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Lettres persanes/Lettre 149

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Texte établi par André LefèvreA. Lemerre (p. 144-145).

LETTRE CXLIX.

NARSIT À USBEK.
À Paris.


Le grand eunuque vient de mourir, magnifique Seigneur : comme je suis le plus vieux de tes esclaves, j’ai pris sa place, jusques à ce que tu aies fait connoître sur qui tu veux jeter les yeux.

Deux jours après sa mort, on m’apporta une de tes lettres qui lui étoit adressée : je me suis bien gardé de l’ouvrir ; je l’ai enveloppée avec respect, et l’ai serrée jusques à ce que tu m’aies fait connaître tes sacrées volontés.

Hier, un esclave vint, au milieu de la nuit, me dire qu’il avait trouvé un jeune homme dans le sérail : je me levai, j’examinai la chose, et je trouvai que c’étoit une vision.

Je te baise les pieds, sublime Seigneur ; et je te prie de compter sur mon zèle, mon expérience et ma vieillesse.

Du sérail d’Ispahan, le 5 de la lune de Gemmadi 1, 1718.