Orages : combien de personnes sont-elles foudroyées chaque année en France et dans le monde ?

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Orages : combien de personnes sont-elles foudroyées chaque année en France et dans le monde ?

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Une photographie montre des décharges de foudre d'un nuage orageux au-dessus d'arbres à Montlouis-sur-Loire, dans le centre de la France, le 22 mai 2022.
Une photographie montre des décharges de foudre d'un nuage orageux au-dessus d'arbres à Montlouis-sur-Loire, dans le centre de la France, le 22 mai 2022.
© AFP - GUILLAUME SOUVANT

Les violents orages des derniers jours en France ont provoqué des accidents liés à la foudre. Jeudi par exemple, un homme d'une cinquantaine d'années est mort en Haute-Savoie après avoir été foudroyé. Mais de tels accidents sont-ils si rares? Il y a t-il des chiffres ? Éléments de réponse.

Un homme d'une cinquantaine d'années est mort jeudi foudroyé à Gaillard (Haute-Savoie), lors des violents orages. D'après les pompiers, le drame s'est déroulé en fin d'après-midi sur un parking de cette commune de 11.500 habitants située au sud-ouest d'Annemasse. Ce type d'accident demeure relativement rare.

"Moins de dix décès par an en France"

Une étude publiée l'an dernier dans la revue "La Météorologie", réalisée par le spécialiste Stéphane Schmitt, expert à Météorage, et le météorologue Michaël Kreitz, observe que sur les dix dernières années, dans 20 pays d'Europe : 215 cas de foudroiements ont été constatés, provoquant 83 décès et faisant 971 blessés. En France, 56 cas de personnes foudroyées ont été relevés.

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Il ressort de l'étude que "près de 3 victimes sur 5 pratiquaient une activité de loisirs" et "1 cas sur 5 s'est produit dans le domaine professionnel". Il est précisé que ces accidents "surviennent majoritairement entre mai et août, avec un pic en juillet qui représente près de 30 % des accidents annuels, suivi des mois d’août à 22 % et juin à 18 %."

Les chercheurs concluent que la victime est le plus souvent de sexe masculin (deux tiers des décès), ayant en moyenne une quarantaine d’années. Ils soulignent également que "la forte disparité des activités des victimes" montre "que la foudre ne frappe pas très majoritairement les randonneurs et les golfeurs, comme il en est parfois fait mention." L'étude assure avoir identifié par exemple "davantage de cas de foudroiement sur le lieu de travail (19 %) qu’en randonnée (13 %)" et qu'elle recense "autant d’accidents ayant touché des éboueurs que des golfeurs".

Contacté par France Inter, Stéphane Schmitt, fondateur du site Météorage, cite également une étude réalisée en 2016 (par R.Holle) qui fait état de 240 000 blessés chaque année dans le monde après avoir été foudroyées, et de 24 000 morts par an. Stéphane Schmitt affirme également qu'en France, on compte "moins de dix décès par an" et qu'entre 2010 et 2019, on a compté 167 blessés, "avec plusieurs cas collectifs".

Des accidents difficiles à recenser

Mais Stéphane Schmitt insiste sur un point : il est très difficile, voire même impossible, d'avoir des chiffres vraiment précis. Ainsi, comme il est d'ailleurs précisé dans son étude, lui et Michaël Kreitz se sont basés sur "tous les cas remarquables ayant fait l’objet de médiatisation et portés à notre connaissance, une large part étant issue de l’European Severe Weather Database." Conséquence, "ce parti pris entraîne une probable moindre représentativité de l’échantillon".

Mais pourquoi est-ce si compliqué d'avoir des chiffres ? Stéphane Schmitt explique à France Inter qu'il n'existe pas d'institution officielle qui recense avec précision le nombre de victimes de la foudre. Autre problème, lorsqu'une personne se rend à l'hôpital après avoir été frappée par la foudre, les symptômes ou la manière de présenter les choses peuvent amener les médecins à ne pas lier l'accident à la foudre. Cela empêche d'avoir des remontées pointues. Autre question : y a-t-il une recrudescence des accidents ? "On ne peut pas dire qu'il y a une recrudescence", assure Stéphane Schmitt. "Cela reste des cas rares donc il est difficile d'avoir des tendances".

"Trop d'accidents interviennent par sous-estimation du risque"

Même si les accidents liés à la foudre sont donc très peu fréquents, Stéphane Schmitt tient à faire de la prévention car "beaucoup trop d'accidents interviennent par sous-estimation du risque, car il est minime". Son étude de l'an dernier assure d'ailleurs que "leur prévisibilité montrent que la plupart des orages ayant causé des accidents peuvent être anticipés, et ne sont que très rarement soudains ou imprévisibles". Par ailleurs, "ce sont majoritairement les orages d’intensité faible à modérée et au déplacement relativement lent qui en sont la cause. Ainsi, l’écrasante majorité des situations se sont produites par vigilance de couleur jaune."

Stéphane Schmitt explique qu'il "ne veut pas faire peur aux gens" mais que "des situations pourraient être évitées, notamment en ne se mettant pas en sécurité sous un abri de fortune." L'expert de Météorage insiste : le moyen le plus sûr d'éviter un accident, c'est de se mettre par exemple dans une maison, un appartement ou, si ce n'est pas possible, dans une voiture. Il conseille vivement de ne pas se mettre sous un arbre, comme on peut parfois l'entendre. Avec un abri de fortune, "le risque peut être minimisé, mais pas évité totalement".

Selon les données de Météorage, depuis début 2023, 3 091 889 décharges électriques ont été recensées en France et 801 049 430 dans le monde. L'an dernier, le département du Gard a été le plus foudroyé en France avec "15 049 éclairs nuage-sol CG détectés".

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