"Rachel Carson, lanceuse d’alerte", de Sylvie Dodeller

Rachel Carson, l'anceuse d'aleret - Sophie Dodeller/L'Ecole des Loisirs
Rachel Carson, l'anceuse d'aleret - Sophie Dodeller/L'Ecole des Loisirs
Rachel Carson, l'anceuse d'aleret - Sophie Dodeller/L'Ecole des Loisirs
Publicité

Sylvie Dodeller a choisi de raconter dans son dernier roman l'histoire de Rachel Carson, une célèbre lanceuse d’alerte Américaine. Cette autrice a déjà publié plusieurs biographies à l’Ecole des loisirs, elle maîtrise parfaitement le genre et ça se confirme une nouvelle fois avec ce nouveau livre.

Rachel Carson, lanceuse d’alerte s'ouvre ainsi : 
"4 juin 1963, au Capitole, siège du Congrès américain.
Rachel Carson se regarde dans le miroir de poche d'un œil critique. Elle pince ses joues pour leur donner un peu plus de couleur et vérifie une dernière fois que sa perruque est bien ajustée. […]
Dans ce haut lieu prestigieux, siège du pouvoir politique américain, elle choisit de s'adresser aux représentants du peuple, non seulement en tant que biologiste et écrivaine, mais aussi en tant que citoyenne. Et c'est à ce titre qu'elle réclame le droit pour chacun d'être informé de la toxicité des pesticides et de pouvoir s'en protéger.
Un minimum, vous ne trouvez pas ?
Eh bien, ce minimum est si difficile à obtenir que Rachel Carson en a fait le combat de sa vie."

Il était une femme
4 min

Ceci étant dit, on va remonter le temps jusqu’aux jeunes années de Rachel

Une petite fille curieuse, déjà émerveillée par la nature qu’elle connaît particulièrement bien grâce à l’enseignement de sa mère. Elle est vive et excellente élève et se passionne très tôt pour la littérature et l’écriture puisqu’à 11 ans elle publie déjà une histoire dans la rubrique jeunes lecteurs d’une grande revue américaine.
Elle a une enfance heureuse mais attention, la famille Carson est d’origine modeste et les problèmes d’argent ne sont jamais loin. Si Rachel est épargnée par ces soucis pécuniaires durant ses jeunes années, ils vont prendre beaucoup plus de place dans sa vie quand elle commence ses études supérieures. Parce que oui, malgré le coût de l’université, il n’est pas envisageable pour sa famille et ses professeurs qu’une élève aussi brillante arrête ses études après le lycée ! Ils vont donc tout faire pour réunir la somme nécessaire, à la sueur de leur front, et Rachel va ainsi commencer une formation littéraire.
C’est étonnant pour une biologiste et c’est surtout révélateur de la diversité de ses centres d’intérêt ! C’est grâce à une prof de bio passionnante que Rachel, en troisième année, va faire une embardée et quitter la littérature pour la biologie.

Publicité
La Terre au carré
53 min

"Je pensais que je devais être écrivaine ou biologiste ; il ne m'est jamais venu à l'esprit que je pourrais combiner les deux carrières." Et c’est pourtant ce qu’elle fera !

Même si ça ne va pas être un long fleuve tranquille… Elle devra affronter de nombreux soucis financiers, mais aussi beaucoup de sexisme dans ses études et sa vie professionnelle. C’est un récit qui nous parle de la précarité étudiante et de l’absence de femmes dans les formations et professions scientifiques dans les années 40-50, et Sylvie Dodeller nous rappelle que malgré le chemin parcouru, tout n’est pas encore gagné aujourd’hui.

Comment va-t-elle devenir l'une des premières lanceuses d’alerte ?

Tout part de la Seconde Guerre mondiale, qui va accélérer le développement scientifique et technologique et conduire à la période des trente glorieuses et à l’essor de l’agriculture intensive. C’est dans ce contexte que le DDT, un puissant insecticide utilisé par les G.I. pendant la guerre pour éradiquer les poux, les puces et les moustiques, va trouver une nouvelle vocation en étant vaporisé à tout bout de champs sur les plantations de blé et de maïs… Ce produit miracle dont on ne sait finalement pas grand-chose va prospérer plusieurs années, jusqu’à ce que les témoignages inquiétants commencent à se multiplier…
"Ici et là, des habitants commencent à se plaindre. Dans les journaux, des lecteurs témoignent. Ils racontent leurs animaux de compagnie atteints d’un mal mystérieux. Des chats, mais aussi des poules, des poissons retrouvés morts après des épandages."
À ce moment-là, ça fait déjà plusieurs années que Rachel s’inquiète de l’utilisation à outrance de ce pesticide, mais ces témoignages vont la convaincre de passer à la vitesse supérieure, d’approfondir ses recherches, et d’informer la population. "Sachant ce que je sais, je ne serai plus jamais en paix si je garde le silence."
Elle sait qu’elle paiera très cher ces révélations, qu’elle risque d’être décrédibilisée, traînée dans la boue, attaquée en justice par des hommes très puissants… mais ça ne l’arrête pas et son courage a probablement sauvé beaucoup de vies.
C’est un texte passionnant, un sujet très bien vulgarisé qu’on peut lire à partir de 11-12 ans et sans aucune limite d’âge !

La Terre au carré
53 min

L'équipe

pixel