Mahsa Amini, femme, vie, liberté

Manifestation organisée par "Femme, vie, liberté", un an après la mort de Mahsa Amini, 16 septembre, 2023, Paris. ©Getty - Ameer Alhalbi
Manifestation organisée par "Femme, vie, liberté", un an après la mort de Mahsa Amini, 16 septembre, 2023, Paris. ©Getty - Ameer Alhalbi
Manifestation organisée par "Femme, vie, liberté", un an après la mort de Mahsa Amini, 16 septembre, 2023, Paris. ©Getty - Ameer Alhalbi
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Pour terminer cette série, un hommage à une jeune femme morte beaucoup trop jeune et dont la disparition a entraîné la résurrection des mouvements féministes en Iran. Elle incarne le courage, la résistance, la solidarité, pour son pays mais aussi pour le monde entier.

Mahsa Amini est morte le 16 septembre 2022. Elle a été arrêtée par la police des mœurs alors qu'elle se trouvait avec les membres de sa famille à la sortie d'une des autoroutes menant à la capitale. Depuis la Révolution islamique de 1979, la loi impose à toutes les femmes le port d'un voile dissimulant la tête et le cou et couvrant les cheveux. La police des mœurs est la police religieuse d'Iran depuis 2005. Elle est chargée de veiller au respect des mœurs islamiques. Ces derniers mois, la police des mœurs s'était faite plus discrète. Mais depuis avril dernier, elle est de nouveau de retour, selon les vidéos publiées sur les réseaux sociaux, et donne lieu à des arrestations très musclées, notamment à Téhéran, où des femmes continuent à braver la police en sortant dans les rues, tête nue.

Pour faire le portrait de Mahsa Amini, nous avons choisi de nous entretenir avec deux femmes franco-iraniennes : Chirinne Ardakani, avocate, présidente de l'association Iran Justice et Delphine Minoui, écrivaine et journaliste.

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Une mort terrible, à l'origine du mouvement Femme, vie, liberté

Delphine Minoui raconte : "Je pense qu'une ligne rouge a été franchie. Cette police des mœurs circule dans les rues de Téhéran régulièrement et partout en Iran. Et c'est souvent à l'approche de l'été, parce que les mollahs savent qu'à l'approche de l'été, les femmes vont réduire la taille du voile. Elles vont retirer les chaussettes obligatoires. On va voir apparaître du vernis, du vernis à ongles dans les sandales assorties au foulard, parce qu'elles sont aussi très coquettes. La coquetterie est une forme de résistance. Et ce qui s'est passé d'ailleurs, ça s'est passé en septembre. Il fait encore très chaud en Iran. Mahsa Amini, qui était une jeune Kurde, arrive pour quelques jours de vacances avec sa famille à Téhéran. Elle se promène dans la rue. Son foulard glisse. Elle est prise à partie par la police des mœurs. En général, d'habitude, ça se finissait toujours avec quelques remontrances, parfois au poste de police, parfois avec une amende. Mais il n'y avait pas eu de mort et ça a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase et qui a généré comme ça un élan de colère, de colère qui était retenue depuis tant d'années et qui était exprimée pour la première fois sur l'espace public."

Après trois jours de silence, les autorités l'annoncent le 17 septembre 2022. La mort de Massa crée une onde de choc dans le pays. Le lendemain, ses funérailles rassemblent des centaines de personnes dans son Kurdistan natal. Les manifestations se multiplient partout dans le pays et surtout au cœur de Téhéran, où des Iraniennes enlèvent leur voile et scandent "Femme, vie, liberté !" Les vidéos des Iraniennes coupant leurs cheveux et enlevant leur hidjab inondent les réseaux sociaux. Les jeunes partagent leur colère. La contestation gagne tout le pays.

Les Iraniens se sont joints très rapidement aux revendications des femmes et n'ont pas hésité à défier les forces de sécurité sur les réseaux sociaux comme dans la rue. Les hommes ont en effet compris que les revendications des femmes étaient aussi les leurs et c'est main dans la main qu'ils ont manifesté. À noter que c'est la première fois que des hommes rejoignent un mouvement enclenché par des femmes.

-> Pour en savoir plus, écoutez cet épisode de "Femmes d'exception"...

À LIRE

  • Badjens (à paraître le 19/08/2024 au Seuil), Je vous écris de Téhéran (Seuil), Jeunesse d’Iran, les voix du changement (Autrement), Les pintades à Téhéran (Livre de poche), de Delphine Minoui
  • Femme, vie, liberté, collectif dirigé par Marjane Satrapi (éd. L’Iconoclaste)
  • Nous n’avons pas peur : le courage des femmes iraniennes, de N. Amiri et D. Tekkal (éd. du Faubourg)
  • Torture blanche, de Narges Mohammadi Prix Nobel de la Paix 2023 (éd. Albin Michel)

ÉQUIPE

  • Production : Laure Adler
  • Réalisation : Séverine Cassar
  • Prise de son : Adèle Caglar
  • Mixage : Basile Beaucaire et Cédric Diallo
  • Attachée de production : Emmanuelle Fournier
  • Coordination : Fanny Bohuon

Merci à la documentation d’actualité de Radio France et à l’INA

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