Toni Morrison, l'engagement littéraire et politique

Toni Morrison, Chicago, Illinois, 20 octobre 2010. ©Getty - Daniel Boczarski
Toni Morrison, Chicago, Illinois, 20 octobre 2010. ©Getty - Daniel Boczarski
Toni Morrison, Chicago, Illinois, 20 octobre 2010. ©Getty - Daniel Boczarski
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Toni Morrison est la première écrivaine afro-américaine à recevoir le prix Nobel de littérature, en 1993. Son livre Beloved, prix Pulitzer, est à la fois un chant d’amour à la maternité, un cri de souffrance d’une esclave et un texte universel sur la condition humaine.

« La fiction n’a jamais été un divertissement pour moi. Ça a été le travail que j'ai accompli la plus grande partie de ma vie d’adulte. Alors j'espère que vous comprendrez que mes propos commencent par ce qui est, je crois, la première phrase de notre enfance, celle dont nous nous souvenons tous : il était une fois. Il était une fois une vieille femme. Aveugle mais sage. Ou était-ce un vieil homme ? Un maître spirituel, peut-être. Ou alors un griot qui calmait les enfants agités. Cette histoire, ou une histoire en tout point identique, je l’ai entendue dans le folklore de nombreuses cultures. Il était une fois une vieille femme. Aveugle. Sage ». Toni Morrison

La jeune Toni Morrison grandit dans l'Ohio, elle rêve d’être danseuse mais ses parents ne peuvent, faute d’argent, continuer à l’inscrire aux cours. À la place des tutus et des pointes, elle découvre très jeune les livres. Son enfance est heureuse malgré la misère, tant la solidarité unit cette communauté d’immigrés – Blancs comme Noirs – de différentes origines qui partagent le même sort. La grand-mère, ancienne esclave, lui transmet le folklore des Noirs du Sud et la nourrit de mythologies, de rites et de divinités, l’immergeant dans un monde de magie, de légendes, de songes, d’onirisme qui, plus tard, deviendront le terreau de son imagination. Sa mère adore conter et chanter. Cette importance de l'oralité subsistera dans sa mémoire quand elle commencera tardivement – à l’âge de quarante ans – à vouloir écrire.

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Ses parents lui apprennent que dans la vie, il faut toujours défendre ses droits. Cette tradition d’honneur et de révolte se retrouvera plus tard dans l’écriture de plusieurs des romans de Toni dont le fameux Beloved qui lui valut le prix Nobel de littérature.

Ses débuts en littérature

Dans sa jeunesse, Toni Morrison est douée pour les études et aime apprendre. Elle se destine à devenir professeure de littérature et s’inscrit à l’université d’Howard – une des premières universités noires des États-Unis. Elle écrit sa thèse sur le thème du suicide chez Virginia Woolf et Andrew Faulkner. Elle est nommée professeure à l’université de Texas en 1955 au moment de l’émergence des luttes pour les droits civiques, menées notamment par Martin Luther-King et Rosa Parks.

Transmettre la mémoire de son peuple, telle est l’ambition universitaire de Toni Morrison. Mais aussi donner voix et mettre en lumière les écrits des grandes personnalités afro-américaines pour laisser une trace. En 1964, Toni devient alors éditrice chez Random House et aura à cœur d’inciter à écrire et d’accompagner Mohamed Ali, Angela Davis et bien d’autres. Comme elle le dit elle-même, elle sera une accoucheuse de leurs talents, la publication leur donnant une légitimité dans le monde intellectuel.

À la suite de son divorce d’avec son mari et alors qu’elle élève seule ses deux enfants, elle commence, le soir, quand les enfants sont couchés et qu’elle n’arrive pas à trouver le sommeil parce qu’elle a le blues, à écrire quelques pages. Et elle s’aperçoit, à sa grande surprise, qu’elle y prend goût. Elle qui a passé tant de temps à lire et à corriger les textes des autres, rédige des histoires, mélange de réel et de fiction, dans une langue parlée, mi-argot, mi-chant.

Pour en savoir plus, écoutez cet épisode de "Femmes d'exception"...

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  • Production : Laure Adler
  • Réalisation : Flora Bernard
  • Comédienne : Rebecca Chaillon
  • Mixage : Basile Beaucaire et Cédric Diallo
  • Attachée de production : Emmanuelle Fournier
  • Coordination : Fanny Bohuon

Merci à la documentation d’actualité de Radio France et à l’INA

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