LES NUITS LE JOUR : Hélène Cixous

Hélène Cixous, écrivaine, professeure, féministe, poète, philosophe en 1990. ©Getty - Sophie Bassouls/Sygma
Hélène Cixous, écrivaine, professeure, féministe, poète, philosophe en 1990. ©Getty - Sophie Bassouls/Sygma
Hélène Cixous, écrivaine, professeure, féministe, poète, philosophe en 1990. ©Getty - Sophie Bassouls/Sygma
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Notre visite dominicale dans les archives de l'Ina. Pour annoncer la Nuit d'archives "Hélène Cixous".

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Une enfance du côté d'Oran, dans les années 1930. L'écrivaine, philosophe et dramaturge Hélène Cixous donnait cinq entretiens pour l'émission "A Voix nue" en 1999. Dans le premier elle se penche sur son enfance algérienne, marquée par le drame de la mort de son père.

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La vie d'Hélène Cixous, écrivaine, philosophe, dramaturge commence en 1937 à Oran en Algérie sous le règne colonial français. Dans le premier de cinq entretiens qu'elle donne pour l'émission "A Voix nue" en 1999, elle évoque son enfance. Hélène Cixous est née dans une famille au statut social atypique, pauvre par rapport aux colons français mais riche par rapport aux Algériens. Cette enfance en Algérie est dominée par une figure : celle de son père, médecin qui décède de la tuberculose quand elle a 10 ans. Cette mort, ce vide absolu, cette plaie béante est comme la matrice de l’œuvre d’Hélène Cixous, traversée en permanence par les morts et les revenants. Il est d’ailleurs l’objet de son tout premier roman, Dedans, qui obtient le prix Médicis en 1969.

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Oran, une ville aimée et aimante

Hélène Cixous raconte son enfance à Oran dans une famille laïque de tradition juive. Dans un entretien d’une rare intimité, elle nous offre des souvenirs précieux, scènes d’une vie familiale brisée par la mort soudaine du père, qui avait caché sa maladie. Elle raconte également sa première expérience du pétainisme à l’âge de trois ans lors d’un défilé à la gloire du Maréchal. "Je suis née à un moment où se superposaient la situation colonialiste, Vichy et les nazis (...) Je suis entrée dans la vie en plein Vichy. Je voyais autour de moi des traits de violence historique. Du jour au lendemain mon père s'est retrouvé jeté hors de la nationalité française. Il ne pouvait plus exercer la médecine."

"Mon écriture est hantée par les personnes qui me traversent qui peuvent être mortes, vivantes ou sous mon propre toit."

Hélène Cixous se souvient : "Oran c'est une ville que j'aime et que j'ai aimée. C'est une ville aimée et aimante. Et, en même temps, que je ne connais pas. J'y suis née, j'y ai vécu, je m'y suis perdue énormément, je l'ai retenue par ses parfums, par ses couleurs et j'y ai eu mes premières angoisses politiques et physiques. (...) Je me vois encore pleurer dans les rues d'Oran devant la misère qui était d'une violence extrême."

  • Par Marie-Christine Navarro
  • Avec Hélène Cixous (écrivain, poétesse, auteur dramatique, philosophe et critique littéraire)
  • Réalisation : Bruno Sourcis
  • A voix nue - Hélène Cixous 1/5 (1ère diffusion : 19/07/1999)
  • Edition web : Documentatio

Un père mort de la tuberculose alors qu’elle avait tout juste dix ans : ce drame originel est l'un des moteurs de l'écriture d'Hélène Cixous. En 1999, l'écrivaine donnait cinq entretiens pour l'émission "A Voix nue", dans le second elle revient sur la figure idéalisée de son père.

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Pour Hélène Cixous, écrivaine, poétesse, dramaturge, philosophe, le livre ressemble à une tombe déplacée. Ce carré de papier est un lieu traversé par la mort et les morts eux-mêmes, sorte de caisse enregistreuse de ce qu’ils n’ont pas pu dire pendant leur vie. En 1999, dans le deuxième volet d'une série d'entretiens pour "A Voix nue", elle revient sur le drame originel de sa vie, la mort de son père alors qu’elle avait tout juste dix ans. Ce déchirement est sans doute la source même de l’écriture de Cixous, son travail du langage la renvoyant sans cesse à cette figure idéalisée, que l’on retrouve tout au long de son parcours littéraire qu'elle définit ainsi : "Mon écriture est sortie de la tombe de mon père."

"Il n'y a pas plus incarné, plus charnel que des lettres, l'écriture c'est la peinture de l'âme."

Hélène Cixous raconte sa réaction lorsque son frère a retrouvé plusieurs centaines de lettres écrites par son père à sa mère : "J'ai eu la tentation de ne pas lire ces lettres. Il n'y a pas plus incarné, plus charnel que des lettres. Nous qui sommes maintenant dans le monde de l'ordinateur, nous allons perdre ou nous avons déjà perdu, en tout cas nous sommes menacés de perdre le charnel de l'écriture manuscrite. C'est un phénomène stupéfiant. L'écriture c'est un mouvement, c'est la peinture de l'âme."

Dans cet entretien Hélène Cixous évoque aussi la relation très forte qu'elle entretient avec sa mère, très présente dans sa vie.

  • Par Marie-Christine Navarro
  • Avec Hélène Cixous (écrivain, poétesse, auteur dramatique, philosophe et critique littéraire)
  • Réalisation Bruno Sourcis
  • A voix nue - Hélène Cixous 2/5 (1ère diffusion : 20/07/1999)
  • Edition web : Documentation de Radio France
  • Archive Ina-Radio France

A voix nue - Hélène Cixous 1/5 (1ère diffusion : 19/07/1999)
Par Marie-Christine Navarro - Avec Hélène Cixous (écrivain, poétesse, auteur dramatique, philosophe et critique littéraire) - Réalisation Bruno Sourcis

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