Ciaran : les tempêtes sont-elles plus fréquentes et plus intenses qu'auparavant en France ?

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Ciaran : les tempêtes sont-elles plus fréquentes et plus intenses qu'auparavant en France ?

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En mars 2017, la tempête Zeus avait frappé l'ouest et le centre de la France, tuant deux personnes et privant d'électricité 600.000 foyers.
En mars 2017, la tempête Zeus avait frappé l'ouest et le centre de la France, tuant deux personnes et privant d'électricité 600.000 foyers.
© AFP - JEFF PACHOUD

La tempête Ciaran frappe les côtes françaises depuis mercredi soir. Depuis 1980, plus de 360 tempêtes ont touché le territoire métropolitain. On remonte le fil pour faire le point sur l'évolution de leur fréquence et leur intensité.

La tempête Ciaran frappe le quart nord-ouest de la France depuis mercredi soir, avec des rafales de vent atteignant 200 km/h et des fortes pluies.  Elle a fait d'importants dégâts sur son passage et tué deux personnes.

Depuis le début des relevés, en 1980, 365 tempêtes ont frappé la France métropolitaine. Certaines années sont plus tempétueuses que d'autres, mais il n'y a pas de hausse significative du nombre de tempêtes sur le territoire métropolitain ces quarante dernières années, rappelle Météo-France. Il n'y a pas de consensus scientifique sur un éventuel impact du changement climatique sur la fréquence des tempêtes ni concernant l'intensité des vents.

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La fréquence des tempêtes n'augmente pas

Depuis 1980, le nombre de tempêtes ayant frappé la France métropolitaine est très variable d'une année sur l'autre. Certaines années - comme 1985, 2000, 2001, 2005 et 2021 - en comptent moins de cinq. À l'inverse, dans les années 1980-90 et depuis 2010, il est fréquent d'enregistrer plus de dix tempêtes par an. Le record revient aux années 1988 et 2019, lors desquelles 18 phénomènes ont été dénombrés. Mais "sur l’ensemble de la période, on n’observe pas de tendance significative du nombre de tempêtes affectant le territoire métropolitain", indique  Météo-France sur son site Internet.

Les différences observées sont le fruit "des évolutions naturelles du climat", explique Serge Zaka, docteur en agroclimatologie. "Il y a certaines périodes où il y a plus de vents, notamment dans les années 1990 et autour des années 2010, mais ce n'est pas un phénomène d'évolution de fond, c'est vraiment dû à la variabilité de notre climat naturel."

Le changement climatique n'est donc pas reconnu comme responsable. "Contrairement à l’évolution des vagues de chaleur, il n’existe pas de consensus scientifique clair sur l’effet du changement climatique sur l’évolution de la fréquence ou de l’intensité des tempêtes en France", abonde Météo-France. Dans le futur, "les projections ne s’accordent sur une aggravation du risque de tempêtes que sur le nord de l’Europe en seconde moitié de 21e siècle", relève l'établissement public.

L'intensité des vents n'est pas plus élevée

Le changement climatique n'apporte pas non plus "une hausse de l'intensité des vents", poursuit Serge Zaka. En revanche "d'autres paramètres associés peuvent évoluer", comme la hausse des précipitations et la hauteur des marées. "Au fil du siècle, la mer va s'élever donc lorsqu'il y a des tempêtes, les vagues pourront rentrer beaucoup plus dans les terres", souligne l'agroclimatologue. Les dégâts pourront donc être plus importants.

Pour classer les tempêtes, les spécialistes observent l'intensité des vents et la surface du territoire français concernée. Ce sont les tempêtes de 1987 et de 1999 qui sont ainsi les plus violentes. En 1987, il y a eu "des valeurs de vent qui dépassaient les 216 km/h et encore, les anémomètres de l'époque ne pouvaient pas monter au-dessus dans les mesures donc ils se bloquaient", indique Serge Zaka. Les tempêtes de 1999 étaient, elles, exceptionnelles en termes de surface parcourue : "On avait des vents à peu près similaires à ce qu'on va observer cette nuit, mais par contre, cela avait concerné toutes les régions françaises", poursuit le spécialiste. En ce sens, Ciaran ne sera pas "la tempête du siècle", selon les prévisions, mais "ce n'est pas parce qu'on a eu 1987 et 1999 que toutes les autres tempêtes sont inoffensives", souligne Serge Zaka.

Ci-dessous, le graphique crée par Météo-France représente les 40 tempêtes majeures ayant frappé la France métropolitaine depuis 1980. Elles sont évalu��es en pourcentage du territoire national touché par des rafales de vent supérieures à 100, 120, 140 et 160 km/h. L’indice de sévérité utilisé "ne tient pas compte d’autres facteurs aggravants comme les cumuls de précipitations et phénomènes de submersion marine", précise Météo-France.

Les 40 tempêtes majeures en France métropolitaine de 1980 à juin 2023.
Les 40 tempêtes majeures en France métropolitaine de 1980 à juin 2023.
- Météo-France
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