Pourquoi l'ANC pourrait perdre sa majorité aux élections en Afrique du Sud

Grand meeting électoral pour le président Ramaphosa et l'ANC le 25 mai à Johannesburg ©AFP - IHSAAN HAFFEJEE / ANADOLU
Grand meeting électoral pour le président Ramaphosa et l'ANC le 25 mai à Johannesburg ©AFP - IHSAAN HAFFEJEE / ANADOLU
Grand meeting électoral pour le président Ramaphosa et l'ANC le 25 mai à Johannesburg ©AFP - IHSAAN HAFFEJEE / ANADOLU
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Près de 28 millions d'électeurs sont appelés aux urnes mercredi 29 mai en Afrique du Sud. Il s'agit des élections législatives les plus indécises depuis trente ans. L'ANC pourrait payer ses erreurs de gestion au pouvoir.

Il y a pile trente ans, l’Afrique du Sud vivait ses premières élections libres. Nelson Mandela président. La fin d’un demi-siècle d’apartheid, de domination blanche. La nation arc-en-ciel était celle de tous les possibles.

Depuis 1994, l’ANC, le Congrès national africain, domine, voire écrase la vie politique du pays. C’est le parti des Noirs, quatre habitants sur cinq. Un parti aux multiples tendances mais en résumé, il est plutôt de gauche, plutôt nationaliste, et croit plus en l’Etat qu’aux marchés.

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L’actuel président, Cyril Ramaphosa, est le cinquième consécutif issu de l’ANC. Il est au pouvoir depuis 2018. Il annonçait alors une « aube nouvelle » pour l’Afrique du Sud.

Mais la promesse n’a pas été tenue. D’abord, le bilan économique n’est pas à la hauteur.

Un chômage record : 33% de la population active, l’un des taux les plus élevés au monde. Et le chômage des jeunes dépasse les 50%.

L’Afrique du Sud reste le pays le plus inégalitaire du Globe, selon la Banque mondiale. Des écoles privées inaccessibles pour l’immense majorité des habitants côtoient des établissements publics sans ressources. Près de la moitié de la population dépend des aides sociales.

Bilan désastreux des années Jacob Zuma

A cela s’ajoutent d’énormes problèmes d’infrastructures. La compagnie publique d’électricité ne parvient pas à subvenir aux besoins du pays. Les habitants ont appris à vivre avec les coupures de courant. Et ce n’est pas occasionnel, ça peut durer 12 heures par jour plusieurs fois par semaine.

Les coupures d’eau sont aussi fréquentes. Et tout cela a un impact sur la croissance. 0,6% seulement l’an dernier.

La corruption reste aussi un fléau. L’Afrique du Sud ne s’est pas relevée des années Jacob Zuma, l’ancien président. C’est ce qu’on a appelé « la capture de l’Etat ». Un vaste système de corruption visant à siphonner les caisses des entreprises publiques pour lui-même, ses proches et quelques hommes d’affaires.

Cyril Ramaphosa promettait de faire le ménage. Il a finalement fait preuve d’indulgence avec les dirigeants corrompus de l’ANC. La justice, elle, fait son travail. Elle a d’ailleurs déclaré inéligible Jacob Zuma, qui n’a pas disparu du paysage politique. Le parti qu’il a créé pourrait dépasser 8% des voix lors du scrutin de demain.

Corruption donc, mais aussi criminalité (27.000 meurtres l’an dernier) et xénophobie (les immigrés africains sont souvent montrés du doigt)… voilà quelques-uns des défis auxquels est confrontée l’Afrique du Sud.

L’ANC devrait donc perdre de nombreux sièges de députés. Les sondages donnent le parti à 40-45%. Toujours en tête mais il aura besoin d’alliés pour gouverner. Trois formations se distinguent : l’Alliance démocratique, au centre, qui cherche à se débarrasser de l’étiquette de « parti des blancs » que lui a collée l’ANC ; le parti de Jacob Zuma ; et les Combattants pour la liberté économique du populiste Julius Malema.

Cyril Ramaphosa devra travailler avec ces différentes forces pour relever l’Afrique du Sud, qui demeure un phare démocratique sur le continent.

C’est là un autre défi pour ce pays, dont les amitiés posent parfois question. Pretoria s’est récemment rapproché de la Russie ou de l’Iran. A l’intérieur comme à l’extérieur, l’ANC ne pourra pas satisfaire tous ses partenaires.

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