Maîtrise-t-on quoi que ce soit dans le lien amoureux ? : épisode • 4/4 du podcast Comment se tissent les liens entre nous ?

Lien amoureux ©Getty - Westend61
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L’amour est souvent perçu comme la chose qui nous tombe dessus sans prévenir. Or, on ne tombe pas amoureux de n’importe qui, n’importe comment et n’importe quand. Faut-il y voir une certaine maîtrise (même inconsciente) de l’amour ?

Avec
  • Nassim El Kabli enseignant de philosophie morale et politique à l’université de Lille et chroniqueur du ""Vrai" métier des philosophes"
  • Fabienne Brugère Philosophe, professeure de philosophie de l’art, philosophie morale et politique à l’université Paris VIII
  • Claire-Lise Gaillard Doctorante en histoire à l'Université Panthéon-Sorbonne (Paris I)

" Avec Philosophie " propose cette semaine une série d'émissions consacrée aux liens. Dans ce quatrième épisode, Géraldine Muhlmann et ses invitées s'intéressent à l'amour.

Le desmos

"Le « desmos », en grec, signifie lien." Indique Nassim El Kabli : "Le terme de « desmologie » définit une nouvelle conception du sujet et de la subjectivité qui se fonde non pas à partir du « moi » singulier, c'est le schéma traditionnel cartésien, le « moi » comme point de départ de l'ontologie, de l'existence, mais sur l'idée que le sujet se construit et est travaillé à partir de ses liens. Autrement dit, le moi n'est jamais premier, mais toujours second. Le moi est précédé par les liens qu'il tisse. Et c'est en cela que le lien est beaucoup plus puissant que la relation. La relation n'a pas une charge ontologique, n'a pas une puissance de subjectivation. Toute relation ne nous transforme pas, alors que le lien, et surtout le lien amoureux, nous transforme subjectivement et en profondeur."

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L'amour toujours

"L'amour a quand même à voir avec une forme d'impuissance, de dépossession." Explique Fabienne Brugère : "On est dans une sphère qui n'est pas celle de la maîtrise, parce que l'amour, l'objet aimé, ce n'est justement pas un objet, c'est un sujet. C'est le premier élément. Le deuxième, c'est que souvent, on projette un idéal sur l'amour. Quand on dit « je t'aimerai toujours », il faut quand même réfléchir vraiment. Il y a toujours un début et une fin d'une histoire amoureuse. Après, on peut projeter cette illusion à laquelle on croit dans notre culture, qui est celle de l'amour toujours, qui d'ailleurs est sans doute à penser en écho à cette idée de l'amour de Dieu, de l'amour intellectuel de Dieu, ce que notre modernité a constitué comme définition de l'amour."

Un monde nouveau
2 min

Pour en parler

Nassim El Kabli, Enseignant de philosophie morale et politique à l’université de Lille et chroniqueur durant l'été 2023 du  "Vrai" métier des philosophes. Il a notamment publié :

  • Soi-même par un autre. Figure d’exemplarité, figures d’exemple (éditions Mimésis, 2021)
  • La rupture. Philosophie d’une expérience ordinaire (L’Harmattan, 2015)

Fabienne Brugère, Philosophe, professeure à l'Université Paris 8. Elle a notamment publié :

  • Désaimer, Manuel d’un retour à la vie (Flammarion, paru le 1er mai 2024)
  • Le Peuple des femmes (avec Guillaume Le Blanc) (Flammarion, 2022)
  • On ne naît pas femme, on le devient (Stock, 2019)
  • L'Éthique du care (Que sais-je ?, PUF, 2017)

Claire-Lise Gaillard, Docteure en histoire, post-doctorante à l’INED (Institut national d'études démographiques). Elle a publié :

  • Pas sérieux s’abstenir. Histoire du marché de la rencontre XIXe-XXe siècle (CNRS Editions, paru le 1er février 2024)

Références sonores :

  • Extrait de la série de téléréalité, Indian Matchmaking, par Smriti Mundhra, 2020
  • Extrait du film Coup de foudre à Notting Hill, réalisé par Roger Michell et scénario de Richard Curtis, 1999
  • Extrait du Film Closer, entre adultes consentants, réalisé par Mike Nichols, 2004
  • Extrait du texte d'Ovide, Les Remèdes à l'amour, Folio Sagesse, Traduit du latin et annoté par Henri Bornecque, 2017
  • Musique de fin, Mon Amour, de Slimane, chanté lors de l'Eurovision 2024

Le Pourquoi du comment, la chronique de Frédéric Worms

Retrouvez sa chronique ci-dessous.

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