Les travailleurs des plateformes bientôt mieux protégés

Manifestation de salariés de Deliveroo et d'autres coursiers à vélo "ubérisés" à Bordeaux le 15 mars 2017 ©AFP - Georges Gobet
Manifestation de salariés de Deliveroo et d'autres coursiers à vélo "ubérisés" à Bordeaux le 15 mars 2017 ©AFP - Georges Gobet
Manifestation de salariés de Deliveroo et d'autres coursiers à vélo "ubérisés" à Bordeaux le 15 mars 2017 ©AFP - Georges Gobet
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Les droits des travailleurs des plateformes pourraient être renforcés grâce à la législation européenne. Une directive en ce sens vise à requalifier ces travailleurs en salariés, ouvrant une bataille contre le management algorithmique, la collecte abusive de données et la discrimination.

Les travailleurs de plateforme sont plus de 28 millions dans l’Union européenne, dont 5 millions et demi de chauffeurs et livreurs. Ils sont entrés dans nos vies depuis une quinzaine d’années et participent à la numérisation du monde. Nous, les consommateurs, sommes bien heureux depuis le confort de notre salon d’entendre sonner à la porte un livreur Deliveroo ou de voir arriver prestement un chauffeur Uber.

Loin des promesses d’indépendance et d’empowerment, comme l’a vendu le management californien, les travailleurs se battent régulièrement pour renforcer leurs droits, d’un pays européen à l’autre. Dans cet écosystème où la désintermédiation règne en maitre, la question est toujours la même : qu'en est-il de la responsabilité des plateformes qui ont beau de se cacher derrière leur interface en flattant l’intérêt du consommateur, qui au passage s’y retrouve de moins en moins ?

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Le Temps du débat
48 min

Après des mobilisations, des grèves, des blocages et des actions en justice à titre individuel — dont certaines couronnées de succès — une harmonisation européenne se dessine. Le 11 mars, les ministres de l’Emploi de l’UE ont confirmé un accord provisoire sur une directive liée au travail.

Ce texte cherche à faciliter leur requalification en travailleurs salariés. Les négociateurs de l’UE ont mis en place une présomption légale d’emploi. En un mot, il incombera maintenant à la plateforme de prouver l’absence de relation de travail. Une inversion de la charge qui laisse planer quelques espoirs, mais ces espoirs sont tout de même à relativiser, car les États membres disposeront de deux ans pour transposer ces dispositions dans leur droit national. Et la France, rebaptisée Start-up nation, ne court pas après ces évolutions et c’est un euphémisme de le dire.

Les nouvelles d'un monde meilleur
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Lutter contre les dérives du management algorithmique

Les syndicats, chercheurs et travailleurs sont nombreux à dénoncer une  discrimination algorithmique. Le prix des courses fluctue en permanence, les chauffeurs comme les livreurs sont dépendants d’un algorithme qu’ils ne maitrisent pas, confronté à une boite noire imprévisible, facteur de précarité financière et psychique.

Des tests réalisés par des chercheurs et des travailleurs ont prouvé que deux chauffeurs qui réalisaient les mêmes courses dans des conditions similaires ne perçoivent pas toujours le même gain. Cette différenciation est induite par l’ exploitation des données personnelles.

Une collecte qui échappe une fois encore au chauffeur. Des données qui vont de son historique de course, sa réactivité de réponses jusqu'à des informations biométriques. Dorénavant, les travailleurs devront être informés de l’utilisation d’un système de surveillance ou de la prise de décision automatisée.

Le texte proscrit le traitement de certaines données concernant l’état émotionnel ou psychologique du chauffeur, voilà qui en dit long sur ce qu'il était possible de faire !

À suivre, le texte doit être formellement adopté par chaque État membre et le temps joue pour les plateformes et leurs lobbies, car les prochaines élections européennes risquent de ralentir la cadence des avancées sociales.

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