinational de Bâle reliant Olten à Porrentruy. Tous ces trains sont exploités par les CFF.

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  • Réseau ferré suisse, Secrétariat général CFF, Berne 1997

Références

[modifier | modifier le code]
  1. « Bienne-Delémont-Bâle | Chronologie jurassienne - de l'époque romaine à nos jours », sur www.chronologie-jurassienne.ch (consulté le )
  2. « Réseau jurassien | Chronologie jurassienne - de l'époque romaine à nos jours », sur www.chronologie-jurassienne.ch (consulté le )
  3. Notices chronologiques sur les chemins de fer Jura-Berne-Lucerne, Berne, , 14 p. (lire en ligne), p. 8
  4. a et b « Jura-Simplon, compagnie du », sur hls-dhs-dss.ch (consulté le )
  5. christophe, « Il y 140 ans dans la vallée de la Birse », sur Histoire ferroviaire suisse, (consulté le )
  6. a et b « 100 Jahre Grenchenbergtunnel – Wiki der Stadt Grenchen », sur wiki.stadtgeschichte-grenchen.ch (consulté le )
  7. (de) BLS, « Geschichte BLS - Chronik der BLS AG - BLS AG », sur BLS, (consulté le )
  8. « Le tunnel Moutier-Granges a 100 ans », sur Le tunnel Moutier-Granges a 100 ans (consulté le )
  9. a et b « VIDEO. Après 26 ans de fermeture, la ligne Belfort-Delle rouvre ce weekend aux voyageurs », sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté (consulté le )
  10. www.lexpressarchives.ch
  11. Données Google Maps
  12. a et b www rfj ch, RFJ, Radio Fréquence Jura, « Feu vert à un tronçon à double voie dans le Laufonnais », sur www.rfj.ch (consulté le )
  13. « Ligne Bâle-Delémont-Bienne: la cadence à la demi-heure, c'est pour bientôt », sur arcinfo.ch (consulté le )
  14. www rjb ch, RJB, Radio Jura Bernois, « Les travaux sur la ligne Bienne-Bâle peuvent débuter », sur www.rjb.ch (consulté le )
  15. Le trafic ferroviaire sera totalement interrompu durant cinq mois dans le Laufonnais, RFJ, 29 avril 2024
  16. Hans G. Wägli, Réseau ferré suisse, AS Verlag, (ISBN 978-3-909111-74-9) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  17. Convention concernant le développement de l'offre de prestations de transport ferroviaire et l'avenir de l'axe Bâle-Laufont-Delémont-Bienne (direction Lausanne/Genève), (lire en ligne)

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]