Galliano : "L’acid-jazz a puisé son énergie dans les clubs"

Publicité

Galliano : "L’acid-jazz a puisé son énergie dans les clubs"

Par
Rob Gallagher, Ernie McKone, Valerie Etienne, Ski Oakenfull, et Crispin Taylor de Galliano.
Rob Gallagher, Ernie McKone, Valerie Etienne, Ski Oakenfull, et Crispin Taylor de Galliano.
- DOBIE

Rencontre à Sète avec Rob Gallagher, tête pensante du collectif londonien, avant un concert de retrouvailles sur la scène du Worldwide Festival.

Londres, fin des années 80. Du boucan nocturne et génial qui soulève alors quelques clubs nichés au cœur de Camden et de Soho s’éveille alors une nouvelle scène captivante, quelques dizaines de jeunes chanteurs, danseurs, et musiciens qui fusionnent sans complexe l’énergie de la house-music au jazz le plus funky pour former sur le dancefloor un groove imparable. Mené dès ses débuts par Rob Gallagher aka Earl Zinger, le collectif Galliano fut l’un des groupes les plus emblématiques de ce mouvement bouillonnant qui offrit son nom  au premier label de Gilles Peterson, et qui retrouve aujourd’hui la scène au Théâtre de la mer après presque trente ans de silence.

Vous avez mené plusieurs projets solo ces dernières années, qu’est-ce qui vous a poussé à reformer votre collectif Galliano ?

Publicité

Je pense que je me suis intéressé à l'aspect temporel et au fait d'arriver à un certain stade de la vie. Vous commencez à regarder ce que vous avez fait, à regarder devant vous et, pour moi, tout est allé très vite. Mais ensuite, c'est peut-être aussi lié à l'époque et à mon époque. Peut-être que quelque part, Galliano a aujourd’hui du sens alors qu'il n'en avait pas auparavant. Donc nous allons le faire, oui. Je pense que ce qui s'est toujours passé, c'est que Galliano était un truc pour lancer des idées. Vous savez, je ne pense pas vraiment être un musicien. Je pense que j'utilise la musique pour faire des choses, pour créer des idées, et il me semble que c'est le bon moment pour faire renaitre ces idées.

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

Avec Galliano et d’autres artistes de votre génération, vous avez lancé l’acid-jazz à la fin des années 80… Quel souvenir gardez-vous de cette époque ?

L’expression acid-jazz est née d'un DJ, Chris Bangs, qui s’est inspiré à l’époque du terme acid-house. L’acid-jazz a puisé son énergie dans les clubs, dans l'explosion de cette culture, et il y avait alors ce qu'on appelait à l'époque la scène jazz, funk, et soul de Londres. C'était assez underground, et tout ça se passait avant le numérique évidemment. Il fallait donc écouter la radio, prendre les flyers, aller dans les clubs et parler aux gens pour savoir ce qui se passait. Gilles venait du sud de Londres, moi du nord, et nous étions tous impliqués dans ce phénomène. Certains de nos amis ont commencé à faire de l'acid house, et en réponse à cela, une sorte de blague a été de dire qu’on faisait de l'acid jazz.

L-R Constantine Weir, Crispin Robinson, Michael Snaith, Rob Gallagher de Galliano en 1990 à Londres.
L-R Constantine Weir, Crispin Robinson, Michael Snaith, Rob Gallagher de Galliano en 1990 à Londres.
© Getty - Martyn Goodacre

Mais ce n’était pas qu’une blague en réalité, c’était aussi une façon de faire de la curation : on prenait les meilleurs morceaux de dub, du jazz, de la soul, du funk, avec un côté psychédélique aussi. Alors évidemment, il y avait très peu de gens qui aimaient ça au début, c'était presque une sorte de passion monacale que de forger tout ça, et puis d'autres personnes s'en sont emparées. Tout art est repris et réutilisé, l’acid-jazz a donc aussi été réutilisé par d'autres personnes pour faire d'autres choses, et c’est très bien comme ça.

Vous préparez la sortie d’un album le mois prochain, que réservera ce nouveau disque ?

Je suppose que nous poursuivons de nouvelles inspirations à partir de la base du mouvement. Et la base du mouvement, c’était la musique funk et groove du début des années 70. On commence quelque chose, on ne sait pas où ça va aller et on suit le mouvement. La dernière fois, Galliano s'est terminé à un endroit, et cette fois-ci, on ne sait pas. La musique a la capacité de vous faire voyager dans le temps, elle peut donc vous transporter comme aucune autre forme d'art dans un temps et un lieu différent. Galliano est assez anachronique, car le groupe était peut-être un peu en dehors de son temps, et maintenant il est définitivement en dehors de son temps. D'une certaine manière, je considère que nous sommes des voyageurs du temps.

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

Votre premier single Circles Going Round The Sun a des allures d'appel à danser… Libérer son corps, c’est aussi ça le message de Galliano ?

Je pense qu'il est intéressant de constater qu'à l'époque où les réseaux sociaux et les détails de la vie peuvent vous séparer, vous recherchez des moments où vous êtes soudainement ensemble avec d'autres gens. Ainsi, au lieu de s'intéresser à l'individu, on s'intéresse au collectif, à la sensation des autres choses, aux connexions avec tout le reste et peut-être à la danse parce que nous, nos esprits sont à l'intérieur de nos corps. Tout est donc dans le corps. Quand le corps n'est plus là, il n'y a plus rien. Et vous, qui sait ? Alors peut-être que cela a quelque chose à voir avec ça oui, un moment transcendant sur la piste de danse. Je ne suis pas sûr de ce que c'est précisément, mais le Worldwide est un super dancefloor pour expérimenter cela car ce festival est un vaisseau spatial, c'est une sorte de vaisseau-mère.

Mise à jour : cet entretien a été réalisé avant le concert de Galliano prévu initialement samedi 6 juillet au Théâtre de la Mer, mais finalement annulé pour cause d’alerte météorologique.

Sous les jupes de Fip
2h 38

Pour afficher ce contenu Instagram, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.

Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.

pixel